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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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laisser croire. Même le 7 e corps d'Augereau, le plus au nord, bivouaquait à Francfort et, de ce fait, se trouvait à proximité du point de concentration déjà déterminé par Berthier. La raison principale de cet éparpillement tenait à des problèmes de fournitures de vivres et de facilités d'entraînement. Mais les maréchaux chefs de corps n'étaient pas fâchés de vivre indépendamment les uns des autres, aussi éloignés que possible du commandant en chef. Tous étaient dotés d'une forte personnalité. C'étaient Bernadotte, Davout, Soult, Lefebvre, Ney, Augereau, Bessières pour la garde et Murat pour la cavalerie. Par ailleurs, commençait à être rassemblée à Mayence une armée dite de réserve, commandée par le vieux Kellermann. Mais l'ensemble de l'armée de ligne dont chaque corps comptait de 20 à 30 000 hommes en totalisait environ 200 000.
    Dans leur échange de correspondance des premiers jours de septembre, Napoléon et Berthier déterminèrent que la concentration des troupes françaises devrait se faire en Franconie entre les villes de Bamberg et de Würzburg, ce qu'avait déjà planifié Berthier. Depuis cette région centrale d'Allemagne, franchissant la trouée de Hof entre les monts de Thuringe et de Fichtelgebirge, il serait aisé de marcher sur Leipzig et Berlin. Or, c'était précisément derrière ces deux massifs qu'allait, de son côté, se rassembler l'armée prussienne.
    S'il était facile sur le papier de prévoir cette concentration, cela représentait dans la réalité un travail d'état-major assez considérable. En effet, pour opérer ce regroupement, Berthier ne disposait que d'un nombre limité de chaussées, pas toutes en excellent état, et s'il était possible de faire circuler plus ou moins lentement par des chemins l'infanterie et la cavalerie, les deux cent cinquante-six pièces d'artillerie, leurs caissons et le train qui les accompagnaient, devaient obligatoirement emprunter les grandes routes. L'état-major était rompu à ce genre d'opérations. Berthier avait eu grand soin de conserver la plupart des officiers et commis qui avaient fait la campagne de 1805. Seule modification profonde correspondant à une de ses fantaisies depuis qu'il était prince souverain, il avait renouvelé tous ses aides de camp, ne conservant de l'ancienne équipe que le commandant Lejeune dont les talents de peintre et de géographe étaient indiscutables. Pour les autres, il les recruta de haute taille, de figure de préférence avenante et surtout d'origine aristocratique. Il écuma le faubourg Saint-Germain, du moins celui qui était rallié à l'Empire. Ce fut Lejeune qu'il chargea de dessiner leur uniforme qu'il voulut rutilant : pelisse en drap noir, dolman blanc, pantalon et shako écarlates surmonté d'une aigrette blanche, le tout abondamment galonné d'or. Quant à l'équipement des chevaux, propriété personnelle de ces officiers, donc de bonne race, ils portaient une selle dont la chabraque était en peau de panthère et les plaques de frottement, écarlates. Audacieux, braves mais souvent superficiels, et faisant sonner trop haut leur nom et leur fortune, ils ne valaient pas ceux qu'ils remplaçaient, encore qu'ils étaient capables de se faire tuer comme les autres. Mais ils excitèrent la jalousie de l'armée et ne tardèrent pas à être surnommés les « geais » de Berthier par allusion à la fable « Les geais parés des plumes du paon ». Napoléon qui aimait le faste ne critiqua pas cette fantaisie de son major général, trouvant peut-être judicieuse l'idée de s'attacher ainsi une jeunesse dorée. Mais, par moments, il les trouvait tout de même exaspérants. D'ailleurs, s'ils bénéficièrent d'un avancement rapide, ils le payèrent très cher, car bon nombre d'entre eux restèrent sur les champs de bataille.
    Les mouvements de l'armée française se préparèrent pendant la première quinzaine de septembre et Berthier, appliquant les consignes de prudence de Napoléon, ne cessa de recommander aux maréchaux de faire preuve de la plus grande discrétion dans leurs dispositions, ce qui compliquait d'autant leur tâche alors que les Prussiens poussaient les leurs au grand jour. Ce camouflage, s'il est permis d'employer ce terme, se révéla d'autant plus bénéfique que l'état-major prussien resta persuadé que son plan primitif de détruire l'armée française corps après corps demeurait valable.
    Ce ne fut qu'après le 15 septembre que Berthier mit ses

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