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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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ressemblait à une administration. Le 19, sur le plateau de Chamartin, aux portes de la capitale, il passa ses troupes en revue et en particulier le sixième corps reconstitué. De bonne humeur, il annonça à Ney qu’il savait de source sûre que les Anglais fuyaient à toutes jambes. Le maréchal en était moins certain. Comme pour lui donner raison, un officier vint à ce moment porter une dépêche annonçant que Moore, de Salamanque, remontait au nord vers Valladolid, comme s’il avait voulu s’interposer entre l’armée française et les Pyrénées. On sait qu’en fait il ne songeait qu’à gagner La Corogne, mais l’empereur interpréta autrement son mouvement. Le 20 au matin, Ney se mettait en branle pour entamer la poursuite, précédant de peu Soult et la garde.
    L’idée de l’empereur était de couper la route aux Anglais entre Salamanque et Valladolid, puis de les écraser en rase campagne. Trois routes s’offraient pour traverser la sierra de Guadarrama : celle du nord par le col de Somosierra, celle du centre par la passe de la Granja et enfin celle de l’ouest par l’Alto de León, de loin la plus praticable. Le temps, en cette fin décembre, était mauvais. Pluie, neige, glace et même des tempêtes de sable ralentissaient considérablement la marche des troupes. Les chevaux s’abattaient sur le verglas et les soldats durent pousser « à bras » l’artillerie pour lui faire traverser la montagne. Exténués, affamés, trempés, les hommes se traînaient et lorsqu’ils apercevaient l’empereur au milieu d’eux, certains allaient jusqu’à dire à voix haute : « Qu’on lui flanque un coup de fusil ! »
    Malgré ces conditions inhumaines, Ney continuait à avancer. Le 24 décembre, il atteignit Medina de Rio Seco, se rapprochant de Benavente, sur la route de La Corogne. Des traînards anglais qu’il ramassait à la pelle lui apprirent que Moore n’avait plus que quinze heures d’avance. Autant dire rien. Il entraîna ses troupes et la poursuite reprit de plus belle vers Benavente.
    Afin d’augmenter leur écart, le général anglais fit sauter le seul pont qui franchissait la rivière Esla au droit de Benavente. Les Français cherchèrent et trouvèrent un gué puis se jetèrent dans l’eau glacée. Pour les encourager, l’empereur et le maréchal y entrèrent sans hésiter. À son tour, Moore forçait les étapes, même s’il abandonnait beaucoup de monde aux mains de Ney.
    Le 2 janvier 1809, au bivouac, Napoléon reçut des dépêches inquiétantes de Paris. Talleyrand et Fouché menaient d’obscures tractations. De plus, l’Autriche réarmait ouvertement. L’empereur décida alors de rentrer en France. Comme le corps de Ney était épuisé, il le remplaça en pointe par celui de Soult. Avant de s’éloigner, il leur recommanda de ne rien négliger pour coordonner leurs efforts et en finir avec cette armée anglaise. Puis, pour éviter toute querelle de préséance, il désigna Soult comme commandant des forces françaises. Le choix se justifiait car le duc de Dalmatie était le meilleur tacticien, sans avoir toutefois la fougue et l’allant de son camarade. Seulement Ney en fut profondément irrité, car il considérait que le commandement des deux corps réunis aurait dû lui revenir de droit. En principe, les maréchaux étaient subordonnés au roi Joseph, mais tout le monde dans l’armée savait que le monarque comptait pour rien.
    *
    Dans leur retraite, les soldats anglais se conduisaient aussi mal que leurs adversaires, pillant, volant, brûlant et maltraitant les habitants, si bien qu’après le départ du gros des troupes, ceux-ci emmenaient d’eux-mêmes aux avant-postes français les traînards souvent ivres morts. Se sachant à présent talonné, Moore continuait sa route avec toute la vélocité possible. Les escarmouches à l’arrière se multipliaient et ce fut au cours de l’une d’elles que Colbert, commandant de la cavalerie de Ney, fut tué.
    Néanmoins, le général anglais s’arrêta à Lugo pour regrouper ses troupes qui se montaient encore à dix-neuf mille hommes. Il en sortit le 6 janvier au moment où les avant-gardes de Soult y parvenaient et il évita de peu l’encerclement.
    Le 9 janvier, Soult écrivit à Ney en lui demandant de diriger une partie de son corps d’armée sur Vigo pour y capturer les quatre mille Espagnols de La Romana et de le rejoindre avec le reste, sans lui demander s’il était d’accord pour diviser

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