Le Maréchal Berthier
à remettre l'armée en état de rentrer en campagne, et il avait d'autant plus de mal que la plupart des chefs de corps n'ayant aucune raison de s'alarmer ne montraient pas d'empressement à exécuter les directives du major général. Au début d'août, Napoléon retira à Berthier ainsi qu'aux différents corps d'armée leurs ingénieurs géographes et les centralisa sous les ordres de Bacler d'Albe de manière, expliqua-t-il, à améliorer encore les renseignements sur les intentions de ses adversaires.
Berthier était trop occupé par ailleurs pour trouver à redire. Au milieu de tout ce travail, il eut la joie d'apprendre le 15 août qu'il était créé prince de Wagram, touchant en différentes dotations 600 000 francs de nouvelles rentes et se voyant offrir le château de Chambord érigé pour la circonstance en principauté de Wagram. Deux de ses camarades, Masséna et Davout, se voyaient également attribuer une principauté. Il les félicita chaleureusement, oubliant provisoirement leurs différends. Mais, à court d'imagination, il envoya aux deux ainsi qu'aux nouveaux maréchaux ducs Oudinot et Macdonald exactement la même lettre : « Je vous fais mon compliment, mon cher duc d'Auerstedt (ou de Rivoli). L'empereur vient de vous conférer la dignité de prince d'Eckmühl. Ce nom célèbre par votre gloire personnelle et par celle des armées de l'empereur commandées par Sa Majesté en personne est un beau titre transmis à votre famille. Je vous embrasse.
Alexandre. »
Toutefois, pour sa part, Masséna, éternel mécontent, ne cacha pas qu'il aurait préféré Wagram à Essling et qu'il ne voyait pas pourquoi l'empereur l'avait attribué à Berthier qui selon lui n'avait rien fait pendant la bataille !
Les négociations de paix entamées à Vienne piétinèrent pendant tout le mois d'août. Les Autrichiens avaient appris le débarquement d'une armée anglaise dans les îles bordant la côte hollandaise à Walcheren. Ils espéraient beaucoup des suites de cette action et faisaient traîner les pourparlers en longueur d'autant que les conditions posées par Napoléon étaient très dures. Aussi celui-ci commença à s'impatienter, et Berthier fut chargé de demander à Masséna de lancer une série de reconnaissances sans discrétion en vue de préparer aux yeux des Autrichiens l'invasion de la Bohême. Les Autrichiens prirent peur, et comme de son côté Napoléon commençait à se montrer un peu moins exigeant dans ses demandes, la paix put enfin être signée le 14 octobre. Elle coûtait tout de même cher à l'Autriche qui perdait au profit de la France et de ses alliés des territoires peuplés de trois millions et demi d'habitants, voyait réduire son armée à 150 000 hommes et était frappée d'une contribution de guerre de 85 millions. Ce dernier point enchanta d'autant plus Napoléon qu'il était prêt à transiger à 75. Il l'aurait sans doute été moins s'il avait connu les pensées intimes de Metternich qui avait fermement poussé son maître à accepter ce traité afin, disait-il, de mieux ménager un avenir incertain.
Le 16 octobre, Napoléon quitta Vienne pour Fontainebleau où il arriva en dix jours. À son habitude, il avait laissé à Berthier le soin d'organiser le repli de l'armée. Il commença le 1 er novembre en rassemblant 80 000 hommes autour de Vienne sous le commandement de Davout. Ensuite, du 15 au 18 novembre, Vienne fut évacuée. Berthier, avant même d'amorcer le retrait de ses divisions, avait fait sauter les fortifications de Vienne, de Brünn, de Raab et de Graz. Ces destructions n'avaient pas été prévues lors des négociations ; mais, malgré leur indignation, les Autrichiens n'osèrent pas protester et y assistèrent la rage au coeur.
Lorsque Napoléon l'apprit un peu plus tard de la bouche de l'ambassadeur d'Autriche, il approuva entièrement l'initiative du major général. Berthier resta assez peu de temps au commandement de l'armée d'Allemagne. Il n'avait pas de grandes décisions à prendre. La plus importante fut le renvoi de la garde impériale en France. Mais un incident sans grande importance lui permit d'affirmer que c'était lui le patron. Un incendie éclata à Penzing, localité voisine de Schönbrunn. Aussitôt Berthier fit battre la générale mais ses aides de camp emportés par leur ardeur coururent au secours des victimes du feu. Le maréchal dans une note assez sèche rappela à ces jeunes gens qu'incendie ou pas lorsqu'on battait la
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