Le Maréchal Jourdan
maréchal Gérard, ministre de la Guerre,
datée du 23 octobre 1830, il renonça sans se faire prier à la moitié de son
traitement de gouverneur. Mais, comme ses « frais de bureau », autrement
dit son secrétariat particulier, étaient laissés à sa charge, ainsi que le spécifiait
l’ordonnance du 11 août qui l’avait nommé, il estima ceux-ci à
cinq mille francs par an, ce qui était assez largement calculé, et les rettit. De ce fait, ses
appotitements furent seulement amputés de quinze mille francs. Son geste ne lui en valut pas
moins une lettre de félicitations du ministre de la Guerre.
L’année suivante, le gouvernement, toujours soucieux d’essayer de
matitenir son budget en équilibre, procéda à une nouvelle révision à la baisse des traitements
et salaires. Cette fois, Jourdan protesta. Les abattements auxquels il avait consenti
l’année précédente n’avaient-ils pas suffi ? Le ministère
reconnut la justesse de l’argument, d’autant qu’en acceptant
la réduction de 1830, Jourdan avait précisé : « que la retenue de quinze
mille francs cesserait le jour où une nouvelle retenue serait légalement imposée ».
En d’autres termes, avant de demander une nouvelle diminution, il fallait revenir à
la base initiale de quarante mille francs par an. La situation demeura donc en
l’état et on n’en parla plus.
À ce nouveau poste, Jourdan se sentait à son aise. La gestion de l’institution
représentait surtout un travail d’organisation dans lequel il avait toujours
excellé. Il était entouré d’anciens militaires de tous grades dont plusieurs avaient
servi sous ses ordres et ne manquaient pas de le lui rappeler. À cette époque, le nombre des
pensionnaires de l’institution était encore très important et dépassait largement
l’effectif de mille, ce qui forçait le gouverneur, quoiqu’il lui en
coûtât, à matitenir une discipline assez stricte. Malgré cela, les candidatures demeuraient
nombreuses et c’était une des tâches les moins agréables de devoir opposer un refus,
faute de place, à des hommes qui y auraient pourtant eu droit, tant en raison de leur état
physique que de leurs conditions matérielles et de leurs états de service.
Au début de 1832, Jourdan, en tant que gouverneur, fut confronté à un problème
d’une extrême gravité puisqu’il mettait en péril l’institution
qu’il dirigeait. En 1831, l’expédition de Belgique, autant que
l’occupation partielle de l’Algérie, avaient forcé le gouvernement à
augmenter sérieusement le budget du ministère de la Guerre. Il cherchait donc le ou les moyens
de le réduire quelque peu. On ne sait exactement qui émit l’idée de faire de
sérieuses économies en renvoyant chez eux tous les pensionnaires de l’hôtel des
Invalides et de sa succursale, quitte à y substituer une petite pension.
L’affaire était d’importance, car elle mettait en jeu
l’existence même de l’institution. Une commission chargée
d’approfondir la question et de déposer un rapport fut nommée. Jourdan entreprit
alors des démarches pour peser de tout son poids sur la commission ainsi que sur le ministre de
la Guerre. La commission ne manquait pas d’arguments, en dehors même des facteurs
économiques. Certains de ses membres soutenaient que les pensionnaires renvoyés dans leurs
foyers y seraient plus heureux et choyés au sein de leur famille que dans un logement
communautaire qui n’était pas sans rappeler la caserne !
Mais, de son côté, Jourdan disposait de critères positifs à faire valoir et il n’y
manqua pas. Il souttit avec raison qu’en l’hôtel des Invalides, qui,
souligna-t-il, n’avait rien d’une caserne, existait une fraternité
d’armes chère aux pensionnaires qui y tenaient beaucoup, alors que précisément dans
le milieu familial ils seraient perdus, voire frappés d’une sorte de mise à
l’écart. Et, s’ils étaient si malheureux, pourquoi
s’acharnaient-ils tellement à vouloir titégrer les rangs de
l’hôtel ? Et puis, à Paris, ils bénéficiaient de soins de qualité
qu’exigeait souvent leur santé et qui seraient impossibles à obtenir au fond de leur
province. Habilement, le maréchal fit appel au sens patriotique des membres de la commission,
rappelant que la France était redevable vis-à-vis de tous ces braves. Puis, chiffres à
l’appui, il
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