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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Elle lui a expliqué qu’elle ne pouvait pas le rencontrer à la taverne, et c’est ainsi que fut organisée cette funeste entrevue près de l’étang. Vavasour n’imagina pas un instant qu’il s’agissait d’un piège. Le soir où il quitta l’auberge, il vérifia sans doute qui y était encore, et trouva Tobias Smithler affairé dans la grande salle. Étant le clerc d’Erpingham, lui aussi était avide de profit, et il se disait que Blanche ne lui poserait pas de sérieux problèmes. Il est donc parti à son rendez-vous. Vavasour voulait sa part du butin : la moitié peut-être, sinon plus, des impôts volés. Après tout, Erpingham mort, il savait que le temps des malhonnêtetés était révolu. En définitive, les Smithler l’ont tué, et dans un moment de panique, ils ont glissé des pièces provenant du butin sous sa porte pour l’incriminer davantage.
    — Ce que Vavasour ignorait, intervint Colum, c’est qu’une demi-heure plus tôt, sans doute, Tobias Smithler avait porté une lanterne jusqu’à la retenue d’eau pour tendre son piège.
    — C’est vrai, fit observer Raston, amer, ils savaient que moi, la seule personne dehors par une nuit pareille, j’étais occupé ailleurs.
    — Vavasour était si pressé d’obtenir sa part de butin qu’il se serait rendu n’importe où, déclara Kathryn. Or, n’étant pas d’ici, il a oublié l’étang autant que le dégel.
    — Espèce de garce à qui rien n’échappe ! siffla Blanche Smithler.
    Elle eut un ricanement plein de mépris à l’adresse de son mari qui s’était tassé sur son siège.
    — Avant que vous ne posiez la question, c’est moi qui ai eu l’idée de tuer Erpingham. Il venait ici pour me tripoter. Une fois, il a tenté de m’attirer dans l’écurie pour froisser mes jupons ! Il puait, je ne le supportais pas, mais chaque fois, il m’importunait davantage. C’était un vicieux, un homme malfaisant. Il méritait de mourir. Blanche fit mine de se lever, mais Standon l’obligea à se rasseoir.
    — Ah, vous êtes si maligne ! ricana-t-elle encore, regardant Kathryn. Un jour, Maîtresse, cela vous jouera des tours. Mais vous avez quand même commis deux erreurs. D’abord je n’ai pas empoisonné Erpingham la nuit où le salaud a eu son cauchemar. Tout comme vous, chère dame apothicaire, je m’y connais en poisons. Si j’avais voulu le tuer, je l’aurais fait.
    — Et quelle est la seconde erreur ? interrogea Colum.
    Blanche Smithler indiqua son mari.
    — Il pense que tout est fini pour nous, mais je sais que non. Qui se soucie qu’un collecteur d’impôts malhonnête ait reçu ce qu’il méritait ? Qui se soucie que ce mauvais bougre de Vavasour soit mort ? Qui pleurera sur leur sort ? L’Échiquier du roi à Londres ?
    — Vous pensez aux impôts, c’est cela ? demanda doucement Colum.
    — Eh oui, ricana-t-elle, les précieux impôts du roi qui valent bien plus que vous ne l’imaginez, Irlandais. Ce sont des pièces récemment frappées ; sur le marché, elles atteindront un fort prix. À présent…
    Elle allongea les bras sur la table.
    Colum tendit la main pour demander le silence, puis il ordonna :
    — Vous pouvez tous vous retirer. Attendez dans vos chambres que l’affaire soit close. Vous aussi, Maître Standon. Les gardes de Luberon veilleront à ce qu’il ne nous arrive rien.
    Trop heureux, les clients repoussèrent leurs sièges, et filèrent.
    — Que va-t-il se passer, Irlandais ? chuchota Kathryn.
    — Elle va marchander pour avoir la vie sauve, et je pense que nous devrons en passer par là. Une fois la salle vide, Colum fit un signe aux Smithler.
    — Alors ? Et ces taxes ?
    — Démolissez l’auberge, déclara Blanche.
    Démo-lissez-la pierre par pierre, c’est ainsi que vous avez dit. Je vous le jure, Irlandais, je serai peut-être pendue sur l’échafaud de la ville, et mon corps et celui de mon mari se balanceront sur un gibet perdu à une croisée de chemins, mais on ne retrouvera jamais les impôts du roi. Alors que ferez-vous ? Vous écrirez au blond Edouard ? Ou vous lui ferez écrire par votre morveux de clerc ?
    Tobias releva la tête pour adresser un pauvre sourire à sa femme qui se tenait bien droite, les joues empourprées de colère dans son joli visage pâle.
    — Vous savez ce que je veux, Irlandais : que nous ayons la vie sauve et que nous soyons libres. En échange, vous récupérerez les impôts royaux.
    D’un ample geste, elle

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