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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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étonnant. Will a connu beaucoup de malheurs en peu de temps. Son
père, Elwen, puis la trahison de Garin. Il lui faudra du temps pour accepter
tout ça.
    — Je
suppose, oui.
    Simon
hésita, puis il tendit à Robert la plume et le parchemin.
    — C’est
pour ça que j’ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.
     
     
    Église
Sainte-Marie, Acre,
    15 juin 1268 après
J.-C.
     
    Will
traversait le quartier pisan par la rue des Trois-Mages. Chassés de la flèche
de l’église Saint-André par les cloches qui commençaient à sonner l’appel des
vêpres, des oiseaux s’élancèrent dans le ciel rose en tournoyant. D’autres
églises au loin joignirent leur carillon à celui de Saint-André, jusqu’à ce que
toute la ville vibre d’un écho sonore. D’après ce que Will s’était laissé dire,
les cloches s’entendaient à plus d’une demi-lieue en mer. Les immeubles bordant
la rue étincelaient dans la lumière de cette fin de journée et les fenêtres
renvoyaient toutes des reflets si brillants qu’elles l’éblouissaient. Il
continua à marcher et les cloches finirent par s’arrêter. La place du marché,
vide à cette heure, était couverte de fumier et de pelures de fruits ; un châle
en soie voletait mollement au gré du vent chaud et salé du port.
    On
en était presque à la moitié de l’été. À Paris, la foire d’été commencerait
bientôt. Les listes des joutes étaient déjà affichées à l’entrée de la lice où
aurait lieu le tournoi. Les filles noueraient des rubans à leurs cheveux.
    Will
traversa un jardin, à l’ombre d’une tente en tissu bleu et vert, et il pénétra
dans le quartier vénitien. Son état de Templier l’autorisait à franchir sans
encombre les portes des différents faubourgs. Les gardes hochèrent
nonchalamment la tête pour lui faire signe de passer et il se dépêcha de se
rendre à l’église Sainte-Marie. Le temps qu’il arrive, le service était presque
fini. On donnait l’Eucharistie. Il se glissa à l’intérieur, récita le
Notre-Père avec la congrégation, puis il attendit calmement que les fidèles
soient sortis. Quelques personnes s’attardèrent, priant à genoux, tandis que le
prêtre vidait le tabernacle et ramenait le calice et le ciboire dans la
sacristie. Le regard de Will se posa sur un homme assis sur un des premiers
bancs, tête penchée dans une attitude dévote. Il remonta l’allée latérale de la
nef et passa auprès d’un autel à la Sainte Mère devant lequel brûlaient des
douzaines de cierges. Ces offrandes votives se multipliaient dans Acre depuis
que le prince Bohémond avait fait annoncer la nouvelle de la chute d’Antioche.
L’information avait précédé de peu son groupe de chevaliers et de sergents, si
bien qu’à leur arrivée ils avaient trouvé une ville en deuil. Will prit un
cierge neuf dans la pile posée au sol et l’alluma à la flamme d’un autre. Après
l’avoir posé devant la statue en marbre de la Madone, qui baissait tendrement
les yeux sur lui, il s’approcha du banc où se trouvait l’homme.
    — Pour
qui as-tu prié ? demanda Garin en levant la tête.
    Will
ignora la question.
    — Tout
est prêt ?
    Garin
resta muet un moment, puis il fit signe que oui.
    — C’est
dans le vestibule. Le prêtre nous laissera passer.
    — Nous
pouvons lui faire confiance ?
    — Je
l’ai rencontré ce soir pour la première fois, dit Garin à voix basse. C’est mon
informateur qui m’a conseillé de voir avec lui, mais il a l’air de vouloir nous
aider. Pendant la guerre civile, nous avons soutenu les Vénitiens contre les
Génois auxquels s’étaient ralliés les
    Hospitaliers.
Apparemment, nous avons sauvé l’un de ses frères lors d’un affrontement.
    — Tu
penses vraiment que ça va aller ?
    — Tu
ne vas pas reculer ? demanda Garin avec inquiétude.
    — Non,
j’ai trop perdu à cause de ce fichu livre. Il faut en finir. Je veux simplement
être certain que tu sais ce que tu fais. Ce domestique, par exemple ? Comment
sais-tu qu’il ne nous envoie pas dans un piège ?
    — C’est
lui qui est venu me trouver pour m’offrir son aide. Il m’a expliqué qu’il a
demandé à être accepté comme sergent chez les Hospitaliers, mais ils ont refusé
alors qu’il travaille pour le grand maître depuis vingt ans. Il leur en veut.
Il est vieux, amer et pauvre. Je lui ai juste proposé de libérer sa rancune et
sa frustration.
    Garin
haussa les épaules avec indifférence.
    — Et
un peu

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