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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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qu’il ne reprenne jamais
connaissance. Hoelun avait peur pour eux tous mais ne le montrait pas. Sans
Yesugei pour les protéger, la cupidité allumait déjà des lueurs dans le regard
des autres. Eeluk, en particulier, semblait retenir un sourire en lui parlant, même
si ses propos demeuraient courtois.
    — Je vous préviendrai s’il revient à lui, promit-elle
aux guerriers avant de retourner dans la tente pour échapper à leur intérêt
glacé.
    Sa fille Temülen vagissait dans son berceau pour qu’on la
change et ses cris semblaient faire écho à la voix qui hurlait en Hoelun et qu’elle
parvenait difficilement à retenir. Elle ne devait pas la laisser s’échapper, pas
tant que ses enfants auraient besoin d’elle.
    Temüge l’avait suivie, sa petite bouche tremblant de chagrin.
Hoelun le prit dans ses bras et calma ses sanglots, alors même que les siens
reprenaient de plus belle. Ils pleurèrent ensemble au chevet de Yesugei, qui ne
pouvait les entendre.
    — Qu’arrivera-t-il s’il meurt ? demanda Temüge.
    Elle lui aurait peut-être répondu si la portière ne s’était
pas soulevée. Eeluk entra. Furieuse d’être surprise dans ce moment de faiblesse,
Hoelun se redressa.
    — J’ai envoyé tes autres fils s’occuper des troupeaux
pour la journée, dit-il. Cela détournera leurs pensées de leur père.
    C’était peut-être un effet de son imagination mais elle crut
de nouveau déceler une lueur de satisfaction, vite dissimulée, dans les yeux d’Eeluk
quand il regarda le corps immobile de Yesugei.
    — Tu as su être fort quand la tribu en avait besoin, déclara-t-elle.
Mon mari te remerciera lui-même à son réveil.
    Comme s’il l’avait à peine entendue, Eeluk hocha vaguement
la tête en s’approchant de Yesugei. Il posa une main sur le front du khan, toujours
brûlant, se pencha pour renifler la blessure et Hoelun sut qu’il ne manquerait
pas de sentir la putréfaction qui violaçait la chair.
    — J’ai versé de l’airag brûlant dans la plaie, dit-elle.
J’ai des herbes pour faire tomber la fièvre.
    Elle se forçait à parler pour briser le silence. Eeluk avait
changé d’une manière subtile depuis le retour de Yesugei. Il se pavanait devant
les hommes et la défiait du regard chaque fois qu’elle ouvrait la bouche.
Hoelun prononçait le nom de Yesugei à chaque occasion, comme si cela pouvait
contribuer à le maintenir dans ce monde. L’autre issue était trop effrayante, elle
n’osait pas l’envisager. Il fallait que Yesugei vive.
    — Ma famille est liée à la sienne depuis la naissance, rappela
Eeluk à voix basse. J’ai toujours été loyal.
    — Il le sait. Je suis sûre qu’il t’entend et te
considère toujours comme le meilleur de ses hommes.
    — Mais s’il mourait, commença Eeluk en se tournant vers
Hoelun, sa mort me délierait de mon allégeance.
    Elle le regarda avec horreur et dégoût. Tant que les mots n’étaient
pas prononcés, le monde demeurait le même et elle parvenait à maîtriser sa peur.
Elle redoutait ce qu’il oserait peut-être dire s’il ouvrait de nouveau la
bouche.
    — Il survivra, assura-t-elle d’une voix tremblante qui
la trahissait. La fièvre passera et il saura que tu lui es resté fidèle quand
cela comptait.
    Paraissant enfin l’entendre, Eeluk secoua la tête et la
lueur méfiante de ses yeux disparut.
    — Oui, il est encore trop tôt, admit-il.
    Il regarda le visage blême du khan, le pansement taché de
sang de sa poitrine.
    — J’ai cependant des obligations envers les familles, poursuivit-il.
Je dois les garder fortes. Je dois songer aux Loups et aux jours à venir, dit-il
comme s’il s’adressait à lui-même.
    Hoelun avait peine à respirer devant cet effondrement des
certitudes de sa vie. Elle pensa à ses enfants et ne put supporter l’expression
calculatrice d’Eeluk. Ils étaient innocents, ils souffriraient.
    Eeluk partit sans ajouter un mot, comme s’il ne se souciait
plus des convenances. Peut-être ne comptaient-elles plus pour lui. Hoelun avait
lu sur son visage son désir de pouvoir, il était trop tard pour le déguiser. Même
si Yesugei se levait de sa couche, soudain guéri, les choses ne seraient plus
jamais comme avant, car l’appétit d’Eeluk avait été éveillé.
    Hoelun entendit Temüge sangloter et lui ouvrit de nouveau
les bras. Le bébé délaissé pleurait dans le berceau.
    — Que va-t-il nous arriver ? demanda le petit
garçon en larmes.
    Elle secoua la tête

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