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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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plusieurs heures que l’alarme
avait été sonnée, peu de gens avaient fait le chemin montant tout là-haut.
Nombreux étaient les citoyens, Lambert le déplorait, qui erraient dans la ville
: ils se réunissaient au coin des rues pour échanger leurs angoisses avec leurs
voisins ; montaient sur les remparts pour regarder les soldats avancer ; ou
bien ils restaient chez eux à clouer des planches de bois à travers portes et
fenêtres et à enterrer argent et titres de propriété au fond du jardin. Les
seuls à conserver le sens des priorités dictées par l’urgence semblaient être
les compagnies de soldats s’activant à leur poste.
    Tout
au long des remparts et en haut des tours, il y avait des petits groupes comme
le leur : Hospitaliers, Teutons du royaume de Germanie, soldats syriens et
arméniens, gardes de la ville sous le commandement de Simon Mansel. Mais seule
la moitié des tours était occupée et les quelque cent quarante arpents de
périmètre montraient des vides impossibles à combler. La plus grande partie des
murailles était en bon état et on avait garni de troupes les sections les plus
faibles.
    Au
dernier conseil de guerre, la veille, les maîtres du Temple et de l’Hôpital,
dans une rare démonstration d’unité, avaient exprimé leur inquiétude à propos
d’un segment près de la tour des Deux-Sœurs, là où les fortifications
commençaient leur ascension des pentes montagneuses. Cependant, le connétable
Mansel avait déjà affecté tous ses hommes et il refusa d’en détacher quelques-uns
pour s’en occuper.
    Mansel
s’était montré confiant, il pensait que Baybars se laisserait persuader de
revenir à la raison. Après tout, avait-il rappelé en constatant le scepticisme
de l’ensemble des officiers, les Mamelouks étaient déjà repartis par le passé
avec quelques simples chariots d’or. Pendant qu’il préparait ses négociations,
le commandeur des Templiers s’était vu confier la charge de rediriger une
compagnie sur la portion concernée. En découvrant la partie qui courait de la
tour des Deux-Sœurs jusqu’à la crête du mont Silpios, Will avait été incapable
de concevoir comment les Mamelouks pourraient réussir à démolir ces remparts
depuis le terrain exposé en contrebas. Il est vrai qu’il n’avait encore jamais
participé à un siège.
    En
voyant l’armée adverse apparaître, cela lui avait causé un choc de constater
que toutes ses années d’entraînement comptaient apparemment pour rien. Il
cassait le jeûne avec ses camarades dans l’une des pièces nues et couvertes de
toiles d’araignées, assis au milieu des crottes de chauve-souris, quand
l’alarme avait sonné. Ils s’étaient tous précipités dans les escaliers en
colimaçon pour grimper sur les remparts, l’épée à la main. Et ils s’étaient
arrêtés net en arrivant en haut. D’homme à homme, en face à face, ils pouvaient
combattre, mais que faire du haut de cette tour sinon attendre et regarder les
Mamelouks avancer ?
    Les
chevaliers expérimentés qui avaient livré des batailles en Outremer une bonne
partie de leur vie gardaient leur calme et se contentaient de fourbir leurs
armes. Mais les plus jeunes ne tenaient pas en place : ils riaient
nerveusement, s’exaspéraient au moindre désagrément, aussi agités que les
chevaux dans l’atelier de poterie réquisitionné par Lambert à deux pas de la
tour, tour qui allait devenir leur maison pour les prochains jours, les
prochaines semaines, voire les prochains mois.
    Will
but une gorgée d’eau et ajusta sa ceinture porte-épée. Il ressentait le besoin
de sentir le contact de l’arme dans sa main, de frapper quelque chose de
tangible. L’anticipation créait en lui un trouble auquel faisait écho le
roulement des tambours, il était irrité. Quatre chevaliers surgirent sur les
remparts, apportant des javelots pour l’espringale. Parmi eux se trouvait
Garin. Leurs regards se croisèrent et Garin ralentit un instant sa marche, puis
il repartit le long de la promenade vers la tour où était positionnée
l’espringale.
    Robert
secoua la tête.
    — Et
il faut qu’ils le mettent là !
    Agrippant
la poignée de son fauchon, Will se tourna vers Lambert.
    — Est-ce
que je peux faire quelque chose pour me rendre utile ?
    Lambert
fit un signe de dénégation.
    — La
même chose que nous. Attendre.
     
     
    Le camp mamelouk,
Antioche,
    14 mai 1268 après
J.-C.
     
    Le
soleil déclinait à l’ouest lorsque les eunuques

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