Le livre du cercle
vous laisser vous changer. Vous pouvez poser vos vêtements ici. Je
laisserai la porte ouverte cette nuit. Sortez par là et suivez la rue jusqu’à
la prochaine intersection. De là, vous entrez dans le quartier juif. Longez les
bains publics et vous verrez le mur de l’Hôpital.
Le
prêtre les quitta et Garin ouvrit la malle. Il en sortit deux surcots noirs
soigneusement pliés arborant une croix blanche sur le torse et dans le dos. Il
en tendit une à Will et garda l’autre pour lui. Will ôta son manteau blanc
tandis que Garin saisissait un bout de parchemin roulé dans le fond du coffre.
Alors qu’il déroulait le document, un petit objet tomba en tintant sur le sol.
Garin se pencha pour le ramasser. C’était une clé. Il la mit dans sa bourse et
observa le croquis sommaire mais précis de l’Hôpital, avec les quartiers du
maître Hughes de Revel et l’emplacement du coffre clairement indiqués.
Garin
et Will cachèrent leurs manteaux dans la malle et sortirent dans les ruelles
ténébreuses. Les explications du prêtre étaient très faciles à suivre et il ne
leur fallut pas longtemps pour atteindre la citadelle de l’Hôpital. En arrivant
aux portes, Will retint sa respiration. Les gardes les scrutèrent, mais en
voyant à la lumière des lanternes les surcots noirs, ils ouvrirent les grilles.
Le
souper venait de se terminer et il y avait de l’animation dans la citadelle.
Will et Garin traversèrent d’un pas décidé la foule de domestiques, de
messagers et de sergents. Ils saluaient poliment dès qu’ils croisaient un
chevalier, et on les saluait en retour. L’Hôpital, tout comme le Temple, était
un complexe immense, et avec le nombre de gens qui y allaient et venaient
constamment, tous ne se connaissaient pas.
En
entrant dans les bâtiments principaux, ils s’arrêtèrent un instant dans un
passage éclairé pour vérifier le plan et trouvèrent rapidement l’escalier de la
petite tour abritant les appartements du grand maître. En sortant de l’église,
ils s’étaient mis d’accord sur ce qu’ils raconteraient si la chambre n’était
pas vide à leur arrivée, à savoir qu’ils avaient rendez-vous avec le grand
maître pour discuter d’affaires privées. Ils s’engouffrèrent sans hésiter dans
l’escalier afin de ne pas éveiller les soupçons au cas où ils viendraient à
croiser quelqu’un. Jusqu’ici, leur plan semblait s’accomplir sans difficulté.
La seule chose qui inquiétait Will, c’était de croiser Nicolas de Navarre : il
n’avait pas prévu ce qu’ils pourraient faire dans ce cas.
En
haut de l’escalier, ils débouchèrent sur un couloir au plafond voûté avec, de
chaque côté, des portes à double battant. Après avoir consulté le croquis, ils
se dirigèrent à droite. Dans le mur incurvé, des fenêtres cintrées offraient
une vue stupéfiante sur la ville, éclairée seulement par les lanternes et un
pâle quartier de lune.
Par-dessous
la porte filtrait une lumière jaune de bougie. Garin fit signe à Will, qui
frappa. Ils attendirent. N’obtenant aucune réponse, Will frappa de nouveau,
puis poussa doucement l’un des battants, qui s’ouvrit en grinçant. La pièce
était éclairée par deux bougies posées sur une large table au milieu de la
pièce. Will identifia immédiatement le coffre encastré dans le mur du fond. Sur
le côté, des piliers en marbre soutenaient la voûte et, derrière eux, se
trouvaient des fenêtres semblables à celles du couloir. En dehors du cercle
lumineux formé par les bougies, le reste de la pièce était plongé dans
l’obscurité.
Garin
suivit Will dans la pièce, mais celui-ci s’arrêta net et il buta contre lui.
— Qu’est-ce
qu’il y a ?
Will
montra le bureau couvert de plumes et de feuilles en désordre. Il y en avait
même sur le sol.
— Peut-être
que c’est toujours comme ça, murmura Garin par-dessus son épaule. Ce sont des
Hospitaliers. Viens.
Passant
devant Will, il se dirigea à grandes enjambées vers le coffre et sortit la clé
de sa bourse.
Will
plissa les yeux pour s’accoutumer aux ténèbres. Examinant la pièce, il aperçut
des caisses sur le sol. Elles étaient toutes ouvertes et leur contenu semblait
avoir été fouillé. L’atmosphère confinée empestait la sueur aigre.
— Garin,
fit Will en sentant que quelque chose clochait.
Celui-ci
atteignait déjà le coffre et s’apprêtait à le déverrouiller, mais son bras
resta suspendu en l’air.
— C’est
ouvert,
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