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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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morte, et de sa mère qui avait traversé la cour pieds nus
pour les rejoindre.
    — Plus
tard, il m’a emmené dehors et m’a demandé comment c’était arrivé. Je lui ai
simplement dit qu’elle était tombée.
    Will
courbait les épaules.
    — Mais
il n’arrêtait pas de me poser des questions et j’ai dû lui dire la vérité. On
aurait dit qu’il savait déjà. Il a hoché la tête, s’est levé et est retourné
dans la maison. Il ne me regardait plus. Ma mère a pleuré pendant des mois.
Elle a eu un autre bébé, une fille, Ysenda, mais elle ne souriait plus, elle ne
riait plus comme avant. Mon père n’était presque plus jamais là. Il ne m’a pas
envoyé non plus à Balantrodoch comme il me l’avait promis. À la place, il m’a
emmené à Londres, où on lui proposait de remplacer un clerc malade.
    Will
se leva et se frotta les bras.
    — En
fait, il s’est débarrassé de moi. La plupart du temps, il était absent. Ou dans
une cellule, à travailler avec l’oncle de Garin. Je ne le voyais pratiquement
jamais. Nous aurions pu rentrer quand le clerc s’est rétabli, ou même rester au
Nouveau Temple, mais il est devenu chevalier et il est parti pour la Terre
sainte en m’abandonnant. Il ne m’a pas donné de nouvelles depuis près d’un an
et demi.
    Robert
se leva à son tour.
    — Tu
ne voulais pas la tuer, tu l’as seulement poussée. Ton père le sait forcément.
    — Alors,
pourquoi est-ce qu’il me hait? demanda Will d’une voix étranglée.
    La
porte s’ouvrit et Hugues fit son apparition.
    — Qu’est-ce
qui se passe ? demanda-t-il en venant à côté de Robert.
    Puis
il vit les bouts de parchemin éparpillés sur le lit et fit claquer sa langue
contre son palais.
    — Quel
désordre ! commenta-t-il.
    Robert
lui jeta un regard de reproche.
    — Hugues...
    Surpris,
celui-ci fronça les sourcils.
    — Et
pourquoi es-tu ici avec lui plutôt qu’au souper ? Il repart à Londres demain,
de toute façon.
    Will
n’attendit pas que Robert réponde, il passa entre les deux sergents et sortit
de la chambre.
    Il
quitta le quartier des sergents en courant. Des chevaliers marchaient en petits
groupes vers la Grande Salle, fantômes en manteau se déplaçant dans la
pénombre. Will passa à leurs côtés sans ralentir, même quand l’un d’entre eux
lui cria de s’arrêter. Toujours en courant, il dépassa le quartier des
chevaliers, le donjon, les bâtiments administratifs et l’armurerie. Il ne
savait pas où il allait. La sueur perlait sur son front et il sentit ses jambes
se raidir. Il pénétra dans le cimetière et se dirigea vers la chapelle, qui
était ouverte.
    Quelques
chandelles éclairaient faiblement l’abside. De la fumée s’échappait encore de
l’encensoir qui avait servi pour les vêpres. Will ferma les portes derrière lui
et s’avança dans la nef. Près de l’autel, il observa un moment un crucifix, la
tête courbée de Jésus lui rappelant le poids de ses propres fautes. Son estomac
gargouilla, il n’avait rien mangé depuis l’aube. L’odeur de l’encens
l’écœurait. Puis il vit que la porte de la sacristie était entrebâillée. À
l’intérieur, dans un coin de la pièce, brûlait une bougie. Des livres reliés en
vélin et d’autres bougies étaient entreposés sur un banc, près de la fenêtre.
Will s’arrêta sur le seuil, ses yeux se posant tour à tour sur une étagère où
se trouvaient des cruches de vin et sur la table où étaient posés le calice et
le ciboire.
    Au
bout d’un moment, il se décida à entrer. Il se dirigea droit vers les étagères
et s’empara d’une cruche à moitié vide. A la lueur des bougies, le vin prenait
des reflets pourpres. Il souleva ensuite le couvercle du ciboire et en tira une
poignée d’hosties. Le sang et le corps du Christ. S’asseyant à même le sol, il
porta le calice à ses lèvres.
    —
Notre Père, dit-il en s’esclaffant.
    Après
avoir bu une gorgée, il se fourra les hosties dans la bouche et regarda les
ombres jouer sur les voûtes du plafond. Il attendit que Dieu le punisse, il
souhaitait être puni. Mais il ne se passa rien. Quand il eut fini de manger, il
s’adossa au pied de la table, genoux remontés contre la poitrine et bras serrés
autour de ses jambes. Soudain, il se sentit épuisé. Il resterait là jusqu’au
dernier office, puis il se cacherait dans le cimetière. Quand les autres
iraient se coucher, il pourrait retourner dans son dortoir et dormir jusqu’à
l’aube. Et

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