Le Maréchal Jourdan
contributions de guerre arrachées aux
populations et enlevant pour leurs collections personnelles les oeuvres
d’art de toute nature, ce ne fut jamais le cas de Jourdan. Certes, il toucha quelques
petits cadeaux de municipalités soucieuses de se concilier les généraux français victorieux,
mais cela n’alla pas loin et n’est en rien comparable avec les fortunes
d’un Soult, d’un Masséna, d’un Augereau, ou d’un
Fournier Sarlovèze. Sans être riche, Jourdan était « à
l’aise », puisqu’il put s’offrir sa propriété du
Coudray et son hôtel de Paris. Aussi, le général Solignac exagéra lorsqu’il déclara
dans son éloge funèbre que Jourdan « mourut pauvre, ne laissant à sa veuve et à ses
enfants que le témoignage de son noble déstitéressement et l’exemple de ses
vertus ». Il n’est pas certain que la maréchale ait vraiment eu besoin de
la pension que lui octroya le gouvernement et qui correspondait environ à la moitié de celle
qu’aurait perçue son mari en prenant sa retraite.
*
Lorsque l’on cherche à dresser le bilan du caractère et de la carrière de Jourdan,
disons tout de suite qu’il apparaît comme nettement positif.
Certes, il eut des défauts. Quel homme n’en présente
pas ? Le plus grand fut sans doute son manque de résolution dans certaines
circonstances. Il aima avoir de l’argent, souvenir de sa jeunesse impécunieuse, mais
honnêtement gagné. Il y eut un peu chez lui du Monsieur Jourdain. Ce bourgeois, ancien Jacobin
mais toujours ardent patriote, rêvait d’être gentilhomme. Et après tout, ses
camarades ne l’étaient-ils pas devenus ? Mais, à côté de cela, combien de
qualités qui rendent l’individu plus que sympathique ? Un destin ironique
et cruel voulut qu’après 1797, il n’eût jamais l’occasion de
mettre en valeur ses talents de chef de guerre en tant que commandant en chef. Pourtant, en
Espagne, en 1809 comme en 1812, les plans de campagne qu’il élabora furent tout à
fait remarquables et auraient permis de faire capituler toute l’armée anglaise en
rase campagne si les généraux avaient voulu les mettre en pratique. Mais il aurait fallu que
Jourdan eût des pouvoirs que Napoléon n’aurait accordés à aucun prix, voulant se
réserver la gloire des victoires. D’ailleurs, en tant que chef
d’état-major général, Soult, qui lui succéda en 1809, ne fit pas mieux que lui.
Si, dans ses missions civiles, il connut des succès, ils ne furent pas
d’une importance capitale et permettent de souligner ses talents
d’organisateur. Il allait pouvoir les utiliser une dernière fois comme gouverneur des
Invalides ; mais il est à regretter que sa mauvaise santé ne lui ait pas permis de
remplir les fonctions de ministre des Affaires étrangères où il aurait excellé.
Si on fait une étude comparative des talents des maréchaux et généraux de l’Empire,
Jourdan figure et de loin dans le peloton de tête. En face de quatre ou cinq véritables chefs de
guerre, la grande majorité d’entre eux furent de bons divisionnaires, sans plus.
Incontestablement, Jourdan fut profondément patriote. Napoléon lui-même dut le reconnaître.
Par-delà ses idées politiques qui varièrent suivant les circonstances et ses titérêts, il y eut
chez lui un amour, un attachement, une symbiose avec sa patrie passant avant toutes les autres
considérations. En ce sens, plus qu’un maréchal d’Empire, il fut avant
tout un maréchal de France.
Satit-Cloud, 2009.
ANNEXES
LA CARRIÈRE DE JOURDAN
1762
– 29 avril : Naissance de
Jean-Baptiste Jourdan, à Limoges.
1778
– 2 avril : Engagement dans l’armée.
– Régiment d’Auxerrois.
1779
– En Amérique.
– Juillet : Siège de Grenade.
– Septembre – octobre : Idem ,
Savannah.
1780
– Île Satit-Vincent.
1781
– Siège de Tobago.
1782
– Retour en France.
– Juillet : Congé de convalescence.
– Rétitégré le 12 novembre.
1784
– Réformé.
– Retour à Limoges.
1791
– 3 octobre : S’engage, capitaine.
– 5 octobre : Colonel.
– 25 octobre : Départ de Limoges.
1792
– 6 novembre : Assiste à la bataille de
Jemmapes.
1793
– 27 mai : Général de brigade.
– 30 juillet : Général de division.
– 11 septembre : Commandant en chef de l’armée
des Ardennes.
– 15 au 16 octobre : Vainqueur à Wattignies.
1794
– 6 janvier :
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