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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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la main en cherchant le mot le plus approprié.
    — ...
tout le bruit en nous fait silence. Et c’est dans ce silence que nous nous
trouvons. Ce sont des moments comme celui-là qui nous façonnent. Contrairement
à toi, je pense qu’il ne saurait y avoir de meilleur jour.
    Will
posa les mains sur le rebord de la fenêtre, la tête penchée en avant.
    — Je
ne suis plus si sûr de vouloir devenir chevalier.
    — Je
croyais que c’était le souhait de ton père ? dit Everard d’un ton suggestif.
    — Mon
père est mort.
    — Et
tout ce qu’il a fait, tout ce pour quoi il s’est battu n’a donc plus aucun sens
? Est-ce que les choses en lesquelles il croyait, celles pour lesquelles il a
sacrifié sa vie, n’ont soudain plus d’importance ?
    Everard
secouait la tête.
    — James
Campbell a commencé quelque chose, poursuivit-il. Tu peux le finir pour lui.
Mais si tu refuses, alors sa vie, et sa mort, n’auront vraiment eu aucun sens.
    Will
leva la tête et regarda par la fenêtre. Des larmes coulaient sur ses joues
glacées. Le monde entier était devenu terne à ses yeux. Pendant des années, il
n’avait désiré qu’une seule chose : une place aux côtés de son père. Maintenant
que c’était impossible, qu’allait-il faire ? Bien qu’il fût au courant des
dangers qu’encouraient les hommes se battant en Outremer, l’idée n’avait jamais
traversé son esprit qu’il pourrait ne pas revoir son père.
    — Ma
vie n’a aucun sens, soupira-t-il sans se rendre compte qu’il parlait à voix
haute.
    — Elle
a du sens pour moi.
    Everard
s’approcha et posa sa main noueuse sur l’épaule de Will.
    — J’ai
de grands desseins pour toi.
    Dans
la maison du chapitre, deux brasiers en acier remplis de charbon avaient brûlé
toute la matinée pour lutter contre le froid de ce mois de novembre, mais
personne n’avait songé à les recharger pour la cérémonie, si bien qu’il n’y
restait quasiment plus que des cendres. De lourdes tapisseries étaient tendues
devant les fenêtres, dissimulant la grisaille du ciel de cet après-midi.
    En
enlevant sa tunique noire et en la tendant au clerc qui attendait à côté de
lui, Will eut la chair de poule. Il ôta ses bottes, dénoua sa ceinture et
déposa son épée. Tandis qu’il se dépêtrait de son maillot de corps, il
ressentit très nettement la présence de tous les chevaliers dans son dos. La
salle voûtée était faiblement éclairée mais il sentait qu’ils pouvaient voir
distinctement les longues cicatrices blanches qui zébraient son dos, souvenir
des coups de fouet qu’Everard lui avaient infligés dans un passé lointain. Will
regarda le prêtre debout sur l’estrade, occupé à ranger les . vases sacrés dans
le tabernacle. Avec son visage émacié et ses épaules courbées par l’âge, il
n’avait plus le même aspect sévère et acariâtre que six ans plus tôt. Derrière
lui, assis dans un siège en marbre blanc semblable à un trône, se trouvait le
visiteur. Il avait l’air épuisé. Deux autres chevaliers se tenaient sur
l’estrade.
    Will
donna son maillot au clerc. Il ne lui restait plus que ses culottes. Debout
dans l’espace libre entre les rangs des chevaliers et l’autel, baignant dans la
faible lumière des cierges, il se sentit plus seul qu’il ne l’avait jamais été.
    Le
clerc s’éloignait avec ses anciens vêtements et Will regarda autour de lui, à
la recherche d’un visage amical dans cette foule. Il aperçut Robert. Assis à
côté d’Hugues sur un des premiers bancs, le chevalier croisa son regard et lui
adressa un sourire. Will se retourna vers l’autel, l’isolement qu’il ressentait
s’estompant partiellement. Everard alluma l’encensoir et exigea le silence.
    Bien
que chacun des chevaliers présents fût impatient de commencer le conseil de
guerre, le murmure des conversations s’arrêta net. Enveloppé d’un nuage de
fumée, Everard fit signe à Will de s’agenouiller. Celui-ci obéit, conscient
qu’à la différence des autres initiés, il n’avait pas eu de veillée pour
apprendre ce qu’il était censé dire ou faire. Mais il n’était plus temps de
s’en inquiéter : le visiteur se levait déjà et s’adressait à lui.
    — Tu
as veillé la nuit dernière afin de réfléchir à la mission sacrée qui t’est
offerte.
    La
voix profonde du visiteur emplissait toute la salle.
    — William
Campbell, fils de James, souhaites-tu maintenant accepter le manteau, en
t’engageant à renoncer

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