Le livre du cercle
venu.
— Comment
peux-tu être aussi calme ?
— Parce
que je ne sais rien pour le moment. Je sais que c’est difficile, mais la seule
chose que chacun de nous peut faire, c’est attendre sans s’agiter inutilement.
Simon
regarda Robert, et celui-ci montra son approbation en hochant la tête.
— Il
a raison.
— C’est
bien joli pour vous deux, maugréa le palefrenier. Vous avez des épées et vous
savez vous en servir.
— Il
a fallu sept mois aux premiers croisés pour prendre Antioche aux Turcs.
Dès
qu’il eut fini de prononcer cette phrase, Will comprit que ce n’était pas la
chose à dire.
— Mais
ils ont bel et bien fini par s’en emparer ! s’exclama Simon. En plus, je vous
ai entendus parler tous les deux après le conseil. Vous disiez que nous ne
voyiez pas comment défendre correctement la ville avec aussi peu d’hommes.
Robert
et Will échangèrent un regard.
— On
ne faisait que discuter, dit Will.
— Ne
me parlez pas comme à un enfant, répondit Simon, vexé.
Exaspéré,
Will leva les bras en l’air.
— Alors
ne fais pas l’enfant !
Will
jeta un coup d’œil à Robert, puis il prit Simon par le bras et l’emmena un peu
plus loin sur les remparts.
— Qu’est-ce
qu’il y a? murmura-t-il.
— Comme
tout le monde. Je m’inquiète à l’idée qu’une épée me traverse le ventre.
— Il
n’y a pas que ça. Tu es soucieux depuis que nous avons quitté Acre.
— Qu’est-ce
que tu espères, Will ? Je pensais que nous trouverions Nicolas et que tu ferais
ce que tu avais à faire. Everard aurait eu son livre et nous serions tous
rentrés chez nous.
— Everard
a essayé de faire changer nos affectations.
— Il
aurait dû réussir, s’obstina Simon.
— Il
a fait tout ce qu’il a pu, dit Will qui repensait à la frustration d’Everard
face à l’inflexibilité du maréchal.
Lorsqu’ils
avaient appris leur affectation, Will était allé trouver le prêtre et celui-ci
avait immédiatement demandé au maréchal de modifier leur ordre de mission.
— J’ai
besoin de lui ici, avait insisté le prêtre. Il était mon sergent à Paris.
— C’est
un chevalier maintenant, lui avait répondu le maréchal en regardant Will. Et
nous ne sommes pas en guerre à Paris. La croisade du roi Louis ne sera
certainement pas ici avant longtemps. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes
pour défendre le peu que les forces de Baybars ne nous ont pas encore pris.
— Je
suis venu ici pour mettre la main sur un ouvrage de médecine rare et extrêmement
important. Je dois l’étudier. Mais pour ça, je dois d’abord retrouver sa trace.
Le visiteur du royaume de France m’a envoyé ici pour accomplir cette tâche.
William me sert d’escorte et le palefrenier d’écuyer.
Le
maréchal n’avait pas paru impressionné par ces explications.
— Quand
cette guerre sera gagnée, frère, vous aurez un bataillon pour vous aider dans
votre recherche de ce précieux livre, mais d’ici là j’utiliserai tous les
hommes à ma disposition comme je l’entends. Ce ne sont pas des manuscrits qui
nous sauveront.
Le
maréchal avait traversé la pièce et ouvert la porte.
— Je
ferai appel contre cette décision, maréchal, avait lancé Everard d’une voix
contenue.
— Vous
pourrez le faire lors de la prochaine réunion du chapitre.
Bouillonnant
d’une colère stérile, Everard avait quitté le bâtiment avec dignité.
— Qu’allez-vous
faire pour le livre ? lui avait demandé Will lorsqu’ils étaient arrivés dans la
cour.
— Laisse-moi
m’en occuper. Nous ne sommes peut-être plus que trois ici, mais nous avons des
ressources.
Ralentissant
le pas, Everard s’était tourné vers Will.
— Je
vous ferai partir d’Antioche, Simon et toi, dès que possible.
Pour
le moment, Will n’avait reçu aucun message d’Acre.
— Est-ce
que tu as vraiment fait tout ce que tu pouvais pour convaincre Everard ?
Will
regarda Simon avec surprise.
— Qu’est-ce
que tu veux dire par là ?
— Juste
que tu n’as pas l’air plus inquiet que ça à l’idée que l’armée de Baybars est
peut-être derrière cette colline, répondit Simon en levant les sourcils. On
dirait que tu veux qu’ils viennent. Comme si tu voulais te battre, non ?
Will
se tourna vers la vallée pour éviter le regard inquisiteur de Simon. Ce n’était
pas vrai, il ne voulait pas que les Mamelouks viennent, mais il n’aurait pas pu
prétendre non plus que cette perspective l’effrayait. Il n’avait
Weitere Kostenlose Bücher