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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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utilité à le troquer contre du ravitaillement. Mieux, lorsque les officiers les y avaient contraints, ils se hâtaient de vider leurs sacs et d’y recharger leur butin dès que les chefs avaient le dos tourné. Ney était très mécontent de cet état d’esprit, mais dut avouer à Jomini son impuissance à le combattre.
    Cependant, malgré l’impatience grandissante du maréchal, Napoléon ne se décidait pas à partir. Bien mieux, pour mettre en évidence la vaillance du troisième corps et de son chef, il fit organiser une revue de ses unités le 18 octobre dans l’enceinte du Kremlin. Ses trois divisions d’infanterie comptaient à présent à peine douze mille hommes, soit des effectifs inférieurs à ce qu’avait été le sixième deux ans auparavant. Cette parade, sans réelle signification, représentait une fatigue supplémentaire pour des soldats déjà exténués. Ney ne put faire revenir l’empereur sur sa décision. La cérémonie était à peine commencée que survint un officier d’état-major, porteur d’une grave nouvelle.
    L’avant-garde de l’armée commandée par Murat avait pris position autour du village de Winkowo, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Moscou, au contact direct des avant-postes russes. Une sorte de trêve, par consentement mutuel, régnait entre les deux armées. Brusquement le 18 octobre, les Russes rompant le statu quo attaquèrent et tentèrent d’encercler les Français, espérant même capturer Murat. Mais celui-ci réagit avec promptitude et réussit sans perdre de monde à rallier le gros de l’armée. Il avait toutefois pu noter que Koutousov, par un mouvement latéral autour de Moscou, cherchait à se faufiler entre les Français et la Pologne, barrant ainsi la route à une retraite. Napoléon l’avait deviné. Il ne voulut pas affoler son monde, mais, la parade terminée, il confia à Ney : « Nous partons. »
    L’armée entama donc son périple par la route du sud. En cette seconde moitié d’octobre, s’il commençait à fraîchir, le temps était encore beau. Le corps de Ney n’avait aucune mission particulière et l’arrière-garde avait été confiée à Davout qui, avec un soin scrupuleux, exécutait les ordres de tout incendier derrière lui. Au bout de six jours, le 24 octobre, on arriva au village de Malojaroslavetz, où l’armée russe en état de bataille barra le chemin. Toute la journée, les Français tentèrent en vain de forcer le passage. D’ailleurs Napoléon, malgré les supplications de Murat et de Ney, se montrait hésitant. Brusquement, il décida d’obliquer vers le nord et de reprendre la route par laquelle il était venu. Or, sur ce parcours où tout était dévasté, il ne trouverait rien pour nourrir ses hommes. Il accepta le risque. Koutousov avait gagné et désormais allait s’attacher à suivre pas à pas les Français dans leur repli.
    Le froid commençait à s’installer et le chemin vers Smolensk devint un calvaire. Le 2 novembre, Davout annonça, au cours d’un affrontement violent avec Napoléon, qu’il n’était plus en état d’assurer la fonction d’arrière-garde. Ce fut donc le corps de Ney qui reçut cette responsabilité. Il n’était pas en meilleur état que les autres, mais on savait que ce type d’opération était devenu une des spécialités du maréchal. Dès le lendemain, celui-ci eut l’occasion de montrer ses talents.
    Au matin du 3, un épais brouillard recouvrait la contrée, rendant la visibilité nulle. Lorsqu’il se leva, une fusillade éclata. Les colonnes russes marchaient parallèlement au corps de Ney, avec l’intention de le déborder. Mais le maréchal déploya ses régiments en échiquier et, par un feu soutenu, contint l’ennemi dont il était séparé par une petite rivière, le forçant à ouvrir son dispositif. Ainsi positionné, il put tout en reculant continuer à ralentir la progression des Russes. Puis il traversa Viasma sans encombre et rejoignit l’armée.
    Le harcèlement des forces russes ne cessait pas. Un peu plus tard, à Dorogobuge, Ney décida de renouveler la manoeuvre qu’il avait réussie à Viasma, mais ses adjoints le convainquirent de ne pas laisser s’élargir les intervalles avec le principal de nos troupes. Le duc d’Elchingen avertit Napoléon que la situation s’aggravait et qu’il ne pourrait continuer longtemps à jouer ce rôle de bouclier. Mais l’empereur lui répondit en demandant de tenir (avec quoi ?) afin de

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