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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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porta en avant le premier, immédiatement suivi par Ney. Ils attaquèrent par les ailes les redoutes des Trois Flèches. Le combat fut tout de suite acharné et les pertes ne tardèrent pas à s’accumuler de part et d’autre. Pendant ce temps, à sept heures, le prince Eugène occupait Borodino, mais la division Delzons s’était heurtée au corps de Dokhtorov et avait été obligée de se replier. Avec le soutien d’Eugène, elle franchit la Koloctza et se prépara à attaquer la Grande Redoute. Sur sa gauche, la tentative de Platov pour la contrer échoua.
    Au centre, Ney réussit à enlever la flèche de droite, puis celle du centre, et entreprit d’occuper le ravin bordant la Grande Redoute. S’il y réussissait, l’armée russe serait coupée en deux. Murat, qui était le véritable commandant de l’armée française par suite de l’indisposition de l’empereur, comprit ses intentions et mesura l’importance du moment. A la tête de deux de ses corps de cavalerie, il chargea à fond, enfonçant le centre russe. Mais pour parachever la victoire, il fallait un renfort d’infanterie. Ensemble, Murat et Ney firent demander à Napoléon de leur envoyer la garde. Celui-ci refusa, arguant que l’ennemi n’était pas suffisamment en désordre et « qu’il ne voyait pas assez clair sur son échiquier ».
    Pendant ce temps, les Russes qui s’étaient ressaisis avaient contre-attaqué et tenté de regagner du terrain. Ils réussirent à occuper les Trois Flèches, mais ne purent aller plus loin. Ce fut encore Ney qui bloqua la charge des cuirassiers russes puis enleva de nouveau les Trois Flèches en refoulant l’ennemi. Alors, à défaut de la garde, Napoléon envoya en renfort la division Friant prise à Davout, dont l’action était à présent secondaire. Dirigé par Ney, Friant enleva la Grande Redoute et le village de Semenovskoïe où il fut blessé. En cet instant, un aide de camp de Napoléon vint trouver Ney pour lui conseiller, vu l’importance des pertes, de faire preuve de prudence dans ses attaques. Furieux, le maréchal rétorqua : « Allez dire à l’empereur que quand on est assez imprudent pour venir livrer bataille ici, ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut montrer de la prudence ! »
    Comprenant le danger, Bagration s’acharna à reprendre l’ouvrage, y parvint, mais fut mortellement blessé en menant ses soldats au combat. Estimant qu’il fallait réoccuper la Grande Redoute, Murat imagina de la faire enlever une fois de plus par une charge de cuirassiers. Un procédé tout à fait inhabituel, cette fois couronné de succès. Le frère de Caulaincourt y fut tué.
    L’après-midi tirait à sa fin. Maîtres au centre du dispositif, les Français avaient marqué un avantage certain. Mais les Russes semblaient vouloir continuer à résister. Ce fut alors que Poniatowski, à l’extrême droite, tenta une fois encore de prendre pied sur le mamelon d’Outitza, y parvint et par un mouvement tournant commença à déborder les milices de Moscou. Peu habituées au combat, celles-ci ne tardèrent pas à reculer en désordre. Cette simple offensive, tout à fait secondaire après les affrontements du centre, détermina Koutousov à la retraite.
    Le soir commençait à tomber. Les pertes russes étaient énormes. Les officiers de tout grade avaient payé un trop lourd tribut. Presque la moitié des effectifs gisaient sur le terrain. Dès lors, il était impossible de soutenir le lendemain une seconde bataille. Koutousov ne savait pas que, pour moins importants qu’ils fussent, les dommages chez les Français étaient suffisamment élevés pour interdire à Napoléon une poursuite immédiate.
    Le lendemain fut consacré à l’enterrement des morts et au ramassage des blessés. Tout le monde comprenait que le héros de cette épouvantable journée était Ney. Mais il l’avait payé cher. Son corps d’armée qui, le matin de la bataille, comptait encore vingt-cinq mille hommes, n’en alignait plus que huit milles. Le dix-huitième bulletin de la Grande Armée put citer deux fois le nom du duc d’Elchingen, reconnaissant le rôle essentiel qu’il avait joué. Celui-ci ne cacha pas à son entourage qu’il était écoeuré. Il ne comprenait pas – et il n’était pas le seul – que Napoléon fut resté éloigné du champ de bataille et surtout qu’il ait refusé, malgré les demandes réitérées des maréchaux, d’engager les vingt mille hommes de la garde. Leur

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