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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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dernier moment, Yesugei s’écarta et tendit vivement les
bras pour saisir une forme. Le cheval, sans rênes ni selle, continua à galoper.
Libéré de son fardeau, il rua deux fois puis s’arrêta, baissant la tête pour
brouter l’herbe sèche.
    Temüdjin vit son père reposer une enfant par terre comme si elle
ne pesait rien. Les cheveux coupés court, le visage presque noir de crasse, elle
se débattait dans les bras du khan en crachant et en braillant. Avec un rire, il
se tourna vers Enq.
    — Les Olkhunuts font de leurs filles de vraies sauvages !
    Le visage d’Enq eut ce qui pouvait passer pour une moue amusée.
Il regarda la fillette malpropre déguerpir et dit, en lançant un regard à Temüdjin :
    — Laissons-la retourner chez son père.
    — C’est elle ? demanda le garçon, qui regrettait
déjà de ne pas avoir mieux regardé.
    Personne ne lui répondit.
    Les chevaux de la tribu, rassemblés à la sortie du camp, hennissaient
et secouaient la tête, excités par le printemps. La dernière des tentes, élimée
et sans ornements, se trouvait sur un bout de terrain caillouteux près des
corrals. La portière n’était même pas décorée, ce qui laissait penser que ses
occupants ne possédaient rien hormis leur vie et leur place dans la tribu. Temüdjin
frissonna à la perspective de passer une année dans une famille aussi pauvre. Il
avait espéré qu’on lui prêterait au moins un arc pour chasser mais, à en juger
par l’aspect de la tente, les parents de sa future femme auraient déjà bien du
mal à le nourrir.
    Yesugei gardait un visage impassible et Temüdjin s’efforça
de l’imiter devant Enq. Il avait déjà résolu de ne pas aimer l’oncle malingre
qui les avait accueillis d’aussi mauvaise grâce. Il n’aurait aucun mal à
respecter cette décision.
    Le père de la fille s’avança à leur rencontre, souriant et
inclinant le buste. Ses vêtements étaient raides d’une crasse dont une bonne
couche devait aussi recouvrir sa peau quelle que soit la saison, soupçonna Temüdjin.
Son sourire révélait l’intérieur d’une bouche édentée et il gratta une plaque
sombre dans ses cheveux, délogeant quelque parasite sans nom qu’il expédia au
loin d’une chiquenaude. Il flottait dans l’air une forte odeur d’urine, bien qu’il
n’y eût pas de latrines à proximité.
    Temüdjin serra la main que l’homme lui tendait, entra dans
la tente et se plaça à gauche de son père et d’Enq. Son moral sombra plus
encore quand il découvrit les lits boiteux, eux aussi sans peinture. Le vieil
homme ordonna à sa femme de servir le thé, lui décocha une taloche parce qu’elle
ne réagissait pas assez vite à son gré. La présence des étrangers le rendait
visiblement nerveux et il ne cessait de marmonner pour lui-même.
    Ravi, Enq souriait en promenant les yeux sur le feutre
rapiécé de la tente, le treillis en bois cent fois réparé.
    — Nous sommes honorés d’être accueillis dans ton foyer,
Shria, dit-il à la femme, qui s’inclina brièvement avant de verser le thé salé
dans des petits bols.
    La bonne humeur d’Enq fut plus manifeste encore quand il s’adressa
au mari :
    — Fais venir ta fille, Sholoi. Le père du garçon
souhaite la voir.
    Le vieil homme montra de nouveau ses gencives sans dents et
sortit en remontant tous les deux pas son pantalon dépourvu de ceinture. Temüdjin
entendit des protestations aiguës, la réponse dure du père, et cacha sa
consternation derrière son bol.
    Sholoi amena la souillon qui se débattait, la frappa au visage
et aux jambes sous le regard de Yesugei. Des larmes montèrent aux yeux de l’enfant,
qui les refoula avec la même détermination qu’elle mettait à résister à son
père.
    — Voilà Börte, dit Enq, matois. Elle fera une femme
bonne et fidèle pour ton fils, j’en suis sûr.
    — Elle paraît un peu âgée, fit observer le khan d’un
ton dubitatif.
    La fille se libéra, alla s’asseoir à l’autre bout de la
tente, aussi loin d’eux que possible.
    — Elle a quatorze ans mais le sang ne lui est pas venu,
répondit Enq. Peut-être parce qu’elle est si mince. Elle a eu d’autres
prétendants, bien sûr, mais ils voulaient une fille docile, pas une future
femme pleine de feu. Elle fera une excellente mère pour les Loups.
    Börte ramassa une chaussure et la lança sur Enq. Temüdjin l’attrapa
au vol, ce qui lui valut un regard mauvais de sa « fiancée ».
    Yesugei traversa la tente et quelque

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