Le livre du cercle
jeta
frénétiquement sur Rook, le poignardant sans regarder où il frappait, enfonçant
aveuglément la lame dans toutes les parties de son corps. Rook s’écroula en
hurlant et en se tordant de douleur, une main sur l’œil et l’autre essayant
vainement de parer la pluie de coups mortels qui s’abattait sur lui. Garin
s’assit à califourchon sur Rook, plongeant et retirant la dague encore et
encore. Le sang forma bientôt une immense tache sur le tapis de soie, les murs
blancs à proximité couverts d’éclaboussures.
— Espèce
de bâtard !
Les
cris des deux hommes emplissaient la pièce.
— Garin
! lui cria Will en courant vers lui.
Celui-ci
se retourna d’un coup, la lame volait dans l’air prête à fondre sur Will, puis
son regard retrouva un semblant de normalité et ses épaules s’affaissèrent.
— Je
dois en finir, dit-il, haletant.
Will
hocha la tête en silence. Garin leva la dague et frappa un grand coup. Déjà au
bord de l’inconscience, Rook sentit à peine la lame entrer dans son cœur. Will
se pencha sur lui et s’empara du Livre du Graal, tout poisseux de sang, puis il
releva Garin.
— Va
chercher ton épée.
Il
alla récupérer son fauchon et courut vers la porte. Mais il dut s’arrêter car
Garin ne le suivait pas : le chevalier était planté devant le cadavre de Rook.
Will retourna vers lui et le saisit par le bras pour le sortir de la pièce et
le traîner dans le couloir. En arrivant en bas de l’escalier, ils entendirent
des bruits de pas venir dans l’autre sens. Voyant une porte à côté, Will attira
Garin dans une chambre vide. Quand les bruits diminuèrent, il l’entrouvrit. Le
dos d’un chevalier disparaissait en haut de l’escalier.
— Allez,
viens ! murmura-t-il à Garin, qui le suivit hébété dans la douceur de la nuit.
Nicolas
d’Acre était dans la cour principale quand il entendit des cris assourdis en
provenance de la tour. Il appela deux chevaliers en renfort et se dépêcha de
grimper les escaliers menant aux quartiers du grand maître. Lorsqu’ils y
pénétrèrent, l’un des chevaliers poussa un cri en voyant le corps étendu sur le
sol, une dague enfoncée dans la poitrine. Il avait pensé un instant que ce
cadavre était celui du grand maître.
Nicolas
tira son épée et se mit en devoir de fouiller la pièce pendant que les deux
autres inspectaient le corps, mais personne ne s’y cachait.
— Qui
est-il? dit-il en rengainant son arme et en s’approchant de ses frères.
— Pas
l’un des nôtres, en tout cas, répondit l’un des chevaliers.
Le
front de Nicolas se plissa et il se pencha sur l’homme. Horriblement mutilés,
son visage et le haut de son torse étaient maculés de sang.
— Sonnez
l’alarme, ordonna-t-il à l’un des chevaliers tout en se dirigeant vers le
coffre. Celui qui l’a tué est peut-être encore ici.
Il
ouvrit le coffre et poussa un juron en voyant qu’il était vide. Quand le grand
maître arriva, il était en train de chercher sur l’homme des indices de son
identité.
— Que
s’est-il passé ? s’enquit Revel en entrant dans la pièce et en découvrant avec
stupeur la présence du cadavre.
Nicolas
se leva.
— Maître,
on nous a volé Le Livre du Graal.
— Laissez-nous,
dit le grand maître aux chevaliers présents.
Ceux-ci
obéirent et quittèrent la pièce.
— Qui
est-ce ? demanda Revel en désignant le corps, dès qu’ils furent partis.
Nicolas
se tourna vers le grand maître.
— C’est
sans doute un autre mercenaire envoyé par le Temple.
— Nous
ne sommes pas absolument certains que c’est le Temple qui a envoyé les
premiers, frère.
— Et
qui d’autre pourrait être à l’origine de ces effractions, maître ? insista
Nicolas. Everard est en ville. Je l’ai vu. Il sait que nous avons son livre. Il
me semble logique de supposer que c’est lui qui essaie de le reprendre.
Puis
il se dirigea vers la porte.
— Où
allez-vous ?
— Si
je pars maintenant, je pourrai peut-être attraper ceux qui ont fait ça. Ils
n’ont pas pu aller bien loin.
— Non.
— Pardon,
maître ?
— Je
ne peux pas vous laisser continuer. Si ces intrus sont des Templiers, ou s’ils
travaillent pour le Temple, c’est qu’ils sont venus reprendre quelque chose qui
leur appartient de plein droit. C’est nous qui les avons volés.
Revel
alla jusqu’à son bureau et se pencha pour ramasser quelques-uns des documents
éparpillés sur le sol.
— Nous
ne pouvons pas prendre le
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