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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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dans les
yeux de ses camarades le réconfortait. Cela lui confirmait qu’il faisait ce
qu’il fallait. Que c’était la seule chose à faire. Plusieurs chevaliers le
saluèrent tandis qu’il se dirigeait vers la tour du coin nord-ouest, près de la
mer. Construite par Saladin, celle-ci constituait la partie la plus ancienne de
la commanderie. Les pierres en grès de sa façade étaient fissurées et des
touffes d’herbe poussaient dans les interstices. Deux sergents se tenaient de
part et d’autre de l’entrée, tous deux munis d’une épée.
    — Bonjour,
maître, dit gaiement l’un quand Will arriva à proximité. On ne vous avait pas
vu depuis longtemps.
    — J’étais
occupé, Thomas.
    Will
baissa la tête pour emprunter le couloir bas de plafond.
    — Juste
pour vous prévenir, lança Thomas, il n’est pas beau à voir.
    Le
chevalier s’arrêta.
    — C’est
la léonardie, expliqua Thomas, il en est atteint depuis la semaine dernière.
    — La
léonardie ? C’est grave ?
    — Je
ne saurais dire, maître. Mais ça n’a pas l’air bon.
    Will
pénétra dans la tour, passant en un instant de la chaleur de juin à une
fraîcheur et une humidité dignes d’un mois de novembre en Occident. Un court
passage voûté était suivi d’une volée de marches menant aux étages supérieurs
de la tour, qui abritaient le trésor. Dans la cage d’escalier, trois sergents
armés tenaient la garde. Will tourna à droite avant l’escalier et se retrouva
dans une pièce circulaire traversée de courants d’air et occupée par deux
chevaliers : l’un, assis à une table, étudiait un registre ; l’autre faisait la
sentinelle devant une trappe couverte d’une grille en acier.
    Le
chevalier sur le banc leva les yeux quand Will arriva.
    — Frère
Campbell, laissa-t-il tomber sans enthousiasme. Vous êtes ici pour voir le
prisonnier, je pense ?
    — L’un
des gardes m’a dit qu’il est malade. Est-il convenablement traité ?
    Le
chevalier leva un sourcil.
    — Notre
travail n’inclut pas de traiter les prisonniers convenablement, répondit-il
sèchement. Nous nous contentons de les détenir ici jusqu’à ce qu’ils aient
purgé leur peine. Mais je suis sûr que votre visite lui fera plaisir.
    Il
fit un signe à son camarade, qui déverrouilla la grille et révéla un escalier
s’engouffrant dans des abîmes ténébreux.
    Les
marches étaient inégales et Will prit appui contre les murs latéraux pour
conserver l’équilibre. Les murs s’effritaient sous ses doigts comme des
biscuits trempés. Plus Will descendait, plus augmentait le son de rafales
régulières. La tour du trésor était si près de la mer que les vagues cinglaient
ses fondations de leurs flots d’écume blanche. En arrivant en bas, Will aperçut
la lumière d’une torche. Il se trouvait dans un couloir étroit taillé à même la
roche souterraine. Au sol brillaient des flaques noires d’eau mêlée de sable.
L’endroit était situé en dessous du niveau de la mer et de grosses gouttes
dégoulinaient lentement le long des murs imprégnés d’humidité, avant de couler
dans une rigole creusée au sol. Sur un côté du couloir se trouvaient une
dizaine de portes renforcées par des barres d’acier et des poutrelles. De
l’autre côté, trois sergents sur un banc jouaient aux dames sur une table à
tréteaux.
    — Bonjour,
fit Will.
    — Il
fait déjà jour ? demanda l’un des gardes.
    Il
secoua la tête en se levant.
    Je
serais prêt à jurer que le temps s’écoule différemment ici.
    Laissant
ses camarades continuer la partie, le garde se dirigea vers l’une des portes au
bout du couloir. Il dégagea la poutrelle des deux crochets fixés au chambranle
et frappa deux fois du pied avant d’ouvrir.
    — Prenez
ma torche si vous voulez, maître.
    Will
s’empara du tison rouge qu’on lui tendait et pénétra dans la cellule, où il fut
immédiatement pris à la gorge par l’odeur malsaine de pourriture qu’il avait
déjà remarquée en descendant mais qui atteignait ici un tel degré que l’air en
devenait irrespirable. Le garde ferma la porte derrière lui et Will entendit le
bruit sourd de la poutrelle qu’il remettait en place. Bien qu’il vînt depuis
trois ans ici, ce bruit le rendait toujours nerveux. Il était gagné par un
sentiment de claustrophobie chaque fois qu’il l’entendait. Le courant d’air
qu’avait provoqué la porte en se fermant fit jaillir une flamme de la torche
mais celle-ci retomba en quelques

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