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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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cherchèrent un accommodement. Le roi de Prusse redevint donc prince souverain d'un territoire qui était un canton suisse. Cette suzeraineté se traduisit par l'envoi, chaque année, de quelques pièces de vin, et cette curieuse situation perdura jusqu'en 1852 où les autorités cantonales y mirent fin. À dater de ce jour, le roi de Prusse se contenta de faire figurer les armoiries de Neuchâtel à côté des siennes.
    Quant à Berthier, il avait signé, le 3 juin 1814, l'acte de renonciation à la souveraineté et au titre de prince de Neuchâtel. Mais il avait discuté pied à pied et réussi à obtenir en compensation une pension de trente-quatre francs par an, réversible par moitié à sa femme en cas de décès. Et comme il voulait être certain d'être payé, il demanda à ce que ce revenu soit versé non pas par Neuchâtel mais par la Prusse qui accepta.
    Une question demeure sans réponses à propos des rapports de Berthier et de sa principauté. Pourquoi ne s'y rendit-il jamais ? On a toujours avancé que le temps lui avait manqué, car il était trop absorbé par ses fonctions de major général. Mais, en fait, en 1807 ou 1808 et 1810, 1811, s'il l'avait véritablement voulu, il aurait parfaitement pu « faire un saut » à Neuchâtel. Il semblerait qu'il ait été retenu par une singulière pudeur. Dans sa jeunesse, il avait été fort bien reçu à la cour de Prusse et était resté longtemps en rapports épistolaires avec plusieurs personnalités de l'entourage royal. Dès lors, il devait se sentir quelque peu gêné d'avoir reçu un cadeau arraché à un souverain dans des conditions plus que discutables. Ne pouvant le refuser, il avait choisi avec son sens aigu des nuances de se comporter d'une manière qui, à défaut d'autre chose, lui permettrait de rencontrer éventuellement l'ancien souverain sans avoir à en rougir. C'est animé par un même état d'esprit qu'il accepta, en 1814, de rétrocéder la principauté sans trop se faire prier.
    De nos jours, il ne reste pratiquement aucune trace de la période Berthier dans le canton de Neuchâtel. À la fin de son règne, il était même franchement détesté, encore que personnellement il n'y fut pour rien et que la cause de la colère des Neuchâtelois ne fut pas tant la qualité de sa gestion que le système napoléonien. Des libelles injurieux coururent le pays, le traitant de « polisson Berthier, ancien frotteur et laquais de l'ancienne cour » !
    Même s'il ne fut pas regretté, il ne méritait pas une telle indignité.

IX
DES MOMENTS DE GLOIRE
(1806-1808)
    La guerre qui éclata en 1806 entre la France d'une part, la Prusse, la Russie et la Suède de l'autre, ne fut nullement le fait de Napoléon qui aurait souhaité la paix. Ce furent ses adversaires qui la déclarèrent par une lettre adressée par le roi de Prusse à l'empereur, qui prit effet le 8 octobre.
    En réalité, le conflit était en gestation depuis la fin de l'été. L'état-major prussien avait, dès le mois d'août, procédé à des mouvements de troupes, prélude évident à une concentration suivie d'une invasion. Son idée était d'attaquer successivement les différents corps de l'armée française avant qu'ils n'aient le temps de se prêter mutuellement assistance. Mais un tel plan pour avoir quelques chances de succès devait être entouré du plus grand secret et ce ne fut pas le cas. Dès les premiers jours de septembre, Napoléon mit Berthier en garde contre les risques d'un conflit. En fait, le maréchal, bien renseigné, avait déjà pris sur lui de prescrire des reconnaissances de cavalerie. Mais comme, en théorie, la France était toujours en paix et même en bons termes avec la Prusse, il nuança ses instructions pour que les observations aient l'air de manoeuvres et ne présentent aucun caractère belliqueux. En même temps, il questionna l'ambassadeur de France à Berlin, Laforest, sur les mouvements de l'armée et l'état d'esprit du gouvernement et de la population. Dans sa lettre, il feignit une grande ignorance pour le cas où son courrier serait intercepté alors que, par son service de renseignements, il était au fait de la situation.
    À ce moment, l'armée française, forte de six corps d'armée, sans compter la garde impériale encore en France et la réserve de cavalerie, était déployée dans une dizaine de cantonnements entre le Rhin et le Danube. Mais ils étaient moins éloignés les uns des autres que le quartier général se plaisait à le

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