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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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juché sur une crête, il guettait le retour de son père. Il avait le dos
meurtri après avoir passé la journée en selle avec les troupeaux. Au moins, cette
journée n’avait pas été morne. Il avait sauvé un chevreau tombé dans une zone
marécageuse bordant la rivière. Une corde autour de la poitrine, il avait
pataugé dans la boue noire pour en tirer l’animal terrifié avant qu’il se noie.
Le chevreau s’était débattu mais Bekter l’avait tiré par une oreille et ramené
sur la terre ferme. En promenant lentement son regard sur la plaine, le garçon
gratta machinalement une plaque de boue séchée sur sa peau.
    Il aimait fuir le bavardage et le bruit des tentes. En l’absence
de son père, il sentait une subtile différence dans la façon dont les autres le
traitaient, en particulier Eeluk. L’homme se conduisait avec humilité quand
Yesugei était là pour exiger son obéissance mais, lorsqu’ils étaient seuls, Bekter
sentait chez le féal une arrogance qui lui déplaisait. Rien de précis qu’il
aurait pu rapporter à son père, mais il évitait Eeluk et restait sur ses gardes.
Le mieux, avait-il découvert, c’était de conserver le silence et de se montrer
l’égal des guerriers tant au travail qu’à l’exercice. Là au moins, il pouvait
faire la preuve de ses qualités, même si cela ne l’aidait pas de sentir les
yeux de Temüdjin sur sa nuque quand il bandait son arc. Il n’avait éprouvé que
du soulagement lorsque son frère était parti vivre chez les Olkhunuts. En fait,
il espérait que les raclées qu’il prendrait là-bas lui mettraient dans la tête
un peu de bon sens et de respect pour ses aînés.
    Bekter se rappela avec plaisir la façon dont Koke l’avait
défié dès le premier jour. Plus jeune, son cousin n’avait pas été de taille à
lutter contre la férocité de Bekter, qui l’avait estourbi et roué de coups de
pied jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Les Olkhunuts avaient paru choqués
par sa violence, comme si les garçons de leur tribu ne se battaient pas. Bekter
cracha au souvenir de leurs visages de mouton à l’expression réprobatrice. Koke
ne s’était plus risqué à le provoquer. La leçon, donnée de bonne heure, avait
été profitable.
    Naturellement, Enq l’avait corrigé avec un bâton de feutrage,
mais Bekter avait enduré les coups sans un cri avant d’arracher le bâton des mains
de l’oncle pantelant pour montrer sa force. Après quoi, on l’avait laissé
tranquille et Enq s’était gardé de le faire travailler trop durement. Les
Olkhunuts étaient aussi pleutres que Yesugei le disait, mais leurs femmes, douces
et belles, le troublaient lorsqu’elles passaient devant lui.
    Il songea que le sang avait dû venir à sa fiancée bien que
sa famille ne la lui eût pas encore envoyée. Il se souvint du jour où il l’avait
emmenée galoper dans la plaine et l’avait allongée sur la berge d’une rivière. Elle
s’était un peu débattue au début quand elle avait compris ce qu’il voulait
faire et il s’était montré maladroit. Finalement, il avait dû la forcer, quoiqu’il
n’exigeât rien de plus que son droit. Elle n’aurait pas dû le frôler dans la
tente si elle ne voulait pas que cela lui arrive, pensa-t-il en souriant. Même
si, après, elle avait pleuré un peu, Bekter avait cru déceler une lueur
nouvelle dans son regard.
    Il sentit son membre se raidir au souvenir du corps nu de sa
fiancée et se demanda de nouveau quand sa famille la lui enverrait. Le père de
la fille l’avait pris en aversion, mais les Olkhunuts n’oseraient pas faire un
affront à Yesugei. De plus, ils ne pouvaient guère la donner à un autre homme
après qu’il eut répandu sa semence en elle. Peut-être même était-elle grosse. Bekter
ne pensait pas que ce soit possible avant que le sang lunaire lui vienne, mais
il savait qu’il y avait là des mystères qui lui échappaient.
    La nuit devenait trop froide pour qu’il laisse son
imagination le tourmenter et le distraire de sa garde. Les familles des Loups
voyaient en lui celui qui les mènerait un jour, il en était presque certain, même
si, en l’absence de Yesugei, elles prenaient toutes leurs ordres d’Eeluk. C’était
lui qui avait envoyé les éclaireurs et organisé les tours de garde, mais c’était
une chose à laquelle Bekter devait s’attendre tant qu’il n’aurait pas pris
femme et tué son premier homme. Jusque-là, il resterait un gamin aux yeux des
guerriers,

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