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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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permettre à l’armée de se reposer un jour à Smolensk. Ney réussit ce prodige : rétrograder tout en combattant et en ralentissant la progression de l’adversaire.
    Le troisième corps entra à Smolensk le 15 novembre, espérant y trouver des vivres, car Napoléon en avait fait réunir de grandes quantités. Mais il ne restait pratiquement rien, les autres corps ayant tout pillé et gaspillé auparavant. Assez injustement, Ney en accusa Davout. Il reçut cependant une division de renfort qui lui permit de remonter ses effectifs à neuf mille hommes.
    La neige commença à tomber et en conséquence le climat s’adoucit, mais l’état d’épuisement du corps d’armée donnait au maréchal de sérieuses inquiétudes. Il s’efforçait, pour remonter leur moral, de vivre comme le dernier de ses soldats, marchant à pied, mangeant lorsqu’il en trouvait l’occasion, dormant comme eux. Seule sa célèbre redingote-houppelande, qui lui était fort précieuse, le distinguait des autres. Sa doublure en fourrure représentait un avantage appréciable. Les régiments n’avaient touché aucun équipement d’hiver (il n’en avait pas été prévu) et les hommes grelottaient dans leurs tenues d’été souvent en mauvais état. Ney forçait les officiers survivants de son état-major à l’imiter, ce qui n’était pas du goût de Jomini.
    Le troisième corps demeura deux jours à Smolensk, en éventail défensif autour de la ville, pour permettre aux autres formations de gagner un peu de temps. Il n’en repartit que le 17 novembre, mais alors un piège, sans qu’il le sût, s’était refermé devant lui. Koutousov avait dit à son entourage : « Pourvu que je ramène l’ennemi ruiné à la Bérézina, ma tâche sera remplie. »
    Dans son esprit, il estimait que l’armée russe n’avait pas à poursuivre les Français en Allemagne et plus loin encore. Mais il saisissait, à la manière dont tournaient les événements, que ceux-ci dépassaient ses espérances les plus folles. Il jugeait néanmoins hors de ses possibilités de capturer la totalité de l’armée française, si affaiblie fût-elle. Toutefois il entrevit l’aubaine de forcer son arrière-garde à capituler et son prestigieux chef avec elle.
    Pour réaliser ce dessein et empêcher Napoléon de se porter au secours du troisième corps, il tendit un rideau de troupes face au gros de l’armée française et forma le bouchon de Krasnoïe pour bloquer sa proie. Sur ordre exprès de l’empereur, Ney, on le sait, était demeuré deux jours devant Smolensk. Ce fut un de trop. Davout l’avait prévenu que la route empruntant le défilé de Krasnoïe, qu’avait suivie la majorité de l’armée, serait coupée s’il ne se hâtait pas. Mais les instructions qu’avait reçues Ney étaient formelles. Lorsque le 18 novembre, par un brouillard épais, le duc d’Elchingen qui avançait assez lentement arriva à hauteur du ravin de Krasnoïe, il découvrit que la crête qui le bordait était tenue par les troupes de Miloradovitch.
    Ce général russe n’était pas un grand stratège. Mais il avait sous ses ordres quarante mille hommes et occupait une position dominante assez forte. Il déploya son infanterie en profondeur sur trois lignes et attendit les Français de pied ferme, sans même songer à manoeuvrer. Contrairement à ce que d’aucuns ont écrit, il ne disposait pas d’une artillerie importante, car les attelages des Russes avaient été décimés par le froid autant que ceux des Français.
    Ney devait faire sauter ce verrou, c’est-à-dire, suivant l’expression en usage à l’époque, « passer sur le ventre » des Russes. Il s’y employa toute la journée, renouvelant ses attaques. Lui-même ne possédait plus qu’une douzaine de canons et fort peu de munitions. Il réussit à franchir, sans vraiment les entamer, deux des lignes russes, mais ses forces étaient trop faibles et échouèrent devant la troisième. Il revint alors sur sa base de départ. Ce fut le moment que choisit Miloradovitch pour le sommer de se rendre, ce à quoi Ney répondit avec hauteur : « Un maréchal d’empire ne se rend point. On ne parlemente point sous le feu et je suis assez fort pour me défendre contre l’armée russe. » Et il poussa l’insolence jusqu’à garder prisonnier le parlementaire de Miloradovitch sous prétexte qu’il avait pu examiner de près ses régiments, ce qui en faisait un espion.
    De son côté, Miloradovitch montrait

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