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Le Manuscrit de Grenade

Le Manuscrit de Grenade

Titel: Le Manuscrit de Grenade Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marianne Leconte
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Oubliant qu’elle-même était en fuite et pouvait être recherchée, la nièce de doña Maria n’eut plus qu’une envie, foncer vers le village. Elle s’exclama :
    — Ce feu vient de la place de l’Église. On dirait que le couvent brûle. Dépêchons-nous !
    — Toi, tu restes ici, ordonna l’hidalgo. Je vais voir ce qui se passe et, si tout va bien, je viendrai te chercher. En attendant, trouve-toi une cachette et reste tranquille.
    — Je dois aller avec vous ! s’écria Isabeau. Je sais me battre. Je peux vous aider, ajouta-t-elle d’un ton suppliant.
    Pour la première fois, son protecteur faillit perdre son sang-froid. D’un ton sarcastique, qu’elle trouva odieux, il persifla :
    — Tu en as assez fait pour aujourd’hui mon garçon. Je préfère me passer de tes services.
    Puis ignorant son air déconfit, il s’élança au galop sur la route pentue qui menait à la cité.
    Mécontente, la jeune fille continua son chemin le long du fleuve jusqu’à une anfractuosité qu’elle connaissait bien pour y avoir joué gamine avec les enfants du village. Sans hésiter elle sauta à bas de sa mule, l’attacha à un arbrisseau puis entra dans la grotte. Une torchère murale allumée en permanence attendait le passage des contrebandiers. Ils étaient protégés par une grande partie de la population, à qui ils rendaient de nombreux services. Elle s’empara d’une chandelle posée sur le sol et l’enflamma.
     
    S’enfonçant dans les galeries qui grimpaient vers Setenil, Isabeau retrouva sans problème le couloir qui menait à la citerne à demi enterrée. Une fois en haut, elle longea les murs de pierre qui recueillaient les pluies, ouvrit une porte, monta les quelques marches qui la séparaient d’un vaste espace clos par des palissades. Le lavoir situé entre l’église et l’auberge qui hébergeait les pèlerins abritait trois grandes vasques rectangulaires. Celles-ci étaient alimentées par un système complexe de tuyaux qui remontaient l’eau du fleuve quand la citerne était vide.
    Dissimulée derrière les planches à claire-voie, Isabeau, découvrit une scène apocalyptique. Elle crut d’abord qu’une armée d’infidèles tentait de reprendre Setenil. Jusqu’à ce qu’elle distinguât les combattants qui s’entre-tuaient. Des moines en robes de bure marron, armés de bâtons enflammés, luttaient au corps à corps contre des soldats qui les massacraient à coup de sabres et de poignards.
    Au fond de la place, le couvent n’était plus que ruines. Les toits avaient brûlé ainsi que les portes et les fenêtres. Sur le parvis de l’église, devant le portail central, elle aperçut la silhouette aisément reconnaissable du commandeur des chevaliers de Gregorio et maudit les bandoleros qui, en s’emparant d’elle, l’avaient retardée. Lors de leur rencontre à l’auberge abandonnée, elle avait eu la présence d’esprit d’envoyer Koldo dans une mauvaise direction. Un mensonge inutile, hélas !
    Le commandeur surveillait la bataille et, bien qu’il soit impossible de lire ses pensées sur son visage masqué, il semblait évident, en voyant son grand corps s’appuyer nonchalamment contre les portes sculptées, que le spectacle le laissait indifférent. Les moines tombaient les uns après les autres. Les quelques rescapés ne tarderaient pas à succomber sous le nombre des quadrilleros .
    Le cœur serré d’appréhension, Isabeau cherchait son oncle dans la mêlée quand enfin elle reconnut le prieur à ses habits de cérémonie. Il était allongé sur le dos, non loin d’elle, sur le parvis.
    N’obéissant qu’à son instinct, la jeune fille sortit du lavoir et franchit en courant les quelques mètres qui la séparaient du corps de son oncle. Elle s’apprêtait à l’interpeller à voix basse quand elle recula, horrifiée, en voyant ce qu’on lui avait fait. Elle se réfugia dans l’ombre d’un mur pour vomir. Mains et pieds tronçonnés, nez coupé, yeux crevés, le prieur avait eu une fin atroce. En suggérant à Pedro et Myrin de se réfugier au monastère, elle avait signé son arrêt de mort. Qu’étaient devenus ses amis ?
    Pedro avait-il subi le même traitement ? Myrin ne risquait rien dans l’immédiat, pas avant que le Grand Inquisiteur ne l’ait interrogée en personne. Nauséeuse, Isabeau s’était adossée contre les pierres chaudes d’un arc-boutant.
    C’est alors que l’hidalgo déboula sur la place.
    L’arrivée d’un cavalier au

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