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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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file dans la maison du chapitre. D’autres traversaient
la cour en se dépêchant d’aller les rejoindre. La cloche continuait à sonner.
    — William
!
    Will
se retourna et vit Robert de Paris arriver au pas de course.
    Robert
rabattit ses longs cheveux en arrière et fit un signe de tête en direction de
la maison du chapitre.
    — Tu
sais ce qui se passe ?
    Will
secoua la tête.
    — Non,
j’étais en ville.
    Survint
un groupe avec à sa tête le visiteur, Everard et Hugues de Pairaud. Derrière
eux se trouvaient des chevaliers dont le manteau était sale, comme s’ils
revenaient de voyage. Will s’avança, il avait envie d’appeler Everard, mais
quelque chose dans le visage des hommes le retint. Le groupe le dépassa et
entra à son tour dans la maison du chapitre, à part Hugues qui s’arrêta sur un
signal de Robert.
    — Qu’est-ce
qui se passe ? lui demanda celui-ci en s’approchant.
    A
travers les portes ouvertes leur parvenaient le chahut des voix s’interpellant.
Par-dessus la clameur, Will entendit Hugues dire quelque chose à Robert et il
oublia instantanément Nicolas de Navarre et Le Livre du Graal. Il les
rejoignit.
    Le
visage de Robert reflétait le trouble et l’inquiétude.
    — Will...
commença-t-il.
    — Vous
parlez de Safed, c’est ça ? le coupa Will.
    — Oui,
répondit Hugues à la place de Robert.
    Des
années d’entraînement avaient réduit à rien l’embonpoint d’Hugues, mais il y
avait toujours quelque chose dans ses petits yeux sombres et son nez épaté qui
lui donnait un air porcin.
    — Safed
est tombé, annonça-t-il sans ménagements.
    Will
ouvrit la bouche mais ne put rien dire. Puis il secoua la tête et regarda
Hugues comme s’il ne l’avait pas bien entendu.
    — Frère
Marcel vient d’arriver de notre commanderie à La Rochelle, poursuivit Hugues en
désignant un homme au teint hâlé qui se tenait sous le porche de la maison
capitulaire. Il est capitaine d’un de nos navires de guerre. Il est revenu il y
a une semaine. Le grand maître Thomas Bérard l’a envoyé d’Acre dès qu’il l’a
appris. Baybars, le sultan mamelouk, a pris Safed en juillet. Il n’y a aucun
survivant.
    — Comment
sait-on que la ville est tombée, dans ce cas ? demanda Simon.
    — Baybars
a envoyé un message au grand maître pour lui détailler le sort réservé à nos
frères. Il a décapité toute la garnison, ensuite il a fait planter leurs têtes
au bout de piques et les a alignées tout autour de la forteresse.
    Hugues
avala péniblement sa salive.
    — Pour
que nous sachions à quoi nous attendre, apparemment. Le capitaine Marcel n’a
ramené qu’une petite troupe d’Acre. Le reste de nos forces en Outremer a été
redéployé pour renforcer les garnisons des villes du royaume de Jérusalem. Tous
les hommes que nous pourrons réunir seront envoyés en Orient.
    — Hugues...
murmura Robert en posant la main sur son épaule.
    Celui-ci
lui jeta un coup d’œil, mais il continua à s’adresser avec gravité à Will et
Simon.
    — Baybars
et son armée se sont retirés à Alep, mais il est évident qu’ils préparent une
nouvelle attaque. Baybars a déclaré le Jihad. Nous sommes en guerre.
    — Hugues,
répéta Robert d’un ton plus ferme.
    — Quoi
? demanda Hugues.
    — Tais-toi.
    Will
se retourna et fit quelques pas en titubant avant de vomir, plié en deux, dans la
boue.

 
    Chapitre 29
    Alep, Syrie
     
    2 novembre 1266 après
J.-C.
     
    Pensif,
Baybars s’assit pour observer les hommes qui s’agitaient dans la salle du
trône. Certains généraux se prélassaient sur des coussins, d’autres passaient
de groupe en groupe, attrapant au vol les boissons que leur tendaient les
domestiques. Par-dessus les rires et le murmure des conversations planaient les
mélodies plaintives des musiciens. Des femmes vêtues de robes flottantes
dansaient au centre de la pièce. Les hommes contemplaient avec fascination
leurs corps frémissants se délier en arabesques subtiles. Soudain, un homme
bossu en robe grise loqueteuse s’élança au milieu du groupe et les danseuses
s’éparpillèrent. Les plus jeunes officiers rirent de bon cœur en voyant Khadir
imiter leurs cris d’effroi tandis qu’elles se réfugiaient derrière les piliers.
Les restes du banquet - miettes de gâteaux au miel, morceaux de chevreuil figés
dans leur graisse, tiges d’asperges, dragées - gisaient en désordre sur les
tables.
    Non
loin de là, Omar discutait avec Kalawun et plusieurs généraux.

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