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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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profondément et tendit la main.
    — Je suis navré, Ranulf. En vérité j’ai eu peur.
    Ranulf lui serra la main.
    — Vous semblez gelé.
    Ils regagnèrent la chambre de Corbett. Ce dernier allait rendre le flageolet à Chanson quand il se souvint qu’il devait la vie à ce jouet. Il s’accroupit près du feu pour boire une coupe de posset et permettre au froid de se dissiper. Un serviteur vint leur annoncer que le souper serait servi dans la grand-salle.
    — As-tu vu Crotoy ? questionna Corbett.
    — Non, répondit Ranulf avec un geste de dénégation. En fait, quand le tocsin a sonné et que tout le monde s’est rassemblé dans la cour, je l’ai cherché, mais il n’y était point.
    Corbett tendit la main vers le feu et réprima un frisson, comme si une lame glacée avait été posée contre son dos.
    — Où est-il logé ?
    — Il a une chambre dans la tour de Jérusalem. L’escalier, en haut, est condamné ; il est le seul à habiter là-bas.
    Corbett boucla son ceinturon, se leva et prit sa chape.
    — Accompagne-moi, ordonna-t-il à son compagnon.
    Ils se rendirent dans le baile. Sans prendre garde aux rafales de neige, Corbett se dirigea vers la tour de Jérusalem, épaisse et solide fortification où l’on accédait par des marches abruptes. Il les gravit en hâte et saisit l’anneau de fer fixé sur l’huis, mais il résista. Il tira sa dague et frappa avec le pommeau, mais en vain.
    — Chanson, vite, va quérir des soldats.
    Sir Hugh redescendit l’escalier et regarda autour de lui. Il distingua une fenêtre percée haut dans le mur, mais les volets ne laissaient filtrer aucune lumière. Se protégeant de la neige tombante avec sa chape, il s’empressa de remonter son capuchon.
    — Il se passe quelque chose ? s’inquiéta Ranulf.
    — En effet, chuchota son maître, quelque chose de terrible.
    Le gouverneur arriva à grands pas. Il s’était changé pour le souper et s’était emmitouflé dans une chape pour s’abriter de la neige.
    — Êtes-vous sûr que Monsieur Crotoy ne se trouve pas ailleurs dans le château ? questionna-t-il.
    — Sir Edmund, veuillez accepter mes excuses si je vous ai dérangé, mais Louis n’est pas homme à vagabonder.
    — L’a-t-on vu quelque part ?
    — Que se passe-t-il ? s’enquit Craon qui, suivi de ses gardes encapuchonnés, survint précipitamment.
    — Louis Crotoy est-il avec vous ?
    — Non, répondit Craon en s’essuyant le visage, pourtant il le devrait. Les autres sont dans ma chambre ; je souhaitais l’entretenir. Un serviteur m’a conté la chose. Je suis venu aussitôt. Y a-t-il un incident ? Louis fait partie de ma suite. Sanson dit ne pas l’avoir revu depuis le début de l’après-midi.
    — Forcez la porte, ordonna Corbett.
    Ce ne fut d’abord que confusion. Mais le gouverneur parvint à organiser ses hommes qui apportèrent un bélier, rien d’autre qu’un solide tronc d’arbre garni de piquets de chaque côté. Les marches gênaient les soldats et les coups sourds, les craquements alertèrent tout le château. La cour commença à se remplir. Les gardes concentrèrent leurs efforts sous l’anneau de fer et réussirent enfin à ouvrir la porte.
    Corbett s’employa, en repoussant presque Craon, à pénétrer dans la tour le premier. Il y faisait froid et sombre. Sir Edmund lui donna une torche. Le magistrat la brandit devant lui et étouffa un gémissement. Crotoy, le crâne fracassé, gisait au pied de l’escalier intérieur qui menait à la chambre. Une flaque de sang sombre luisait dans la lumière. Corbett embrassa en hâte les lieux du regard. Il n’y avait pas de fenêtre. Il fit un pas en avant en criant au gouverneur de ne laisser entrer personne. À la vue de ces yeux vitreux, de cette peau froide, de ce sang figé, il se rendit compte tout de suite qu’on ne pouvait plus rien faire pour son vieil ami. Il bougea le corps avec délicatesse et ne découvrit ni blessure ni marque, mis à part l’affreuse entaille sur la tempe. Entendant un cliquetis qui provenait de l’escarcelle du défunt, il l’ouvrit et en sortit deux petites clefs massives. Il comprit que ce devait être celle de la porte de la tour de Jérusalem et celle de la chambre de Crotoy. Pendant ce temps, les hommes du gouverneur avaient fait reculer les curieux en bas de l’escalier, ne permettant qu’au magistrat, à Sir Edmund et à Craon d’entrer dans le couloir où s’engouffrait le vent. Corbett s’accroupit et

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