Le livre du cercle
visiteur se portèrent vers Everard.
— Mais
je suis certain que nous pourrons résoudre ce problème au cours du prochain
chapitre.
Will
reprit espoir, mais le visage d’Everard affichait toujours la plus extrême
détermination.
— D’ordinaire,
j’aurais attendu jusque-là, frère, mais ce garçon est un des Anglais. Il part
demain, et je ne veux pas qu’il échappe à la punition qu’il mérite pour avoir
traité notre chapelle comme une vulgaire taverne.
Le
visiteur réfléchit un instant, ferma son livre et joignit ses deux mains, qu’il
posa sur la table. Quelque chose dans sa manière de faire ce geste rappela à
Will son propre maître, et ce souvenir fut pour lui comme un coup de poignard
supplémentaire.
— Qu’as-tu
à dire pour ta défense, sergent ?
Will
ouvrit la bouche, mais aucun son ne voulut en sortir. Quelques instants
passèrent puis il s’éclaircit la gorge, déglutit, et prit enfin la parole.
— Je
suis entré dans la chapelle et je me suis endormi, maître. Je n’avais pas
l’intention de faire du mal.
Le
visage du visiteur ne changea pas d’expression.
— De
toute évidence, le problème n’est pas ton somme. Ce que je veux savoir, c’est
pourquoi tu as profané le Sacrement.
Will
fixa le sol sans répondre.
Le
visiteur faisait jouer ses pouces l’un sur l’autre.
— Tu
viens du Nouveau Temple, n’est-ce pas ?
— Oui,
maître, dit Will avec calme. Mon maître, le chevalier Owein, est mort à
Honfleur.
— Quel
est ton nom ?
— Will
Campbell, maître.
— Campbell
? Tu es le fils de James Campbell ?
— Oui,
maître, répondit Will en levant la tête.
— Je
l’ai rencontré à plusieurs reprises, quand il est venu à la commanderie. Il est
en Acre actuellement, si je ne m’abuse, avec le grand maître Bérard ?
Le
visiteur secoua la tête.
— C’est
très décevant. Je me serais attendu à beaucoup mieux de la part du fils d’un
chevalier si respecté.
— Un
instant, mon frère, intervint Everard en s’avançant. Pourrais-je vous parler en
privé ?
— Bien
sûr, répondit le visiteur, qui avait l’air perplexe. Va dehors et attends qu’on
t’appelle, dit-il à Will.
En
sortant de la pièce, il remarqua qu’Everard le regardait maintenant avec
intérêt. D’une certaine manière, c’était plus inquiétant que de le voir en
colère.
Garin
s’allongea sur sa paillasse en caressant doucement ses lèvres éclatées. Plongé
dans le noir, le dortoir était complètement silencieux. Les sergents avaient
fini leur repas du soir et achevaient leurs corvées avant le dernier office. Le
lit était inconfortable, la paille le démangeait à travers son maillot de
corps. Au bout d’un moment, il se releva et se posta à la fenêtre pour regarder
les hommes circuler dans la cour. Il n’en pouvait plus d’attendre jusqu’à
l’aube que le bateau soit prêt, il aurait voulu quitter Paris à l’instant même.
Soudain,
la porte s’ouvrit. Un domestique en tunique brune entra dans la chambre. Il
portait sous le bras une pile de couvertures, et dans sa main libre, une bougie
dont la flamme vacillait. Garin se tourna vers la fenêtre et entreprit de se
ronger l’ongle du pouce, bien qu’il n’en restât déjà presque plus rien. Le
domestique marchait sans faire de bruit. Il posa la bougie sur la table et
commença à faire le tour des lits pour changer les couvertures. Dans son dos,
Garin entendit le bruit de la paille qu’on remuait puis des pièces qui
s’entrechoquaient. Il fit volte-face. Le domestique était penché sur son lit,
son sac à la main.
— Non
! s’écria Garin.
Et
il s’élança en voyant le domestique tirer du sac la petite bourse en velours.
— Ne
touche pas à...
Garin
s’interrompit tandis que le domestique levait les yeux vers lui avec un sourire
révélant deux rangées de chicots marron.
— Ne
touche pas à quoi ? A ça ? s’enquit Rook en balançant la bourse au bout de ses
doigts.
Garin
jeta un coup d’œil en direction de la porte. Elle était fermée.
— Comment
m’avez-vous... demanda Garin, incapable de finir sa phrase.
— J’ai
toujours remarqué que les chevaliers ne jettent pas un regard aux domestiques,
répondit Rook.
Il
désigna sa tunique brune.
— Un
sergent m’a gentiment indiqué comment te trouver.
Il
ouvrit sa tunique pour montrer à Garin la dague incurvée qui pendait à sa
hanche. Les plis informes du vêtement lui avaient permis de dissimuler son
arme.
—
Weitere Kostenlose Bücher