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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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de l’Irlande ancienne, sur Cuculhain, Maeve et le pays des fées de Tirnaog. Elle le reposa à côté de l’exemplaire des oeuvres de Chaucer qu’elle avait offert à l’Irlandais pour la Saint-Jean, puis elle souffla la bougie.
    — Tu deviens sentimentale Swinbrooke, ironisa-t-elle. L’Irlandais reviendra, il recommencera ses taquineries et tu le souhaiteras au diable, de nouveau.
    Kathryn retourna vivement dans sa chambre où elle se lava et se changea. En entendant frapper à la porte, elle enfila rapidement des chaussons de peau souple. Qui bravait ainsi les éléments pour venir la consulter si tôt ? Pourvu qu’il ne s’agisse pas d’une urgence. C’est alors qu’une voix d’homme retentit.
    — Colum !
    Elle quitta la pièce à la hâte, mais sur le palier, elle reconnut les intonations joviales de Simon Luberon, le clerc gentil mais suffisant du Conseil de la ville. Elle descendit l’escalier en courant. Luberon était devant le feu, son capuchon rejeté en arrière, et il réchauffait aux flammes ses doigts grassouillets. Il se dressa à l’entrée de Kathryn, son gros visage jovial rayonnant. Le clerc ne l’admettrait jamais, mais il avait un penchant secret, mieux, une passion, pour cette femme médecin brune et sereine.
    — Kathryn.
    Il tendit les deux mains, puis les glissa, gêné, dans les manches volumineuses de son manteau, tout en avançant.
    — Il vaut mieux que je ne vous touche pas, dit-il en riant, j’ai les mains gelées.
    Kathryn le prit par les épaules et l’embrassa légèrement sur ses joues couvertes de givre.
    — Vous n’avez donc pas de gants, Simon ?
    Le petit clerc sautilla d’un pied sur l’autre.
    — J’en avais, mais je les ai perdus, bafouilla-t-il. Kathryn s’en fut au placard à linge, dans le mur de la cuisine, près de la cheminée, et elle en revint avec une paire de gants bleu foncé.
    — Tenez, Simon, c’est un présent. Vous avez des mains de la taille des miennes, à peu près.
    Luberon rougit de confusion, mais il accepta aussitôt le cadeau, et enfilant les gants, il étendit les mains, s’extasiant :
    — Merveilleux ! Ils sont si chauds !
    — Un homme doit toujours avoir chaud, chantonna Thomasina d’une voix flûtée, qu’il soit dedans ou dehors, si vous voyez ce que je veux dire, Maître clerc.
    Luberon lui lança un rapide regard. La vieille nourrice le soutint sans ciller, feignant toute la candeur du monde.
    — Asseyez-vous, Simon, je vous en prie, invita Kathryn, lui indiquant un siège au coin du feu. Agnes avança une autre chaise à côté.
    — À présent, reprit la jeune femme, Thomasina va vous servir un posset. Dites-moi, qu’est-ce qui vous amène ?
    — Des meurtres, répliqua le clerc avec nonchalance.
    Il dénoua les attaches de son manteau qu’il enleva pour le poser sur le dossier de son siège.
    — On pouvait penser qu’un hiver glacé refroidirait la fureur au coeur des hommes, mais il n’en est rien.
    Il se tut. Thomasina lui apporta une coupe d’étain remplie de vin aromatisé. Elle l’enveloppa de linges, et prit dans l’âtre un tisonnier rougi pour le plonger dans la coupe, l’y maintenant tant que le liquide grésillait à son contact.
    — Tenez, murmura la servante qui plaça délicatement la boisson entre les mains du petit clerc. Buvez cela, Maître Simon, et vous vous sentirez d’humeur à danser autour du mai.
    Luberon obéit avec circonspection. Kathryn croisa les bras, crispant et décrispant les doigts.
    — De quoi s’agit-il, Simon ? laissa-t-elle échapper. De quels meurtres parlez-vous ?
    Luberon huma en connaisseur le thym et le romarin qui flottaient à la surface du vin.
    — Connaissez-vous Richard Blunt ?
    — Oui, il habite dans Reeking Alley, derrière Sainte-Mildred.
    Kathryn se souvenait du vieux peintre bienveillant, avec son visage buriné par le soleil encadré de maigres cheveux gris, et son regard bleu intelligent. Surtout, elle n’avait pas oublié comme il avait su donner vie aux scènes qu’il avait peintes sur les murs gris de l’église paroissiale.
    — Il n’est pas mort, tout de même ?
    — Non, il a assassiné sa femme.
    Kathryn se figea, les yeux fixés sur le feu.
    — Il a épousé au printemps Alisoun, la fille d’un marchand.
    — C’est exact, confirma Luberon, on a même dit que c’était l’alliance du printemps et de l’hiver. Il avait trente ans de plus qu’elle.
    Kathryn se frotta le visage tandis que

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