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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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maison, transformait la neige en boue puante. Kathryn saisit le bras de Luberon qui prit un air avantageux en lui tapotant doucement la main.
    — Merci, Kathryn, murmura-t-il.
    — Pourquoi me remerciez-vous ?
    Le clerc dégagea de son capuchon son petit visage rougeaud.
    — Pour les gants, répliqua-t-il, et pour avoir accepté de m’accompagner.
    — Je vous tricoterai une paire de gants, Simon, déclara Kathryn. Il est temps que vous vous trouviez une bonne épouse.
    — Comme Thomasina  ? demanda Luberon pour la taquiner à son tour. Kathryn se mit à rire.
    — Thomasina serait peut-être un trop gros morceau pour vous.
    Ils s’arrêtèrent au coin d’Ottemelle Lane. Un bourgeois avait eu la bonté d’allumer un grand feu de bois au milieu de la rue pour que s’y réchauffent les mendiants et les pauvres. Ceux-ci, vêtus de haillons de la tête aux pieds, se bousculaient tout autour dans un bruit de murmures. L’odeur nauséabonde du gras qui brûlait souleva le coeur de Kathryn : de pauvres hères tentaient de faire cuire des morceaux de viande qu’ils avaient chapardés ou qu’on leur avait donnés en aumône. Près du feu de joie gisait sur le flanc un chien famélique,  son cadavre galeux raide et gelé. Deux gamins des rues dansaient autour de lui, le piquant avec un bâton. Kathryn tira le bras de Luberon pour qu’il s’arrête, et chercha dans sa bourse une pièce.
    — Laissez-le en paix ! dit-elle aux enfants affamés. Tenez et suivez-moi.
    Les gamins s’emparèrent de la pièce et emboîtèrent le pas à Kathryn et à Luberon qui s’engagèrent dans Hethenman Lane.
    — Vous voyez là-bas ? dit Kathryn, indiquant une file de gens devant la boulangerie. Demandez Maître Bernard et dites-lui que Maîtresse Swinbrooke…
    Elle fit répéter le nom aux enfants.
    — Dites-lui que Maîtresse Swinbrooke veut qu’on vous donne du gingembre chaud.
    Les deux gamins partirent à toutes jambes.
    — Il va falloir faire quelque chose, marmotta Luberon. Ces fichus moines du monastère pourraient se montrer plus coopératifs. Cantorbéry grouille de mendiants, et certains mourront sans voir le printemps.
    Deux hommes emprisonnés pour dettes et qui avaient été relâchés s’approchaient en traînant des pieds. Ils étaient liés l’un à l’autre par un poignet et une cheville, et tendaient la main, Demandant l’aumône pour eux et leurs compagnons de geôle. Kathryn et Luberon leur donnèrent chacun une pièce.
    — C’est toujours la même chose, murmura Kathryn, la neige épaisse dissimule le mal de la ville, mais ceux qui ne peuvent y faire face se remarquent de façon plus criante.
    Elle promena son regard alentour. Toutes les boutiques étaient fermées sauf celle du boulanger. Les éventaires et les baraques étaient vides, et dans les maisons, on avait clos portes et volets pour se protéger du froid glacial. Même les enfants ne jouaient plus dans la rue. Kathryn devait s’arrêter de temps à autre pour taper des pieds afin de les réchauffer. Ils obliquèrent enfin dans Worthingate Lane, qui longeait la haute masse du château de Cantorbéry, et, juste après Winchepe Gâte, pénétrèrent dans la vaste cour pavée de la Taverne du Vannier . Kathryn poussa un soupir de soulagement : on l’avait déneigée et on y avait répandu un mélange de terre et de sel pour éviter que les gens glissent. Quand un jeune serviteur arriva leur demandant ce qu’ils voulaient, Luberon se présenta d’un ton revêche, cependant que Kathryn regardait les lieux. Le Vannier était un établissement riche et prospère, bien situé entre les champs et la ville. Ses murs extérieurs étaient en pierres grises, les pavés, régulièrement taillés et agencés, et les écuries et les dépendances semblaient bien tenues avec leurs charpentes repeintes de frais. Une bonne odeur venait des cuisines. Kathryn leva les yeux et remarqua qu’à l’étage supérieur les fenêtres n’étaient que de simples meurtrières tandis qu’au rez-de-chaussée et à l’étage au-dessus, elles étaient grandes et garnies de verres peints sertis dans du plomb. Le jeune garçon les conduisit dans une vaste cuisine vide, blanchie à la chaux, où régnait un silence insolite. Les fourneaux n’étaient pas allumés, à l’exception d’un petit four à pain près de l’âtre, d’où s’échappait la délicieuse odeur de cuisson. Les tables et les appuis étaient si propres, si bien récurés que même

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