Le livre du cercle
ce
moment-là, trois chevaliers apparurent sur la passerelle, suivis par la reine
et sa suite.
— Êtes-vous
prête, Majesté ? demanda Owein tandis qu’une de ses dames l’aidait à descendre
la passerelle.
— Oui,
répondit la reine d’une voix douce et mélodieuse. Mes affaires? demanda-t-elle
en désignant les caisses à côté de Will.
— Elles
vont être chargées immédiatement à bord de l’Opinicus. Venez, Majesté, nous
allons vous escorter jusqu’à votre logis.
Garin
et l’autre sergent hissaient le coffre noir sur le reste du chargement. La
reine s’arrêta.
— Je
préférerais que les joyaux restent avec moi.
Garin
lâcha prise et le coffre tomba avec fracas. Le
rouge
lui monta au visage tandis qu’il se dépêchait de le récupérer.
— Majesté,
dit Owein en lançant un regard noir à Garin, je vous assure que les joyaux sont
sous bonne garde ici. Nous devrions y aller, ajouta-t-il en apercevant les
enfants qui scrutaient la reine et sa suite.
Le
cortège s’ébranla, escorté par Owein et les trois chevaliers. Les enfants, qui
parlaient avec animation, commencèrent à les suivre, et un chevalier les tança
pour les disperser.
— Finissons-en,
dit Jacques en descendant à son tour, accompagné par tous les chevaliers et les
sergents, ainsi que par l’homme en gris.
L’équipage
de l’Endurance remonta la passerelle et défit les cordes d’amarrage.
— Transportez-moi
ces caisses ! hurla Jacques.
Il
ordonna à deux chevaliers et deux sergents de monter la garde, puis se dirigea
avec le reste de la troupe vers l’Opinicus. Il transportait lui-même le coffre
contenant les joyaux de la Couronne.
Will
se chargea d’une caisse de sel. L’homme en gris, comme Will l’avait surnommé en
son for intérieur, marchait devant lui. Il avait un sac sur l’épaule et un
petit baril sous le bras. L’endroit était mal éclairé et les torches disposées
çà et là ne pouvaient percer l’obscurité sur plus de quelques toises. En
traversant les quais, ils croisèrent des hommes de l’Opinicus qui venaient les aider.
Will déposa la caisse devant le bateau. C’était un vaisseau plus petit que l’Endurance,
qui ne comportait qu’une cabine à la poupe.
Jacques
confia le coffre noir à un membre de l’équipage sur le bateau.
— Pose
ça, Hasan, dit-il à l’homme en gris en désignant le baril et le sac.
— Qu’est-ce
que je t’avais dit ? murmura un garçon derrière Will. C’est un prénom arabe,
Hasan !
— Campbell
!
C’était
Jacques qui venait de l’interpeller.
— Aidez
Lyons à transporter le reste.
— Oui,
maître, répondit vivement Will.
Garin
n’était pas dans les parages et Will repartit d’un bon pas vers la cargaison.
Mais quand il y arriva, son ami ne s’y trouvait pas non plus.
— Où
est Garin ? demanda-t-il à l’un des sergents.
— Près
de l’Opinicus, je crois, répondit celui-ci en haussant les épaules.
Will
scruta le quai, il devait avoir croisé Garin sans s’en rendre compte. En se
retournant, il aperçut Hasan sur la place, qui se faufilait entre les étals.
Pour ne pas le perdre de vue, Will mit un genou à terre en faisant semblant de
réajuster ses bottes. Plusieurs sergents passèrent à côté de lui. Hasan
traversait une foule d’hommes ivres en train de chanter. Bientôt, il disparut.
La curiosité de Will fut plus forte que lui, et il marcha en direction de la
place. Croisant un chevalier qui transportait la harpe de la reine, il se cacha
derrière des caisses.
Après
l’obscurité du quai, la profusion de lumière et la confusion des chants et des
rires le dérouta un moment.
Une
femme dodue passa en dansant, ses jupes tourbillonnant près de lui. Un peu plus
loin, Hasan examinait les pains et les gâteaux d’un étal. Will s’approcha en
veillant à rester invisible. À côté de lui, un amuseur public faisait une
démonstration de ses talents en jonglant avec des pommes. Will se dressa sur la
pointe des pieds et vit que Hasan se trouvait maintenant près des maisons
bordant la place. Il lutta pour se frayer un chemin mais le temps de sortir de
la foule, Hasan avait de nouveau disparu.
Minuit
sonna aux cloches de l’église. Will ne pouvait pas trop s’attarder, sinon
Cyclope finirait par s’apercevoir de son absence. Regardant autour de lui, il
vit une ombre passer le coin d’une ruelle qui s’enfonçait entre les maisons. Il
s’élança sans réfléchir à ce qu’il dirait s’il se
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