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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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Nous
n’y arriverons jamais.
    — Qu’allons-nous
faire ? dit l’un des sergents, pris de panique.
    — Fuir,
répondit le Teuton.
    — Il
a raison, confirma Garin, nous n’avons aucune chance si nous restons. Nous
devons prendre l’un des tunnels.
    — C’est
là que nous allions, reprit le Teuton. Il y en a un à côté d’ici. Il passe sous
les murs et mène à une grotte en bas du mont Silpios. On peut y arriver en
empruntant les remparts. Une fois là-bas, nous attendrons qu’il fasse nuit pour
nous échapper par la plaine.
    — Ou
alors nous pourrions essayer par le nord, intervint un sergent, vers Baghras
ou...
    — Baybars
a envoyé des troupes par là, le coupa Robert.
    — Allons-y
! lança l’un des Teutons en aiguillonnant son cheval du plat de l’épée.
    — Vous
devriez venir avec nous, leur lança l’un des Teutons avant de suivre ses
frères.
    — Si
nous partons, il n’y aura plus personne pour aider les habitants, dit Will à
Robert. Nous ne pouvons pas prendre la fuite.
    — Qu’est-ce
qu’on peut faire d’autre ? répliqua durement Robert. Debout, tout le monde ! On
y va !
    Tout
en brandissant leur épée, chevaliers et sergents sortirent dans la rue et
suivirent les Teutons qui s’étaient dirigés vers la tour d’en face.
    — Est-ce
que tu veux mourir, Will ? cria Robert en désignant de la pointe de l’épée un
groupe de soldats mamelouks qui arrivaient en courant. Décide-toi !
    Will
regarda Robert, puis l’épée ensanglantée qu’il tenait à la main. À Safed, son
père et les chevaliers avaient choisi la mort, mais Will savait qu’une tombe ne
lui apporterait pas le repos. Il sentait qu’il n’avait pas terminé ce qu’il
avait à faire. Everard, Owein, son père, le Temple, l’Anima Templi - tous
l’avaient poussé dans une direction ou une autre, comme ils l’entendaient. Il
en avait assez qu’on lui dise pour quoi se battre et quelles règles suivre dans
la vie, alors qu’il avait vu comment un homme ou un groupe d’hommes pouvaient
changer ces règles ou trahir serments et promesses sans en subir aucune
conséquence. La paix ou la guerre, le pardon ou la vengeance, quoi qu’il
choisisse, cela ne vaudrait rien tant qu’il ne l’aurait pas choisi par lui-même.
Et il voulait choisir. Il voulait vivre.
    —
Viens ! lui hurla Robert.
    Will
le rejoignit en courant.
     
    La
ville que les premiers croisés avaient mis sept mois à prendre aux Turcs,
Baybars la fit tomber en quatre jours. Les citoyens se barricadèrent dans leur
maison, ils cachèrent leurs enfants dans les caves et sous les lits. D’autres,
en voyant les volutes de fumée, fuirent leur maison pour rejoindre la
citadelle, mais seule une poignée d’entre eux parvint à traverser les lignes
ennemies. Quelques-uns réussirent à atteindre la grotte de Saint-Pierre,
l’église creusée dans la montagne où les premiers chrétiens avaient célébré
leur culte en secret, et où plus tard ils s’étaient réfugiés pour éviter les
persécutions. A l’intérieur, ils se blottirent les uns contre les autres :
prêtres, soldats, fermiers, marchands, prostituées et enfants, leur souffle et
leur sueur emplissaient les ténèbres tandis que les portes de la ville
tombaient les unes après les autres et que les Mamelouks envahissaient les rues.
Baybars ordonna qu’on boucle la ville pour empêcher quiconque de s’évader.
    Les
chevaliers et les gardes de la ville désertèrent leur poste, le courage et
l’espoir les abandonnant. Certains voulurent se rendre mais les Mamelouks
avaient reçu des consignes et tous ceux qu’ils trouvèrent dehors furent passés
par l’épée. Orphelins ou oubliés, des enfants se mirent à pleurer sur le seuil
des maisons tandis que les cavaliers faisaient tonner leurs sabots dans les
rues, le sang dégoulinant le long des épées. Les musulmans qui avaient vécu
auprès de leurs voisins chrétiens pendant des générations supplièrent en arabe
qu’on les épargne, mais les soldats restèrent sourds à leurs supplications.
Aveuglés par le combat, couverts du sang de leurs amis comme de leurs ennemis,
les oreilles bourdonnant de cris de guerre, les Mamelouks prirent possession
d’Antioche. Et ils la dévastèrent.
    Après
le carnage, on vida les rues des quelques égarés encore en vie puis les soldats
ravagèrent églises et palais, assassinant prêtres et domestiques, pillant les
trésors, pissant sur les autels, arrachant les crucifix et brûlant les

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