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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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régiments étaient composés soit d’engagés
     volontaires pour de longues périodes, soit de mercenaires étrangers et leur fidélité absolue
     allait à la seule personne du roi. Ils étaient tous parfaitement entraînés. La cavalerie,
     superbement montée, connaissait à fond son double rôle d’éclairage
     et de force de frappe. L’artillerie, récemment refondue et renouvelée par
     Gribeauval, était supérieure à toutes les autres. Le corps des officiers, contrairement à une
     légende qui en a fait des courtisans écervelés, était très instruit et passait une grande
     partie de son temps à se perfectionner. L’état-major faisait l’admiration
     et l’envie de tous les commandements européens.
    Deux ans plus tard, en 1791, il ne restait à peu près rien de tout cela.
     Les deux tiers des dix mille officiers avaient émigré ou démissionné et ceux qui demeuraient en
     place se sentaient souvent plus attachés au roi qu’à l’assemblée. Les
     régiments étrangers avaient été dissous et les hommes renvoyés dans leur pays
     d’origine. Seuls demeuraient sur place les Suisses de la garde royale. Le corps des
     sous-officiers avait été noyauté par la Franc-maçonnerie, très habile à exploiter son
     mécontentement devant un avancement barré et une contestation permanente.
    Au début de 1791, l’Assemblée constituante, consciente
     de cet état de fait, quoiqu’elle ne manifestât aucune titention
     belliqueuse, décida d’y remédier dans toute la mesure du possible. Par un décret du
     28 janvier 1791, elle décida de recruter cent mille volontaires qui devraient
     contracter un engagement de trois ans et qui seraient utilisés, le cas échéant, comme troupes
     de seconde ligne, des réservistes en quelque sorte. Ils demeuraient pour le principe dans leurs
     foyers et n’étaient contratits au service permanent qu’en cas de
     nécessité. Pour le reste, ils devaient se réunir à titervalles réguliers pour des séances
     d’entraînement. Pleine d’illusions, l’assemblée fit appel à
     leur patriotisme, sentiment entièrement nouveau, mais elle doucha leur enthousiasme en
     décrétant que chaque volontaire devrait s’équiper à ses frais, ce qui représentait
     une charge assez importante. En effet, l’ensemble comprenait les
     vêtements, le linge, les chaussures et en plus tout l’armement
     individuel. Ce fut donc un fiasco. Le nombre des volontaires se révéla ridiculement faible dans
     l’ensemble du pays.
    Aussi, après la fuite du roi arrêté à Varennes en juin 1791, sans supprimer pour
     autant les volontaires auxiliaires, l’assemblée institua des bataillons de
     volontaires nationaux. Chaque département se vit dans l’obligation de constituer un
     certain nombre de ces bataillons. Mais si les engagés devaient continuer à s’équiper
     à leurs frais, il fut décidé qu’un prêt remboursable dans un avenir fort incertain
     serait accordé à tous ceux qui en feraient la demande pour payer cet ensemble.
    Dans un premier temps, le département de la Haute-Vienne se vit imposer le recrutement de
     trois mille hommes, ce qui, pour un district qui, toutes personnes confondues, comptait à peine
     deux cent vingt mille habitants, était considérable. Les autorités locales ayant protesté, le
     ministère de la Guerre réduisit ses prétentions et se contenta de fixer le contingent à
     fournir, pour le moment, deux bataillons composés chacun de neuf compagnies soit cinq cent
     soixante-quinze hommes par bataillon, en tout mille cent cinquante soldats, officiers et
     auxiliaires.
    Le Directoire de la Haute-Vienne, nouvel organe du pouvoir exécutif, était composé de civils
     qui s’estimèrent incompétents pour la mise sur pied de ces deux bataillons,
     d’autant que le travail devait être effectué à partir de rien. Il nomma donc trois
     commissaires qui furent chargés de matérialiser le projet : un civil : le
     citoyen Longeau-Desbrégères, lui-même membre du Directoire, et deux officiers de la garde
     nationale : les capitaines Jourdan et Dalesme, également anciens sous-officiers de
     l’armée royale. Ce Dalesme, originaire de Limoges, était d’un an plus
     jeune que Jourdan. Après avoir quitté l’armée, il était devenu lui aussi commerçant
     à Limoges en 1788 et s’était lié d’amitié avec Jourdan. Les deux hommes
     s’entendaient bien et leur collaboration fut toujours fructueuse. Il allait
    

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