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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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sécurité.
    C’était un rêve, il le savait, mais il n’en passait pas
moins des heures à imaginer quelque chose qui ressemblait beaucoup à son
enfance autour des yourtes des Loups, avec des courses à cheval au soleil. Les
certitudes qu’il avait alors, la solidité du sol sous ses pieds lui manquaient.
Sur la haute colline balayée par le vent qui agitait ses cheveux, tout cela lui
manquait et son cœur se serra de nouveau pour Temüdjin. Sa blessure à la cuisse
était encore douloureuse mais Hoelun avait recousu les deux trous rouges dans
sa chair, qu’il gratta distraitement.
    Son frère n’avait pu échapper à ses poursuivants, il en
était sûr. Kachium gardait de Tolui le souvenir d’une petite brute sadique, portée
sur les pinçons et les ricanements quand personne d’autre ne regardait. À l’idée
que Temüdjin pût être en son pouvoir, il se tordit les mains à l’intérieur des
manches de son deel. La famille de Yesugei avait reçu en partage une vie
difficile et personne ne pouvait dire qu’elle n’avait pas lutté. Certains jours,
il avait vraiment commencé à espérer une vie normale. À présent, ils avaient
tout perdu et, bien qu’il restât là à attendre, il ne croyait plus revoir Temüdjin
dans la ravine. Si le père ciel était juste, il ferait pleuvoir les malheurs
sur Eeluk et ses féaux, mais cela aussi n’était qu’un rêve. Il n’y avait pas de
justice en ce monde, où les hommes mauvais prospéraient. Kachium s’efforçait de
ne pas sombrer dans le désespoir, et il y avait des moments où sa haine était
aussi féroce que celle de Temüdjin. Justice, réclamait-elle. Vengeance.
    Il plongea les doigts dans le sac en toile pour y prendre le
dernier morceau de viande, l’avala. Quelque part à l’ouest, Hoelun chevauchait
peut-être vers le danger et il n’était pas là pour tuer pour elle, mourir avec
elle. Seule l’obstination le maintenait à son poste tandis que les jours
passaient.
     
     
    Temüdjin avisa deux hommes au loin, sur une colline. Son
cœur s’envola à la pensée que c’étaient peut-être Arslan et son fils, mais il s’assura
toutefois que son arc était encordé et prêt à tirer. Si c’étaient des pillards,
il leur ferait rôtir le foie à petit feu, il le jurait. Ses blessures ne l’empêcheraient
pas de bander l’arc de Basan, et il n’était pas d’humeur charitable après ce qu’il
avait enduré.
    Il avait chevauché cinq jours, du couchant au couchant, comme
il avait demandé à Arslan de le faire. La ravine était encore loin de cet
endroit désolé, mais il savait maintenant qu’il pouvait faire confiance aux
hommes qui avaient fui Eeluk. À la différence de Yesugei, le nouveau khan des
Loups n’était pas assez rusé pour penser aussi loin. De la main, Temüdjin se
protégea les yeux du soleil pour regarder les deux cavaliers descendre une
pente raide, penchés en arrière sur leur selle pour garder l’équilibre. L’un d’eux
sauta à terre et marcha seul vers lui en levant les bras. Le geste était clair
et Temüdjin agita son arc en réponse. Ce ne pouvait être qu’Arslan.
    Temüdjin avança, prêt à décocher sa flèche. L’homme l’avait
sauvé de la fosse mais il faudrait beaucoup de temps au jeune Loup pour refaire
confiance à quiconque. Il s’arrêta, laissa Arslan franchir les derniers pas qui
les séparaient, remarqua la sûreté du pas du forgeron sur l’herbe élastique. Il
avait la même assurance que Yesugei. Au souvenir de son père, Temüdjin
ressentit soudain une douleur qui ne monta pas jusqu’à son visage.
    — Je savais que tu leur échapperais, dit Arslan en
souriant. Je ne t’attendais pas si tôt, cependant, et je vois que tu t’es
trouvé une bonne jument…
    — C’est un cadeau d’un homme qui n’a pas oublié mon
père, répondit Temüdjin avec raideur. Dis-moi, que se passe-t-il, maintenant ?
    — Maintenant, tu fais signe à mon fils de nous
rejoindre et nous nous asseyons pour manger ensemble. Comme c’est notre camp, je
t’offre l’hospitalité.
    Temüdjin s’éclaircit la gorge. Il avait envers Arslan une
dette immense et ce fardeau lui pesait.
    — Pourquoi m’as-tu aidé ?
    Le forgeron leva les yeux vers le visage contusionné de Temüdjin,
remarqua la façon dont il était affaissé sur sa selle. Yesugei aurait été fier
d’un tel fils, pensa-t-il.
    — J’ai prêté allégeance à ton père. Tu es son fils aîné
survivant.
    Les yeux de Temüdjin

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