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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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parlementaire pour s’enquérir précisément du blessé. Il lui fut répondu qu’il allait bien. Mais le capitaine Winter confia à un aide de camp du maréchal que sa mère était « vieille, presque aveugle » et aurait souhaité le revoir sans doute une dernière fois. Touché, Ney renvoya son captif dans son pays, aussitôt qu’il fut en état de voyager, après lui avoir toutefois fait signer une promesse sur l’honneur par laquelle il s’engageait à revenir se constituer prisonnier au bout de trois mois.
    Napier revint bien en Espagne au bout d’un certain temps, mais comme attaché au quartier général britannique ! Lorsqu’il l’apprit, Ney laissa éclater son indignation et le fit savoir au commandant en chef anglais qui s’empressa d’avertir son gouvernement. Celui-ci ne voulut pas être en reste. Appréciant le geste du maréchal, il ne lui renvoya pas Napier, mais fit libérer immédiatement et sans contrepartie deux marins français ainsi que le neveu de Ney, prisonnier en Grande-Bretagne. De plus, son geste vis-à-vis de Napier fut très apprécié outre-Manche et lui valut une manière de popularité.
    Les Espagnols de La Corogne eux aussi jugèrent que sa conduite était celle d’un gentilhomme. Du coup, ils estimèrent qu’ils pouvaient répondre aux avances qu’il ne manqua pas de leur faire. Parmi eux, la marquise Ballista ne tarda pas à honorer de sa présence les soirées musicales organisées par le maréchal et, peu farouche pour les occupants, devint rapidement « la tendre égérie » du maître des lieux. En son honneur, il multiplia fêtes et réceptions. On fit venir des chanteurs, on dressa des tables de jeu et en peu de semaines le palais devint un tripot !
    Tout l’état-major suivit l’exemple de son chef, et bientôt la majorité des officiers filaient le parfait amour. Il est vrai que le séjour à La Corogne avait ceci de particulier que les Français y étaient comme assiégés. Aucune sortie n’était possible sans une forte escorte, et encore n’était-ce pas toujours suffisant. Les Galiciens qui se compromettaient faisaient preuve d’un beau courage, car il n’était que trop certain que si les Français étaient amenés à évacuer la ville, leur sort deviendrait peu enviable.
    Depuis leur arrivée en Espagne, les relations entre Ney et Jomini, à présent son chef d’état-major, n’avaient cessé de se dégrader. À l’origine, la grande responsable en était Eglé. Elle avait prêté une oreille complaisante aux ragots qui se colportaient aux Tuileries, selon lesquels le Suisse était en réalité le souffleur de Ney, qu’entre ses mains le maréchal n’était qu’une marionnette, etc. Bien entendu, Eglé s’était empressée, sans réfléchir ni vérifier, de rapporter ces racontars à son mari, lequel en avait conçu une légitime rancune.
    Ensuite, Jomini exprima le désir de se marier et en demanda l’autorisation. La chose en soi était normale, mais lorsque Ney apprit que la jeune fille, Mlle von Zastrow, était prussienne, il se fâcha tout net et mit son adjoint en demeure de choisir entre ses fonctions et son union. Jomini s’inclina, la rage au coeur. D’ailleurs, Ney lui reprochait de ne rien comprendre à cette forme de guerre. C’était sans doute exact, mais il aurait pu observer qu’il n’était pas le seul.
    Au début du printemps 1809, Soult était toujours à Oporto, au Portugal. Ney, demeuré en Galice, y montait une nouvelle expédition contre les guérillas d’El Marquesito et du marquis de La Romana. Jusqu’à présent ses coups de boutoir avaient donné dans le vide, les guérilleros se dispersant devant les colonnes pour se reformer derrière. Mais le maréchal avait décidé cette fois de prendre en personne le commandement des troupes françaises composées de douze bataillons d’infanterie, quatre escadrons de cavalerie légère et d’artillerie de montagne. Il voulait nettoyer les Asturies, région difficile où les ennemis pouvaient se croire dans une relative sécurité en raison du relief.
    Dans le même temps, Ney avait résolu de se débarrasser de Jomini, en le renvoyant en France sous le premier prétexte venu. Il ne sursit que de quelques semaines à l’exécution de sa décision.

C HAPITRE VIII
UN ADVERSAIRE ORIGINAL
(1809-1811)
    À la fin d’avril 1809, un nouveau commandant en chef britannique, d’un style très différent de ses prédécesseurs et de ses adversaires, débarqua à

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