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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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qu’ils
avançaient, Will se retourna pour observer le vieux prêtre.
    — Qui
est-ce ?
    Robert
regarda par-dessus son épaule.
    — Le
père Everard de Troyes, dit-il avec un demi-sourire. Mais ne te fie pas aux
apparences, il est loin d’être gâteux. Je préférerais encore avoir affaire au
diable.
    — Qu’est-ce
que tu veux dire ?
    — Tu
as vu sa main ? Celle avec les deux doigts qui manquent ?
    Will
fit semblant d’avoir remarqué et acquiesça.
    — Il
les a perdus à Jérusalem, quand les Khorezmiens ont repris la Ville sainte il y
a seize ans. Il s’est défendu d’une seule main contre dix guerriers. Et il les
a tous tués. Il était dans l’église du Saint-Sépulcre quand l’attaque a
commencé, et il a du se cacher sous des cadavres de prêtres pendant trois jours
pour ne pas être capturé.
    La
voix de Robert était grave, mais Will sentait qu’il aimait raconter cette histoire.
    — Tu
peux imaginer ça? Trois jours dans cette fournaise, avec les mouches et la
puanteur ? On dit qu’il est le seul chrétien à avoir réchappé du massacre.
    Avant
de sortir du cimetière, Will jeta un dernier regard au vieil homme. Celui-ci
était toujours debout à côté des tombes, il n’avait pas bougé d’un centimètre.
Will eut l’impression qu’une simple bourrasque pourrait emporter comme un fétu
de paille cet homme qui avait combattu seul contre dix guerriers.
     
     
    Le Temple, Paris,
    27 octobre 1260
après J.-C.
     
    Le
lendemain, son dernier jour à Paris, Will retourna sur la tombe d’Owein après
les nones. Non pas qu’il veuille se recueillir, mais il ne savait pas trop où
aller. Il était content de repartir au Nouveau Temple, en même temps qu’il
craignait le retour. Alors qu’il faisait le tour de la chapelle, d’où des
gargouilles couvertes de mousse souriaient béatement au ciel, il aperçut Elwen
agenouillée sur la tombe d’Owein, un bouquet de lys à la main. Elle portait une
robe noire toute simple bordée de blanc et ses cheveux étaient cachés sous une
capeline. Elle leva un instant les yeux de la tombe quand il s’approcha.
    — Tu
crois qu’il m’en veut de ne pas avoir été là à son enterrement ?
    — Non,
répondit Will d’une voix calme tout en s’accroupissant près d’elle.
    — Personne
n’est venu au palais m’informer que les funérailles avaient lieu hier. Je suis
de son sang, j’aurais dû être là.
    Elwen
posa les lys sur la tombe.
    — J’ai
demandé à la reine Éléonore la permission de venir ce matin. Un de ses gardes
m’a escortée. Comment c’était ? La cérémonie, je veux dire...
    — Comme
tous les enterrements, marmonna Will.
    — Je
n’arrête pas de me demander s’il serait mort si je n’avais pas été là. Il
aurait peut-être été plus prudent. Ou il aurait peut-être vu la dague...
    — Tu
ne peux pas penser des choses pareilles.
    Will
la regarda passer le doigt sur le marbre, et il se couvrit d’une fine
poussière. Les contours de l’épée d’Owein avaient été gravés dans la matinée.
    — Qu’est-ce
que tu feras à ton retour ? demanda-t-il.
    — Je
ne rentre pas à Londres, dit Elwen en serrant ses genoux dans ses bras. Je
reste ici.
    — À
la commanderie ? demanda Will, surpris.
    — Non,
au palais. J’ai expliqué à la reine Éléonore que je n’avais plus personne en
Angleterre, et nulle part où aller, elle m’a répondu qu’elle refusait que cette
tragédie engendre d’autres souffrances. Elle a parlé avec sa sœur, la reine
Marguerite, qui a accepté de me prendre à son service. Je suis dame de
compagnie, maintenant.
    Elwen
se tourna vers Will.
    — Tu
devrais voir le palais. C’est tellement grand que je ne peux pas quitter ma
chambre sans un domestique, sinon je me perdrais. Il y a des jardins sur les
berges du fleuve, de belles pelouses, des centaines d’arbres. On dirait une
maison, une vraie maison remplie de gens et de rires.
    Puis
elle regarda la tombe d’Owein.
    — Et
je serai près de lui.
    — Owein
aurait été content pour toi, dit platement Will, qui se sentait soudain inutile
et abandonné.
    Il
n’avait plus ni maître ni foyer. Il essaya de se défaire de la jalousie qui
l’envahissait.
    — C’est
une belle situation.
    Will
releva la tête en entendant des bruits de pas. Garin venait dans leur
direction. Mais en les voyant, il s’arrêta.
    Elwen
se leva.
    — Tu
es Garin de Lyons, n’est-ce pas ?
    — Oui,
répondit froidement Garin.
    Elwen
s’approcha de

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