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Le Lys Et La Pourpre

Le Lys Et La Pourpre

Titel: Le Lys Et La Pourpre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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contre Richelieu et
le roi. Ce billet glissé sous votre porte est rédigé tout cru dans le style,
l’esprit et la violence de la Sainte Ligue ou plutôt de cette ligue qui se
prétendait sainte ! Ces dévots – pas tous, la Dieu
merci ! – sont race fanatique, calomnieuse et assassinante. Ils ont
tué Henri III, parce qu’il s’était allié à Henri IV, alors hérétique.
Et ils ont tué notre Henri, parce qu’il s’était allié aux pays protestants pour
faire la guerre aux Habsbourg. Ils n’auraient aucun scrupule à tuer aussi Louis
pour le punir de sa victoire de la Valteline sur les troupes pontificales. Et
plus encore, parce qu’ils appréhendent son attitude résolue à l’égard des
Habsbourg.
    — Mais, dis-je, il ne sera pas aussi facile de
poignarder notre Louis que les deux Henri. Il est fort méfiant, il ne se laisse
pas approcher facilement, et il est très entouré. Savez-vous qu’il a fait venir
hier six cents hommes à Fontainebleau ?
    — Je l’ai ouï aussi, dit mon père, mais le cardinal,
lui, n’a pas de garde et n’en veut point avoir, ne voulant pas en être encombré
partout où il ira.
    — Il compte peut-être sur le caractère sacré de sa robe
pour le protéger, dit La Surie.
    — Et il aurait bien tort ! s’écria mon père.
Henri III, après avoir exécuté le duc de Guise, ordonna à deux de ses
hallebardiers d’en finir avec le cardinal de Guise et il fut aussitôt obéi…
    — Mais diantre sait pourquoi, moi, humble rouage, je
suis soudainement menacé !
    — Pour la seule raison que vous êtes un fidèle
serviteur du roi. Ce serait faire un exemple que de vous occire. Sous le règne
à Paris des sanguinaires Seize [32] , la méthode de la terreur était, par
les ligueux, très affectionnée. Quand la Sainte Ligue était toute-puissante,
j’ai échappé à deux attentats coup sur coup et j’en aurais essuyé davantage, si
je ne m’étais caché sous un faux nom, et sous une fausse défroque de marchand
drapier. Mon fils, il faudra d’ores en avant vous protéger.
    — Et comment ?
    — Ne sortez jamais que fortement accompagné. Portez sur
vous, outre votre épée, deux pistolets chargés. Quand vous cheminez à cheval
dans les rues de Paris, surveillez les fenêtres. Ramentez-vous la façon dont
Coligny, parce qu’il était le champion de la résistance à l’Espagne, fut arquebusé
d’une fenêtre sur l’ordre de la Médicis. Combien de Suisses vous accompagnent à
Orbieu à l’accoutumée ?
    — Une douzaine.
    — Comment sont-ils armés ?
    — Un pistolet dans les fontes, un mousquet et une épée.
    — Il y faudrait aussi une pique amarrée le long du
flanc de chaque cheval. Quand on est assailli par un chamaillis d’épées, les
piques sont la meilleure réponse.
    — À mon sentiment, une douzaine de Suisses, dit La
Surie, sont bien loin de suffire. Si vous êtes embûché, sur le chemin, vous
serez content d’en avoir le double.
    Je me récriai à ce chiffre.
    — Vingt-quatre Suisses ! Mais c’est la
ruine !
    — La vie passe avant la pécune ! dit mon père
gravement. Songez aussi que le cardinal, qui ne veut pas de gardes, sera sans
doute bien aise de vous voir survenir avec vos Suisses à Fleury en Bière. Et
d’un autre côté, si vous servez d’escorte au cardinal, vous pouvez espérer, par
Schomberg, rentrer dans vos débours…
    — Mon neveu, dit La Surie, il faudra aussi remparer
votre carrosse, garnir l’intérieur de vos portes d’épais panneaux de chêne, ne
laissant qu’une fente étroite en haut pour avoir des vues et vous permettre de
tirer vous-même.
    — Et qui va faire cela ? dis-je.
    — Lachaise, dit mon père. Il est fort habile à
travailler le bois. Mais il lui faudra la journée. Vous ne pouvez donc départir
que demain matin. Néanmoins allez faire un tour ce matin au Louvre et dites à
deux ou trois personnes que vous partez meshui dans l’après-midi pour Fleury en
Bière. S’il doit y avoir, vous devançant, une embûche dressée sur le chemin,
elle s’énervera dans une attente vaine et en toute probabilité, ne la voudra
pas prolonger jusqu’au lendemain…
    — Eh bien ! J’y vais de ce pas, dis-je d’un ton
alerte (car tout cela m’excitait au dernier point). Mon père, voudriez-vous
envoyer un petit vas-y-dire au chef des Suisses de louage pour qu’il vienne
céans discuter avec moi d’une nouvelle embauche sur les onze heures ?
    Lachaise ayant besoin de

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