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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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aux plaisirs de ce monde afin de devenir un humble
serviteur de Dieu Tout-Puissant ?
    — Je
le souhaite, répondit Will.
    Ainsi
commencèrent ses vœux.
    Will
parlait quand c’était son tour, Everard le lui indiquant au besoin. Il se
souvint avec une clarté surprenante des mots prononcés par le postulant lors de
l’initiation qu’il avait épiée avec Simon depuis l’arrière-cuisine du Nouveau
Temple. Il dit qu’il croyait en la foi catholique et qu’il était né d’une union
légitime. Il nia avoir acheté son initiation, être endetté ou appartenir à un
autre Ordre. Et, malgré sa gorge en feu et le poids oppressant qu’il sentait
sur sa poitrine, il déclara être ' sain de corps.
    L’un
des deux chevaliers descendit vers lui et lui tendit la Règle du Temple,
ouverte à la première page.
    — Lis
ce qui est écrit ici. Si tu n’en es pas capable, dis-le et on te les traduira.
    A
cause de la pénombre, Will discernait à peine le texte en latin. Mais en se
concentrant, il parvint à réciter les lignes en question.
    — Seigneur
Dieu, je me présente devant Toi et devant les frères ici présents pour entrer
dans l’Ordre et participer à sa vie spirituelle et séculière. Que toute ma vie,
je serve en esclave l’Ordre du Temple et que mon désir soit le Tien.
    Will
jura d’être fidèle aux lois du Temple, chaste, pauvre et obéissant. Quand il se
fut prosterné devant l’autel pour demander la bénédiction de Dieu, de la Vierge
et de tous les saints, le second chevalier descendit à son tour de l’estrade,
l’épée à la main. La lame scintilla faiblement lorsqu’il en dirigea la pointe
sur Will.
    —
Embrasse cette lame. La protéger sera ton fardeau. Tu devras défendre contre
tous ses ennemis la seule foi véritable et sacrifier ta vie pour sa défense
s’il le faut.
    Will
se pencha pour poser ses lèvres sur l’acier, et sa respiration laissa un peu de
buée dessus. Le serment qu’il faisait lui semblait presque irréel. Tandis que
le chevalier rengainait l’épée et remontait sur l’estrade, Everard s’avança de
sa démarche claudicante vers l’un des deux clercs, qui portait une épée et un
manteau blanc. Durant cette brève interruption, Will se dit qu’il ne comprenait
pas pourquoi son père et son ami avaient choisi de mourir en martyrs à Safed.
Leur mort lui paraissait insensée. Les vœux qu’ils avaient prononcés
étaient-ils plus importants pour eux que leurs propres familles ? Combien
d’enfants abandonnaient-ils derrière eux pour s’assurer une place au Paradis ?
James n’avait écrit à Will que deux fois durant ces six dernières années. Et
même si ses lettres n’évoquaient à aucun moment la mort de Mary, elles ne
contenaient pas non plus les moindres mots d’affection. Elles permettaient à
Will de mieux connaître la situation en Outremer, mais pas le cœur de son père.
Pourtant, ce qu’il aurait vraiment désiré, c’était comprendre pourquoi son père
avait choisi la mort. Si cela avait été possible, il se serait rendu au Paradis
et y aurait exigé une réponse.
    C’est
alors que la colère qu’il retenait en lui depuis le matin finit par le
submerger.
    Il
en voulait au Temple, qui avait demandé à son père de sacrifier sa vie, à
Everard, qui l’avait tant déçu, aux Sarrasins qui avaient tué son père et à
leur sultan, Baybars, qui était à leur tête. Mais, par-dessus tout, il en
voulait à son père de l’avoir laissé seul, de ne pas lui avoir pardonné, d’être
mort. Maintenant qu’il était parti, Will ne connaîtrait jamais l’absolution.
Les pensées se bousculaient dans sa tête tandis qu’Everard avançait vers lui et
que les mots de son père envahissaient son esprit : Un jour, William, tu
deviendras un chevalier du Temple et, je le jure devant Dieu, ce jour-là je
serai à tes côtés.
    Je
le jure devant Dieu. En trahissant un serment pour respecter l’autre, à quoi
avait-il obéi : à la volonté divine ou à la sienne ? Était-il mort pour
défendre l’Ordre, ou l’Anima Templi, ou pour punir son fils d’avoir tué sa
fille?
    —
Puisses-tu, grâce à cette épée, défendre la Chrétienté contre les ennemis de
Dieu.
    Hébété,
Will se mit debout et tendit les mains pour saisir l’épée qu’Everard lui
présentait. Ses yeux s’arrêtèrent sur la lame en fer poli qui ne portait aucune
marque. Ses mains retombèrent le long de son corps. Everard leva les sourcils
d’un air étonné, puis son

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