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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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derrière lui et se figea, haletant dans le noir.
    — Qui est là ? dit une voix de femme.
    Sur sa gauche, Temüdjin entendit un bruit de couverture puis
une autre voix, plus grave :
    — Qui est-ce ? demanda Basan, qui tendait sans
doute déjà la main vers un poignard.
    — Temüdjin.
    Son nom fut accueilli par un silence. Il attendit, conscient
que sa vie était en jeu. Un silex claqua sur de l’acier, des étincelles
éclairèrent un instant les visages du couple et de ses enfants, réveillés eux
aussi. Basan alluma une lampe à huile et réduisit la flamme à un point
rougeoyant.
    — Tu ne peux pas rester ici, déclara son épouse avec
une expression apeurée.
    Temüdjin tourna vers le féal de son père un regard suppliant,
attendit. Basan secoua la tête, consterné par l’apparition sous sa tente de
cette silhouette vacillante.
    — Ils te cherchent, dit-il.
    — Alors, cache-moi une journée, jusqu’à ce que les
recherches cessent. Je demande ton hospitalité.
    Temüdjin n’entendit pas de réponse et sentit soudain ses
dernières forces l’abandonner. Il tomba à genoux, sa tête basculant en avant.
    — Nous ne pouvons pas le renvoyer, dit Basan à sa femme.
Il se ferait tuer.
    — S’il reste, c’est nous qu’il fera tuer, répliqua-t-elle,
haussant la voix.
    — Donne-lui du thé et quelque chose à manger. Je le
fais en mémoire de son père.
    Elle ne répondit pas mais alla tisonner le poêle, le visage
fermé. Temüdjin sentit les bras puissants de Basan le soulever puis l’obscurité
le submergea.
     
     
    Eeluk ne songea pas un instant à fouiller les yourtes. Son
humeur s’aigrit à la fin de la deuxième journée et devint carrément sombre le
troisième jour, quand on n’eut toujours pas trouvé trace du fugitif.
    Au soir du quatrième jour, Basan rapporta à Temüdjin qu’Arslan
et son fils avaient également disparu. Ils étaient partis à cheval le matin
avec un guerrier mais, à la tombée de la nuit, aucun d’eux n’était rentré. Eeluk,
hors de lui, avait envoyé des hommes à la yourte qu’il avait donnée au forgeron
et découvert que ses outils les plus précieux avaient disparu avec lui. Personne
n’espérait revoir le guerrier qui les accompagnait et on entendit les
lamentations de sa famille jusque tard dans la nuit. Un climat tendu régnait au
camp et Eeluk avait estourbi un guerrier qui mettait en question sa décision de
poursuivre les recherches.
    Temüdjin se souvenait à peine des deux premiers jours dans
la yourte de Basan. Il avait la fièvre, peut-être d’être resté dans la
pestilence de la fosse. La rivière avait lavé sa peau et ce fut peut-être ce
qui le sauva. La femme de Basan avait nettoyé ses blessures avec une efficacité
austère, enlevant le reste de la saleté, le sang et le pus avec un linge imbibé
d’arkhi. Temüdjin avait gémi et il se souvenait qu’elle lui avait plaqué une
main sur la bouche pour étouffer ses plaintes.
    Basan les quittait chaque matin pour rejoindre les autres, après
avoir recommandé à ses deux fils de ne souffler mot à personne. Les enfants
dévisageaient Temüdjin avec curiosité, effrayés par cet inconnu qui ne disait
rien et souffrait de blessures aussi horribles. Ils étaient heureusement assez
âgés pour comprendre que la vie de leur père et la leur dépendaient de leur
silence.
    Eeluk buvait plus encore que d’habitude tandis que ses
guerriers rentraient bredouilles, soir après soir. Au bout d’une semaine, il
ordonna aux familles, dans son ivresse, de se préparer à reprendre leur marche
vers le nord, laissant derrière eux la fosse vide et leur malchance. Cette
nuit-là, il se retira sous sa tente avec deux des plus jeunes filles de la
tribu, dont les parents n’osèrent pas protester. Basan, qui était de garde de
minuit à l’aube, vit là l’occasion de faire enfin sortir Temüdjin du camp. Les
familles étaient mécontentes et agitées ; il y aurait des yeux pour l’observer
partout où il irait, il le savait. Mais, de toute façon, Temüdjin serait
découvert quand on démonterait les tentes. C’était cette nuit ou jamais.
    La vie de la tribu imposait une proximité dans laquelle il
était difficile de faire quoi que ce soit sans attirer l’attention. Basan
attendit minuit en laissant ouvert le trou d’aération de la yourte pour suivre
le mouvement des étoiles sur l’orbe du ciel. Toute la famille frissonnait de
froid quand il estima que le camp devait être

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