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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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vie peut devenir compliquée ! dit-il.
    Kathryn observait le clerc qui ne cessait de jeter des regards au sac en cuir qu’il avait avec lui.
    — Vous avez autre chose à nous apprendre, n’est-ce pas, Simon ?
    Luberon posa sa coupe sur la table.
    — Blunt est mort, annonça-t-il à mi-voix.
    Kathryn pivota vivement comme Thomasina laissait échapper une assiette qui se fracassa sur la pierre du foyer.
    — Il est mort pendant la nuit, poursuivit Luberon. Il s’est éteint. Les gardes qui sont venus l’éveiller l’ont trouvé contre le mur de la cellule, les yeux fermés. J’ai prévenu Emma Darryl.
    Il regarda Thomasina par-dessus son épaule pour ajouter :
    — À propos, le prisonnier n’a ni mangé ni bu ce que vous lui aviez laissé.
    Il ouvrit le sac de cuir et en sortit un paquet enveloppé dans un torchon. Kathryn le prit et l’ouvrit avec précaution. Le pain était rassis et le fromage sec, mais le petit sachet de poudre que Thomasina y avait joint était toujours soigneusement fermé. Kathryn en coupa la ficelle avec un couteau et huma la poudre.
    — C’est de la valériane ! s’exclama-t-elle.
    — Je sais, répliqua Thomasina en s’approchant. Il n’y en a pas suffisamment pour tuer, Maîtresse, mais assez pour endormir. Je sais aussi comment Blunt est mort. Je suis allée voir son médecin.
    Elle eut un pâle sourire à l’adresse de Kathryn avant de poursuivre :
    — Vous le connaissez, c’est Roger Chaddedon. Il vous envoie ses hommages et espère vous voir après Noël.
    Kathryn rougit. Chaddedon était veuf, et au grand dam de Colum, il ne cherchait pas à dissimuler son attirance pour Kathryn.
    — Que t’a-t-il dit ? demanda celle-ci sans regarder Colum.
    — Il a vu Blunt à la fête de la Toussaint et l’a examiné avec soin. Il n’avait plus que quelques semaines à vivre, au mieux. Ses poumons étaient pourris, il crachait du sang noir. Chaddedon pense que c’est à cause de la peinture et d’autres substances nocives que Blunt a utilisées pendant des années. Je suis désolée pour la valériane, Maîtresse, mais personne ne devrait connaître l’horreur de la pendaison, surtout pas quelqu’un comme Blunt.
    Kathryn se tourna vers Luberon.
    — Vous avez prévenu Emma Darryl, dites-vous ?
    — Oui.
    — Qu’a-t-elle dit ?
    — Pas grand-chose. Elle a eu un pauvre sourire, puis a prononcé une phrase singulière : « Partez parce qu’il faut que je prépare à manger. »
    Kathryn sursauta et un frisson glacé lui parcourut le dos.
    — Thomasina, nous n’allons pas souper tout de suite. Colum, Luberon, vite, prenez vos manteaux.
    — Que se passe-t-il ? s’exclama l’Irlandais.
    — Il faut que nous allions voir Emma Darryl, dit vivement la jeune femme en se dressant. Colum la saisit par le bras.
    — Pourquoi ?
    Kathryn prit une profonde inspiration et posa sur Luberon un regard d’excuse.
    — Parce que Blunt n’a pas tué Alisoun et ses deux galants.
    — C’est ridicule ! s’écria Colum. Nous avons vu les blessures par flèches. Et Blunt lui-même a avoué qu’il était maître archer.
    Kathryn secoua la tête en s’enveloppant dans son manteau.
    — Que dites-vous, Maîtresse Swinbrooke ? demanda Luberon qui s’était levé à son tour.
    Il vida sa coupe et chercha son manteau. Agnes et Wuf se tenaient maintenant sur le seuil de la cuisine, aux aguets.
    — Je vous expliquerai en marchant, murmura Kathryn.
    Quelques minutes plus tard, ils quittaient la maison, et se hâtaient dans Ottemelle Lane.
    Hormis quelques chiens errants, un mendiant de temps  en temps, et une pauvre prostituée affublée d’une perruque rousse qui cherchait le client, les rues étaient désertes. Le soleil commençait à décliner, l’air avait fraîchi et la neige souillée s’était transformée en glace sale. Après avoir traversé Church Lane, Kathryn ralentit l’allure.
    Elle prit le bras de l’Irlandais pour affermir son pas, et déclara :
    — Blunt était maître archer, mais sa vue était mauvaise, et il toussait beaucoup. Comment aurait-il bandé son arc, visé et tiré trois flèches si vite ? Alisoun et ses deux galants, Nicholas et Absolon, l’auraient forcément entendu arriver !
    — Mais les blessures par flèches ? interrogea Luberon, rattrapant la jeune femme.
    — Il y a en effet des blessures par flèches, dit Kathryn, mais elles sont très profondes. Elle hâta le pas et poursuivit :
    — Voilà ce qui est

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