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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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examina l’huis qu’on avait forcé. On avait arraché la serrure, mais il constata qu’en y insérant la clef il pouvait la manoeuvrer sans peine. Il enleva la clef, la tendit au gouverneur et s’empressa de revenir près du cadavre de Crotoy.
    — Envoyez quérir le père Andrew, chuchota-t-il au gouverneur.
    Il prit la torche qu’il avait placée sur un support et, la tenant avec précaution, examina les marches qui menaient à la chambre de Crotoy. Elles étaient abruptes et étroites, avec des bords tranchants et, à gauche de la pièce, se trouvait un palier plein de pierres écroulées. Il regarda derechef la dépouille. La chape de Crotoy, dont l’ourlet traînait par terre, était enroulée autour de son bras. Le magistrat soupira, monta les marches et ouvrit la porte avec la seconde clef. La chambre était glacée et sombre. Sir Edmund surgit et Corbett s’avança avec prudence pour permettre au gouverneur d’allumer les chandelles et la grosse lanterne de corne qui se trouvait sur la table ronde en noyer au centre. L’endroit était propre et ordonné. La douce odeur d’herbes remplit le clerc de tristesse.
    — Il a toujours aimé ça, murmura-t-il.
    — Aimé quoi ? demanda Sir Edmund.
    — Il aimait le parfum des herbes et des épices.
    Il alla déposer la torche dans un support fixé au mur.
    — Louis était fort méticuleux. Il appréciait les fragrances du printemps et de l’été. Ses habits, sa chambre, ses livres, ses manuscrits sentaient toujours un peu les fleurs et l’herbe.
    Corbett remarqua la haute pile de manuscrits sur le coussiège, le pique-chandelle enrobé de cire à la base, les vêtements pendus à une patère. Les courtines du petit lit à montants étaient tirées et, au bout de la pièce, il y avait le lavarium garni de serviettes pliées avec soin près d’un précieux morceau de savon parfumé dans une coupelle de cuivre.
    Le magistrat entendit des voix monter de la cour. Le père Andrew était arrivé et se mit à entonner les prières des morts tout en oignant le corps. Ranulf surgit en haut de l’escalier.
    — Que s’est-il passé, à votre avis ? s’enquit Sir Edmund qui s’assit sur une chaire près du lit et lança un coup d’oeil à Corbett. Un autre accident ?
    — C’est à moi d’en juger, intervint Craon, debout dans l’ombre. Je suis fort affecté par le trépas de mon collègue.
    — Non, Messire, répondit Corbett d’un ton sec. Il est vrai que Louis faisait partie de votre suite, mais c’était mon ami et ce château est sous l’autorité directe du roi d’Angleterre. Sir Edmund, appela-t-il par-dessus son épaule tout en soutenant le regard de Craon, j’aimerais examiner à la fois cette pièce et le corps de Monsieur Crotoy. Sa mort est-elle due à un accident, à une fâcheuse mésaventure ou à quelque autre cause ?
    — Je vais faire retarder le souper, soupira le gouverneur. Monsieur de Craon, Sir Hugh a raison. Nous sommes dans un château royal ; il a donc le droit d’exercer son office.
    — Dans ce cas, je vais rester pour l’aider.
    Corbett ne s’y opposa pas. Les soldats dégagèrent l’escalier et rapportèrent la porte brisée afin de parer à l’air froid de la nuit. Corbett fit allumer toutes les chandelles et toutes les torches et commença des recherches scrupuleuses. Lui et son écuyer fouillèrent la pièce. Craon, près de la table, les regardait passer au crible les divers manuscrits. Il s’insurgea à voix haute quand Ranulf prit un bout de parchemin pour l’étudier de plus près. Ils ne trouvèrent pourtant rien de révélateur. Le cadavre de Crotoy, à présent étendu sous un drap au pied des marches, ne portait pas d’autre marque que la blessure à la tête sans aucun doute due au heurt avec le sol dur. Corbett refoula les souvenirs de ses promenades bras dessus bras dessous avec ce brillant érudit dans la prairie de Christchurch ou les vergers descendant jusqu’au ruisseau d’Iffley et de leurs tête-à-tête dans une taverne au coin de Turl Street.
    — Messire, l’appela Ranulf à mi-voix, regardez cette botte.
    Corbett s’exécuta : le talon de la botte droite était branlant.
    — Il a trébuché, expliqua Ranulf. Le talon tenait mal, ou bien il s’est pris les pieds dans sa chape. Il est tombé et s’est fracassé le crâne.
    — Mais cela l’aurait-il tué ? s’interrogea le magistrat.
    Il retourna examiner le cadavre et, en le soulevant par les épaules, constata

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