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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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rôti dans une sauce au carvi, il vaut mieux que je sois seule.
    Kathryn alla dans son cabinet d’écriture, tandis que Colum, qui ne tenait pas à être interrogé davantage, sortit surveiller Wuf qui jouait dans le jardin. Kathryn se reprit à réfléchir à l’Irlandais.
    Avait-il d’autres secrets ? La jeune femme se reprochait sa curiosité qui la tourmentait. Qui était-elle pour porter le blâme sur qui que ce soit ? Après tout, elle aussi avait des secrets. Des secrets que sa charge d’agent de la ville lui imposait de rendre publics. Mais qu’y pouvait-elle ? Elle déambula dans le corridor jusqu’à la porte de la cuisine. Près du bassin, Wuf s’amusait à faire glisser son disque en bois sur la glace pour démolir des tas de petits cailloux.
    — Sois prudent, Wuf ! cria Kathryn. Colum, je vous en prie, la glace est en train de fondre, et l’eau doit être si glacée qu’on n’y survivrait pas. En observant l’enfant jouer sous l’oeil de Colum, elle se souvint brusquement de Vavasour traversant la retenue d’eau gelée. Une idée lui vint.
    — Non, murmura-t-elle, c’est ridicule !
    Elle sortit dans le jardin et se ravisa vite parce que des coups violents et insistants retentissaient à la porte d’entrée. Agnes s’en fut ouvrir et Luberon, les joues rouges, les yeux brillants, pénétra dans le vestibule, aussi pompeux qu’un évêque.
    — Bonjour, Maîtresse Swinbrooke. Maître Murtagh est-il ici ?
    Lepetit homme frémissait littéralement d’excitation.
    — Que voulez-vous ? demanda Thomasina, bourrue. Comme tous les hommes, vous reniflez les bonnes odeurs de cuisine à des kilomètres à la ronde !
    Luberon tendit son manteau à Agnes et se frotta joyeusement les mains, fermant les yeux pour humer le fumet du porc qui cuisait.
    — Oh, Thomasina, vous ne renverriez pas un pauvre homme, voyons ? Je suis sûr que la meilleure cuisinière de Cantorbéry a bien un petit morceau à offrir au pauvre Luberon ?
    Thomasina se détourna, toute rougissante, et Colum, que le bruit avait attiré, arriva dans la cuisine.
    — Vous avez retrouvé Frenland, n’est-ce pas ? demanda Kathryn.
    Les yeux de Luberon faillirent lui sortir de la tête.
    — Comment le savez-vous ?
    En souriant, Kathryn l’invita à s’asseoir à la table qu’Agnes était en train de dresser.
    — Allons, Simon, vous vous joindrez bien à nous pour le souper. Colum ?
    Kathryn indiqua à l’Irlandais le bout de la table. Colum s’assit, et posa un regard interrogateur sur Kathryn.
    — Vous saviez donc que Frenland n’était pas mort ?
    Kathryn se mit à rire.
    — Bien sûr. D’abord, les chiens sauvages peuvent être dangereux, mais pas à ce point. Ils pourchasseront un enfant, ou s’attaqueront à un animal blessé, mais pas à un homme dans la force de l’âge. Ensuite, Frenland n’avait pas loin à courir : d’après la carte, le chemin par où il s’est enfui conduit à des villages et des hameaux. Enfin, j’étais étonnée qu’il vous ait questionné sur Alexander Wyville. Je pense que cela lui a donné une idée.
    — Une idée pour quoi faire ? demanda Colum.
    — Pour échapper à une épouse acariâtre.
    Kathryn rit encore.
    — Frenland a une autre femme, je ne me trompe pas, Simon ?
    — Certes, certes. Une veuve à l’oeil vif et aux bonnes joues.
    Luberon éleva la voix pour ajouter :
    — Elle vous ressemble beaucoup, Thomasina.
    — Attention à ce que vous dites ! s’exclama la cuisinière en riant.
    — Enfin, conclut Kathryn, j’ai regardé attentivement le manteau tout déchiré, imbibé de sang, et j’ai découvert des débris de cuir qui ressemblaient beaucoup à ceux d’une outre à vin. En vérité, Frenland a rempli une gourde en cuir de sang d’animal, qu’il s’est facilement procuré dans une ferme. Il en a inondé son manteau et s’en est allé. J’ai trouvé de menus fragments de cette gourde parmi les lambeaux de son vêtement.
    Elle prit la coupe de posset que Thomasina avait placée sur la table et la tendit à Luberon. Avec un soupir, le petit clerc goûta au breuvage en connaisseur.
    — Quand j’ai retrouvé Frenland, expliqua-t-il, je l’ai informé des accusations de sa femme. Il s’agit d’une affaire privée entre tous les deux, ou peut-être tous les trois, ajouta-t-il avec un sourire.
    S’adossant à son siège, Colum se mit à rire doucement et tapota le bras de Luberon.
    — Par tous les saints, comme la

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