Le livre du cercle
mortellement
pâle.
— Pas
étonnant qu’il ne parle pas, murmura Garin en se tournant vers Rook. Qu’est-ce
que vous lui avez fait?
— Garin?
Celui-ci
se retourna, Will avait les yeux ouverts et le fixait d’un air incertain.
— Garin
? répéta-t-il avec plus de force.
Il
essaya de se redresser mais n’y parvint pas.
— Il
est parti ? Fais-moi sortir d’ici...
Garin
se sentait incapable de croiser son regard.
— Je
ne peux pas. En tout cas, pas tant que tu ne lui auras pas dit ce qu’il veut
savoir.
Will
secoua vaguement la tête.
— Je
ne comprends pas. Qu’est-ce que tu...
Il
se tut en voyant Rook approcher.
— Qu’est-ce
qui se passe ?
— Il
veut seulement savoir où est Le Livre du Graal. Il faut que tu le lui dises.
Will
regarda Garin sans répondre.
— Dis-le-moi!
hurla Rook en s’avançant et en levant le poing.
Will
essaya de détourner le visage mais il ne put éviter le coup et il sentit ses
lèvres s’écraser contre ses dents. Sous la violence de l’impact, il roula sur
le côté, la bouche pleine de sang. Rook l’attrapa par les cheveux et lui
redressa la tête. La respiration de Will était bruyante, il peinait à trouver
de l’air.
— Will,
mais dis-lui ! le pressa Garin. Et il te laissera partir !
Rook
se redressa en attendant que Will reprenne sa respiration.
' —
Garin, grommela Will en le cherchant des yeux. Il m’a dit qu’il avait Elwen,
mais je ne l’ai pas cru. Dis-moi que ce n’est pas vrai.
Garin
adressa un regard à Rook, puis il se tourna vers Will.
— Malheureusement,
c’est vrai.
— Et
tu peux t’imaginer ce que je lui ferai si tu ne me donnes pas ce que je veux,
le menaça Rook en s’accroupissant devant lui. Tu t’en seras plutôt bien tiré
par rapport à ta chérie, tu peux me croire.
Will
regarda Garin par-dessus son épaule.
— Comment
est-ce que tu peux faire ça ? Pourquoi le laisses-tu faire ça ?
— Dis-moi
où est le. livre, lui murmura Rook à l’oreille, ou je l’amène ici et je lui
tranche la gorge devant toi. Mais seulement après m’être amusé avec elle.
Comme
Will gardait le silence, il se releva et se tourna vers Garin.
— Va
la chercher! Maintenant! lui ordonna-t-il en voyant que Garin ne bougeait pas.
— Non
! cria Will quand Garin se dirigea vers la porte. Attendez, je vais tout vous
dire ! Mais laissez-la partir !
— Je
te le promets, dit Garin d’une voix apaisante.
Puis
il se pencha sur Will.
— Si
tu lui dis où est le livre, je te jure qu’il ne lui arrivera rien. Je te le
jure. Même si tu n’as plus confiance en moi, crois-moi au moins là-dessus.
— C’est
Nicolas de Navarre qui l’a, dit Will en avalant péniblement sa salive. Il nous
l’a volé et est parti pour La Rochelle.
— Qui
ça? demanda Rook.
— C’est
un Hospitalier. Il apporte le livre à son maître, en Acre.
— Pourquoi
un Hospitalier aurait-il volé le livre ?
— Il
veut faire tomber le Temple, dit Will en crachant du sang.
Il
regarda Garin.
— Laissez-la
partir, je vous ai dit tout ce que je sais.
Rook
recula. Son masque se souleva légèrement au niveau de la bouche, il souriait.
— Eh
bien, voilà qui est intéressant, fit-il à l’intention de Garin. Je vais nous
chercher des chevaux. Nous partons dès ce soir. Nous devons essayer de
rattraper ce chevalier sur la route.
Il
prit la direction de la porte, puis se retourna.
— Tue-le.
Bouche
bée, Garin le fixa quelques instants en silence.
— Quoi?
Rook
ouvrit la porte. '
— Tu
m’as dit que vous vous connaissiez, donc il risque de te dénoncer. Mais il n’en
aura pas le loisir si tu le tues, non ?
Chapitre 33
Les Sept Étoiles,
Paris
2 novembre 1266 après
J.-C.
Will
tirait sur ses liens mais ils étaient si serrés qu’il ne réussissait qu’à
s’épuiser davantage. Garin avait quitté la chambre quelques minutes après
l’homme à la dague, mais il supposait qu’il ne lui restait pas beaucoup de
temps. Ses pensées étaient tout entières tournées vers deux choses : recouvrer
la liberté et retrouver Elwen, où qu’elle soit. Il n’était pas encore en mesure
de réfléchir à la trahison de Garin et aux raisons qui l’y avaient poussé, cela
viendrait plus tard. Essayant d’ignorer la douleur qui parcourait son corps,
Will arrêta de se débattre et tendit le cou pour regarder le lit derrière lui.
C’était une grande paillasse d’apparence assez massive, mais s’il pouvait
réunir assez de
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