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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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sœur va-t-elle bien ?
    — Elle m’a donné une fille, répondit Yesugei. Peut-être
m’enverras-tu un jour un de tes fils.
    Enq hocha la tête, bien que l’idée ne parût pas le séduire.
    — Le sang est-il venu à la fille que tu as trouvée pour
mon aîné ? demanda Yesugei.
    — Pas encore, d’après sa mère. Elle vous rejoindra
quand elle sera prête.
    Enq sembla sur le point d’ajouter quelque chose puis referma
la bouche, avec une résolution qui creusa les rides au coin de ses lèvres.
    Temüdjin se percha au bord d’un lit, nota la qualité des
couvertures. Se rappelant les recommandations de son père, il prit le bol de
thé qu’on lui tendait dans sa main droite, la gauche en coupe soutenant le
coude droit selon l’usage. Personne n’aurait pu critiquer ses manières devant
les Olkhunuts.
    Tous burent le thé en silence et le jeune Mongol commença à
se décontracter.
    — Pourquoi ton fils ne m’a-t-il pas salué ? demanda
soudain Enq.
    Temüdjin se raidit de nouveau, posa son bol et se leva. Enq
fit de même et le garçon constata avec plaisir qu’il l’égalait en taille.
    — C’est un honneur pour moi de te rencontrer, oncle. Je
suis Temüdjin, deuxième fils du khan des Loups. Ma mère t’envoie ses salutations.
Te portes-tu bien ?
    — Je me porte à merveille, mon garçon. Mais je vois qu’il
te reste à apprendre la politesse de notre peuple. Tu…
    Yesugei toussota et Enq n’alla pas plus loin, mais la lueur
irritée de son regard n’échappa pas à Temüdjin. Le garçon se retrouvait plongé
dans un monde adulte de jeux subtils et il songea de nouveau avec effroi au
moment où son père le quitterait.
    — Comment va ta hanche ? murmura Yesugei.
    Les minces lèvres d’Enq se tordirent en un sourire.
    — Je n’y pense jamais.
    Temüdjin remarqua sa démarche raide quand il alla se
rasseoir et en éprouva une satisfaction secrète. Il n’était pas obligé d’aimer
ces gens étranges. C’était encore une épreuve, comme tout ce que Yesugei
concoctait pour ses fils. Il la subirait.
    Le khan changea abruptement de sujet :
    — Y a-t-il une femme pour lui sous tes tentes ?
    Enq vida le reste de son bol de thé, le tendit pour qu’on le
remplisse.
    — Il y a une famille qui n’a pas trouvé de parti pour
sa fille. Ses parents seront heureux qu’elle mange la viande et le lait de
quelqu’un d’autre.
    Yesugei approuva de la tête.
    — Je la verrai avant de partir. Il faut qu’elle soit
vigoureuse et capable de donner des enfants aux Loups. Qui sait, elle pourrait
un jour devenir mère de la tribu.
    Enq buvait son thé salé comme s’il réclamait toute son
attention. Temüdjin mourait d’envie de fuir l’odeur rance de cet homme et sa
tente lugubre mais il se força à ne pas bouger et à écouter. Son avenir
dépendait de ce moment.
    — Je te conduis à elle, dit l’Olkhunut.
    Yesugei secoua la tête.
    — Bon sang vient de bonne lignée, Enq. Je verrai ses
parents avant mon départ.
    Enq acquiesça avec réticence.
    — Comme tu voudras. Il faut que j’aille pisser, de
toute façon.
    Temüdjin se leva, s’écarta au passage de son oncle qui se
dirigea vers la portière. Presque aussitôt, on entendit l’urine bouillonner. Yesugei
eut un rire de gorge qui n’avait rien d’amical. Il tendit le bras et pressa la
nuque de Temüdjin puis les deux Loups, unis par cet échange muet, s’avancèrent
sous le soleil.
    Les Olkhunuts semblaient affligés d’une curiosité insatiable
pour leurs visiteurs. Des dizaines d’entre eux se pressaient autour de la tente
d’Enq, qui fendit la foule en chassant à coups de pied deux chiens jaunes qui
traînaient sur son passage. Derrière lui, Yesugei croisa le regard de Temüdjin
et hocha la tête pour le rassurer.
    Chaque pas claudicant du frère de Hoelun rappelait sa
vieille blessure tandis qu’il se faufilait entre les yourtes. Sentant leurs
yeux sur lui, il rougit en conduisant les deux Loups vers la lisière du camp. Les
Olkhunuts suivaient en observant les étrangers sans la moindre gêne.
    Un grondement de sabots s’éleva derrière leur petit groupe
et Temüdjin fut tenté de se retourner. Il vit son père jeter un coup d’œil
par-dessus son épaule et se dit que s’il y avait eu une menace le khan aurait
dégainé son sabre. Bien que sa main serrât la poignée de l’arme, Yesugei
souriait. Le bruit se rapprocha jusqu’à ce que le sol se mette à trembler sous
leurs pieds.
    Au

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