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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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comme un vieux bâton, et Temüdjin songea,
la mort dans l’âme, que la journée serait longue et dure.
    Au moment où il rajustait ses vêtements, il sentit une main
sur son bras. Sholoi lui tendit un seau en bois, et lorsque le garçon le prit, il
lui en accrocha un autre à sa main libre.
    — Va les remplir et reviens vite, ordonna-t-il.
    Temüdjin se dirigea vers le murmure de la rivière en songeant
à Khasar et à Kachium. Ils lui manquaient déjà et il n’avait aucun mal à
imaginer la scène paisible de leur réveil dans la tente qu’il avait toujours
connue, Hoelun les secouant pour qu’ils s’attellent à leurs tâches. À son
retour, les seaux pesaient au bout de ses bras mais il avait faim et Sholoi le
priverait sans doute de repas s’il lui donnait l’occasion de le punir.
    Dans la tente, le poêle était allumé et Börte n’était plus
sous ses couvertures. Shria, la minuscule femme de Sholoi, nourrit le feu avant
de refermer la porte du poêle avec un claquement. Elle n’avait pas dit un seul
mot à Temüdjin depuis son arrivée. Il regardait la théière avec envie mais
Sholoi entra au moment où le garçon posait ses seaux et il le fit ressortir en
lui pinçant le biceps.
    — Quand le soleil sera levé, tu rabouteras les plaques
de feutre. Tu sais tondre ?
    — Non, je n’ai jamais… commença Temüdjin.
    — Tu ne me sers pas à grand-chose, hein ? Les seaux,
je peux les porter moi-même. Lorsqu’il fera jour, tu ramasseras des crottes de
mouton pour le poêle. Tu sais mener un troupeau ?
    — Je l’ai déjà fait, se hâta de répondre le garçon.
    Il espérait qu’on lui rendrait son cheval pour qu’il puisse
s’occuper des bêtes. Cela lui permettrait d’échapper au moins un moment chaque
jour à sa nouvelle famille. Remarquant son empressement à répondre, Sholoi
plissa sa bouche édentée.
    — Tu veux retourner auprès de ta mère, c’est ça ? Un
peu de travail te fait peur ?
    — Non. Je sais tanner le cuir et tresser des cordes
pour les brides et les selles. Je sais sculpter le bois, la corne et l’os.
    — Je n’ai pas besoin d’une selle pour un cheval que je
n’ai pas, répliqua Sholoi. On ne naît pas tous dans la soie et la fourrure.
    Temüdjin vit venir le poing du vieil homme et l’esquiva en
tournant la tête. Sholoi ne se fit cependant pas prendre une seconde fois et le
frappa jusqu’à ce qu’il tombe sur le rond de sol sombre où l’urine avait rongé
le givre. Comme il tentait de se relever, Sholoi lui donna un coup de pied dans
les côtes. Temüdjin parvint à se remettre debout en chancelant, se demandant ce
que cherchait le vieil homme en l’humiliant ainsi à chaque instant.
    Sholoi eut un sifflement exaspéré puis cracha et tendit le
bras pour saisir Temüdjin de ses doigts noueux. Le garçon recula en baissant la
tête pour se protéger d’une pluie de coups dont plusieurs atteignirent
néanmoins leur cible. L’instinct lui soufflait de riposter mais il n’était même
pas sûr que Sholoi le sentirait. Dans l’obscurité, l’homme semblait plus grand,
plus effrayant.
    — Assez ! cria le garçon. Assez !
    Sholoi ricana, haletant comme s’il avait couru sous le
soleil de midi.
    — J’ai brisé des bêtes plus rétives que toi. Tu ne vaux
pas mieux que je le pensais, dit-il avec mépris.
    Temüdjin se rendit compte qu’il voyait à présent les traits
de Sholoi. Les premiers rayons du soleil éclairaient l’est et la tribu s’éveillait
enfin. L’homme et l’adolescent sentirent tous deux en même temps qu’on les
observait et se retournèrent. Börte les regardait.
    Temüdjin rougit d’une honte plus cuisante encore que les
coups. Sous le regard de sa fille, Sholoi parut embarrassé. Sans dire un mot, il
abandonna Temüdjin et disparut dans la pénombre fétide de la yourte.
    Le garçon sentit du sang couler de son nez sur sa lèvre
supérieure, qu’il essuya d’un geste rageur. Le mouvement fit sursauter la fille
de Sholoi, qui lui tourna le dos et partit en courant dans les premières lueurs
de l’aube. Pendant quelques instants, Temüdjin se retrouva seul et se sentit
perdu, misérable. Les membres de sa nouvelle famille ne valaient guère mieux
que des bêtes, pour ce qu’il en avait vu, et ce n’était que le commencement du
premier jour.
     
     
    Börte courait entre les tentes, évitant les obstacles, échappant
à un chien qui tenta un instant de la poursuivre.
    Quelques crochets rapides et

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