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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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envoyé les renforts demandés, il commençait à retirer des troupes de la
     péninsule pour étoffer les effectifs de l’armée qui allait agir contre la Russie.
     Toutes ces perspectives laissaient présager un avenir plutôt sombre et, dès le départ, Jourdan
     conseilla au roi d’adopter une politique de prudence et d’expectative, et
     de renoncer jusqu’à nouvel ordre à poursuivre l’idée même de pacification
     et d’expansion.
    *
    Au début de 1812, l’antagonisme, la rivalité existant entre les différents chefs
     de corps français allaient continuer de plus belle. Marmont, qui avait succédé à Masséna,
     acceptait encore plus difficilement de ce dernier toute idée de coopération. Au milieu de cette
     atmosphère délirante, Jourdan s’efforçait, sans en avoir les moyens, de réaliser une
     unité de commandement dont personne ne voulait entendre parler. Napoléon fit prévenir son frère
     par une lettre du 28 mars que, devant se rendre lui-même en Pologne pour y prendre le
     commandement de la Grande Armée, il le nommait commandant en chef des armées
     d’Espagne. Mais, suivant sa détestable habitude, il se gardait bien
     d’ordonner aux différents chefs de corps de lui obéir, bien au
     contraire ! Or Joseph était tout à fait incapable de remplir de telles fonctions, le
     savait et fit immédiatement appel au concours de Jourdan. Celui-ci, sans perdre un instant,
     s’empressa de porter à la connaissance des maréchaux et généraux la décision
     impériale. C’était tout ce qu’il pouvait faire dans ce moment. Ce fut
     alors à qui trouverait les meilleurs arguments pour démontrer que la mesure ne
     s’appliquait pas à lui. Le seul qui accepta, assez vaguement du reste, de se
     soumettre fut Marmont.
    Quant aux instructions que reçut Joseph, au lieu de lui prescrire de
     concentrer ses armées, Napoléon lui recommanda de se matitenir partout, sans chercher toutefois
     à étendre ses conquêtes jusqu’à nouvel ordre. Dans ces conditions, le roi, qui
     n’avait pratiquement plus eu, depuis deux ans, de relations avec les chefs de corps
     et ignorait à peu près tout de la situation militaire dans son ensemble, demanda à Jourdan de
     rédiger un mémoire sur les possibilités des diverses armées et sur la direction générale à
     donner aux opérations militaires. Le maréchal effectua un excellent travail de synthèse et fut
     en mesure de mettre ce document sous les yeux du roi, le 28 mai 1812. Il en
     résultait que malgré les importantes ponctions opérées à ce jour par Napoléon, les armées
     françaises alignaient encore en Espagne près de deux cent dix mille hommes. Jourdan ne manquait
     pas de souligner le ridicule de la situation. Les forces françaises étaient trois fois plus
     nombreuses que celles de leurs adversaires mais leur éparpillement les rendait
     d’autant plus vulnérables.
    Il préconisait donc d’une part de mettre un terme à la division arbitraire du
     royaume en cinq arrondissements tels que décrétés par Napoléon (et qu’il avait
     promis de supprimer) et la centralisation des services civils sous la seule autorité du roi.
     D’autre part, il recommandait la concentration de toutes les armées sous un
     commandement unique qui permettrait de vaincre les Anglais. Certes, une telle décision
     impliquait l’abandon momentané d’un certain nombre de provinces, mais
     c’était un léger sacrifice en face du résultat escompté. Grâce à ce regroupement, il
     serait possible de créer au centre un important corps de réserve prêt à se porter sur un potit
     ou un autre du royaume.
    Or, à peine eut-il ce mémoire entre les mains, que Joseph reçut une lettre de Berthier lui
     transmettant les fameuses instructions de l’empereur qui recommandait de
     « conserver les conquêtes faites et de les étendre progressivement », ce
     qui était la preuve même que Napoléon ne comprenait rien à la situation. Quoiqu’il
     reconnût la justesse du raisonnement de Jourdan, Joseph n’osa pas aller contre les
     ordres de son frère. Il ne changea donc rien pour l’instant au système mis en
     place.
    *
    Ayant, au prtitemps 1812, enlevé successivement les deux villes de Ciudad Rodrigo et de
     Badajoz, verrous qui fermaient la frontière entre le Portugal et l’Espagne,
     Wellington décida de monter une offensive dans le nord, en direction de Salamanque, puis
     éventuellement de la frontière française. Il

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