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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pouvait donc y passer sans être vu de la cour.
    — Et l’huis d’en haut ?
    — Fermé, lui aussi, admit la sentinelle. Sir Edmund n’aime pas que nous nous faufilions là pour y dormir.
    Corbett alla de-ci de-là en contemplant le mur qui se dressait vertigineusement au-dessus de lui. L’entrée de la tour était si bien cachée qu’il aurait été facile de l’emprunter sans être vu. Elle était pourtant fermée, et, selon le garde, il en allait de même de celle d’en haut. Et il n’y avait personne sur les remparts, mis à part Vervins et la sentinelle. Un autre malencontreux accident ? Le Français avait-il perdu l’équilibre ? La formidable hauteur avait-elle été insoutenable pour lui ? Corbett comprit pourquoi le gouverneur devait se montrer sévère. Les portes des tours étaient souvent closes et les soldats devaient être bien visibles. Moult châteaux étaient tombés parce que les hommes avaient quitté leur poste.
    — Il n’y a qu’une explication, soupira Corbett.
    — Vous y montez ? Faites attention ! Même Sir Edmund n’y envoie que les gardes qui ont l’habitude de se trouver si haut. Je me suis porté volontaire parce que ça vaut mieux que de creuser des latrines.
    — Que s’est-il exactement passé, intervint Ranulf, quand Vervins est tombé ?
    — Je vous l’ai déjà dit, à vous et à Sir Edmund, répondit l’homme. Le Français est monté, s’est appuyé contre la muraille et s’est retourné à plusieurs reprises pour me saluer. Puis il a décidé de redescendre. Il a essayé d’ouvrir la porte de la tour, mais elle était close. Il s’est dirigé vers moi en faisant très attention et la canne à la main. Il a enlevé un de ses gants pour se réchauffer les mains au brasero. Je me suis serré contre le mur pour lui laisser autant de place que possible. J’ai écarté le brasero, il a voulu passer, il a crié puis a glissé. J’ai vu tomber son corps, il a rebondi sur les pavés, a roulé et tourné comme une toupie. Il vaut mieux que je vous accompagne, Messire.
    Précédés par le garde et ignorant les protestations du gouverneur, Corbett et Ranulf gravirent avec circonspection les marches que l’on avait pris la précaution de sabler pour éviter qu’elles ne soient glissantes. Le magistrat tenta de garder son calme et de ne pas regarder en bas en fixant l’homme qui se trouvait devant lui. Quand ils arrivèrent en haut, le charbon dans le petit brasero n’était plus que poussière grise, et le vent était fort et coupant. Corbett agrippa la corde qui courait sur toute la longueur du mur extérieur. Il avança doucement et se tourna pour contempler, par-dessus les remparts, la contrée enneigée. Il comprit alors pourquoi un homme comme Vervins venait ici, loin du bruit, des odeurs et de l’agitation de la forteresse. C’était l’occasion de savourer l’air frais et, si la sentinelle disait vrai, Vervins était habitué à de telles altitudes. Il en allait de même pour le roi Édouard. De fait, il avait un jour tenu conseil au sommet d’une tour, à la grande épouvante de certains de ses conseillers. Serrant la corde, Corbett se tourna avec prudence et jeta un coup d’oeil dans la cour. La profondeur de l’horrible précipice le saisit d’effroi.
    — Mieux vaut ne pas regarder en bas, Messire, l’avertit son guide.
    Le clerc se hasarda timidement le long du parapet. Vu d’en bas, le chemin de ronde semblait étroit, mais c’était en réalité un vaste passage d’au moins six pieds de large. Il allait de l’escalier qui le coupait en deux vers la tour au bout et, plus important, vers la porte de la tour que Vervins avait voulu ouvrir. C’est vers elle que le magistrat se dirigea. En chêne solide, elle était enduite d’une épaisse couche de goudron qui la protégeait des intempéries et renforcée par de gros clous de fer rouillés. Il empoigna l’anneau glacé qui ne bougea pas. Il revint donc sur ses pas. Ranulf s’était plaqué contre un créneau et le garde s’était assis sur ses talons à l’endroit d’où Vervins avait fait sa chute mortelle.
    — Il était là, juste où vous vous trouvez, Messire, puis il a basculé.
    — Et vous, où étiez-vous ?
    — Ici, comme maintenant, Messire.
    Corbett s’accroupit et tâta le sol du chemin de ronde en filtrant le grès et le sable entre ses doigts. Il n’y avait pas de glace en ce lieu et nulle fissure, nul éboulis qui aurait pu expliquer l’accident de

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