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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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de la viande avariée. Il faut dire à ton maître de mieux nourrir ses apprentis. À présent, voici ce que tu dois faire. D’abord, ne consomme jamais quelque chose dont l’odeur est suspecte. Ensuite, tâche de garder les mains propres. J’ignore pourquoi, mais mon père disait toujours que des mains sales troublent les humeurs du corps. Maintenant, je vais te donner un flacon d’eau sucrée. Et puis bien sûr, observe une diète complète jusqu’à lundi matin.
    La mine de Wormhair s’allongea.
    — Je parle sérieusement, insista Kathryn. Si tu ne m’obéis pas, tu auras encore plus mal au ventre.
    — Et le remède ? demanda Wormhair plein d’espoir.
    — Attends-moi un instant.
    Kathryn s’en fut dans sa réserve et en revint avec une petite fiole.
    — C’est de l’armoise, expliqua-t-elle, on en trouve dans toutes les haies. Tu en verseras quelques gouttes dans de l’eau, et tu laisseras reposer le mélange le temps de réciter cinq Ave . Bois cela le matin, à midi et avant de te coucher. Je te promets que d’ici demain tu te sentiras beaucoup, beaucoup mieux.
    — Je me sens déjà moins mal, assura Wormhair. Kathryn sourit :
    — Et n’en veux pas à Wuf, il dit tout ce qui lui passe par la tête sans penser à mal. Que Dieu le bénisse, il ignore encore ce qu’est la mort.
    Kathryn retourna à la cuisine. Colum se retira dans sa chambre, et Wormhair s’en fut, afin de préparer l’autel pour la messe du lendemain, dit-il.
    Une heure plus tard, Kathryn et les siens partageaient le repas du soir dans un silence relatif car tout le monde était fatigué. Puis on se retira, et Kathryn s’assit au bord de son lit pour se déshabiller sans hâte. Elle s’interrompit et se mit à rire doucement. Il y avait eu tant à faire, ces derniers jours ! Avec Colum, ils s’étaient montrés ensemble comme un couple marié depuis des années. Cependant l’Irlandais était préoccupé, elle le savait. La disparition de Frenland, les accusations de sa mégère de femme, et le rapport qu’il devrait sans doute faire au roi sur le meurtre d’Erpingham ainsi que sur le vol des impôts le tracassaient beaucoup. Kathryn acheva de se dévêtir. Elle enfila une chemise de nuit, moucha les chandelles et demeura assise un moment dans son lit, emmitouflée dans ses couvertures. Comment avait-on assassiné Erpingham et volé l’argent dans sa chambre ? Qu’était allé faire Vavasour dans ce champ couvert de neige, puis sur cette retenue d’eau gelée ? Enfin et surtout, qu’avait-elle  aperçu dans la chambre de Vavasour ? Kathryn s’allongea, tirant les couvertures sur son visage. Elle entendit Thomasina monter, puis l’habituel échange de plaisanteries entre la servante et Colum, sur la galerie.
    — Passez une bonne nuit, ô vous la plus douce et la plus rondouillarde des femmes ! cria l’Irlandais.
    — Et bonne nuit à vous, prince des menteurs ! lança Thomasina en retour.
    Kathryn ferma les yeux et se laissa glisser dans le sommeil, avec l’image d’Emma Darryl en larmes présente à l’esprit.
    Le lendemain matin, elle avait la tête un peu lourde, après une nuit agitée. Elle n’en réveilla pas moins la maisonnée. Tout le monde s’habilla et l’on s’en fut à l’église Sainte-Mildred, par la rue verglacée.
    Ils prirent place dans le jubé, et Kathryn vit avec plaisir que Wormhair semblait mieux. Durant la messe, il ne cessa de jeter des regards à la dérobée à Agnes, qui se cachait modestement le visage. Le père Cuthbert fit un sermon concis sur l’importance, pour chacun, de se préparer à la venue du Christ, à Noël. Il ne fit pas allusion à la tragédie de chez Blunt, mais Kathryn remarqua que de nombreux membres de la paroisse, comme elle, contemplaient tristement le tableau inachevé, derrière l’autel. Le père Cuthbert préféra insister sur le fait que ses paroissiens devaient se confesser et assurer la bonne entente dans la communauté de Sainte-Mildred. Colum dut se dissimuler le visage de la main parce que le vénérable prêtre regardait à dessein la veuve Gumple. Celle-ci, installée sur un petit tabouret juste devant les marches de l’autel, arborait une coiffure ridicule en forme de corne, dont les voiles se déployaient comme une bannière autour d’elle. Kathryn ne put s’empêcher de  rire quand, quelques minutes  plus tard,  comme  tout le monde se joignait à la procession de l’offertoire, la coiffure de la veuve Gumple

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