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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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lancés à vive allure faillirent
heurter les deux chevaux arrêtés dans la plaine. Eeluk entendit Bekter appeler,
se laissa retomber sur sa selle. L’ardeur de la bataille bouillonnant encore en
lui, il fut soudain furieux que le fils de Yesugei les eût dérangés pour rien. Il
raccrocha son arc au pommeau de sa selle, sauta à terre et dégaina son sabre. La
nuit les enveloppait, il ne savait pas encore ce qui se passait.
    — Eeluk ! Aide-moi ! cria Bekter d’une voix
tendue.
    Il trouva le garçon tenant dans ses bras la masse effondrée
du corps de Yesugei. Eeluk sentit son cœur battre douloureusement dans sa
poitrine tandis que les dernières traces de la rage du combat le quittaient.
    — Il est blessé ? demanda-t-il en s’agenouillant
près de son khan.
    — Il est tombé, Eeluk. Il est tombé dans mes bras, dit
Bekter, au bord de la panique. Je n’ai pas pu le retenir.
    Eeluk posa une main sur l’épaule du garçon pour le calmer, se
releva et siffla pour ordonner aux autres d’approcher. Il saisit les rênes d’un
cavalier.
    — Basan, va chez les Olkhunuts pour connaître la vérité.
    — C’est la guerre ? demanda l’homme.
    — Peut-être. Dis-leur que s’ils ne te laissent pas
revenir, nous fondrons sur eux et que je réduirai leurs tentes en cendres.
    Le guerrier partit, le bruit des sabots de son cheval s’éloignant
rapidement dans la nuit.
    Yesugei grogna, ouvrit les yeux, eut un instant de frayeur
en découvrant les ombres qui se mouvaient autour de lui.
    — Eeluk ? murmura-t-il.
    — Je suis là, mon khan.
    Ils attendirent d’autres mots mais Yesugei avait à nouveau
perdu connaissance.
    — Il faut le ramener pour soigner sa blessure, décida Eeluk.
Recule, mon garçon. Tu ne peux rien faire pour lui ici.
    Hébété, Bekter ne parvenait pas à accepter que ce soit son
père qui gisait à ses pieds.
    — Il est tombé, répéta-t-il, égaré. Il va mourir ?
    Eeluk baissa les yeux vers l’homme terrassé qu’il avait
suivi pendant toute sa vie adulte. Avec autant de douceur qu’il le put, il prit
Yesugei sous les aisselles, le souleva et l’appuya contre son épaule. Le khan
était un homme puissant, rendu plus lourd encore par sa cotte de mailles, mais Eeluk,
vigoureux, ne montrait aucun signe d’effort.
    — Aide-moi à le hisser sur son cheval, Bekter. Nous
devons le mettre au chaud. Une nuit ici l’achèverait.
    Une pensée lui vint tandis qu’il plaçait Yesugei en travers
de sa selle, ses longs bras touchant presque le sol.
    — Où est son sabre ? Tu l’as vu ?
    — Non, répondit Bekter. Il a dû tomber en même temps
que lui.
    Eeluk monta sur sa jument avec un soupir. Il sentit sur sa
poitrine la chaleur du sang de Yesugei et se pencha en avant pour dire au fils :
    — Marque l’endroit pour pouvoir le retrouver quand il
fera jour. Yesugei ne te remerciera pas si tu as perdu le sabre de son père.
    Sans réfléchir, Bekter se tourna vers un autre des féaux de
son père qui se tenait à proximité, abasourdi.
    — Reste ici, Unegen. Je dois retourner au camp avec mon
père. Dès que tu pourras y voir, cherche en décrivant des cercles et
rapporte-moi le sabre quand tu l’auras trouvé.
    — Je ferai ce que tu demandes, répondit l’homme dans l’obscurité.
    Bekter retourna à son cheval et ne vit pas l’expression que
le visage d’Eeluk avait prise pendant l’échange. Le monde venait de changer, Eeluk
ignorait ce que demain réservait à chacun d’eux.
     
     
    Hoelun essuya ses larmes avant de faire face aux féaux de
son époux. Hommes et femmes de la tribu étaient accourus, avides de nouvelles, dès
que le bruit de la blessure du khan s’était répandu. Elle aurait voulu avoir
quelque chose à leur annoncer mais Yesugei n’avait pas encore repris
connaissance et était étendu sous la tente, la peau brûlante. Personne n’était
retourné se coucher tandis que le soleil se levait et montait haut dans le ciel.
    — Il vit encore. J’ai nettoyé sa blessure mais il n’a
pas rouvert les yeux.
    Eeluk hocha la tête et Hoelun ne put que remarquer la façon
dont les autres guerriers le regardaient. Kachium et Temüge étaient là avec
Khasar, pâles et sous le choc après avoir vu leur père inconscient. Yesugei
semblait plus petit sous les couvertures, sa faiblesse emplissait ses fils d’une
frayeur plus grande que toutes celles qu’ils avaient connues. Il avait été une
telle force pour eux, il ne semblait pas possible

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