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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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une prudence extrême et n’osait passer à l’attaque. Pour justifier sa timidité et son immobilisme, il prétendit qu’après une nuit passée en plein air dans le froid, les Français déposeraient le lendemain les armes et que la sagesse commandait d’attendre. C’est ce qu’il fit.
    Or, à ce moment, Ney pensait si peu à se rendre qu’il échafaudait un plan pour échapper par la ruse. L’idée était de traverser le Dniepr qui devait être gelé... et, s’il ne l’était pas, de le franchir en sautant de glaçon en glaçon ! Pour mieux tromper les Russes et aussi pour lutter contre le froid, Ney fît allumer des feux de bivouac, ce qui acheva d’ancrer Miloradovitch dans ses certitudes. Pendant ce temps, un officier polonais avait découvert un chemin qui à travers bois contournait la position ennemie et conduisait au Dniepr. Ney qui dans un premier temps avait pensé faire un crochet par le sud se rallia à l’idée émise par un colonel de franchir immédiatement le fleuve. Dans le plus grand silence, les débris du troisième corps gagnèrent la rive. Là, le maréchal fut obligé de constater à regret qu’il allait falloir abandonner tout le matériel et les bagages qu’on avait eu tant de mal à conserver. La glace n’était pas assez épaisse pour les supporter. Il fit donc enclouer ses pièces et la traversée commença. L’opération était périlleuse, mais possible. Ney la dirigea avec son sang-froid habituel. Les pertes par noyade furent minimes et on réussit même à emmener les chevaux survivants. Aussitôt le passage réussi, Ney s’enfonça dans la forêt qui bordait le fleuve, jouissant ainsi d’une certaine tranquillité. Mais celle-ci dura peu. Platov, avec ses cosaques lancés à sa poursuite, ne tarda pas à le harceler, sans parvenir à entamer le bloc des rescapés. Il dut finir par tourner bride.
    Le maréchal erra de la sorte pendant deux jours, parcourant vingt lieues. Le 20, tard dans la nuit, un officier envoyé en éclaireur tomba sur les avant-postes du corps d’Eugène, également à sa recherche, mais sans conviction. Ney, assura cet officier, était tout près. Le 21 novembre enfin, le duc d’Elchingen déboucha sur la ville d’Orcha et retrouva le prince Eugène. Sans se soucier du protocole, ils s’embrassèrent en public, tant était grande la joie du prince. Comme toute l’armée, il croyait Ney mort ou captif. Celui-ci, toujours pince-sans-rire dans les situations dramatiques, se contenta de dire : « Ceux qui reviendront de cette retraite auront les c... attachées avec du fil de fer ! »
    Lorsque le lendemain il rencontra Napoléon, l’empereur, pourtant sombre depuis le début de la retraite, s’exclama avec joie : « Je ne vous attendais plus. » Suivant d’autres versions, il aurait fait remarquer : « J’aurais tout donné pour ne pas vous perdre. » Et il aurait considéré l’événement comme un heureux retournement de situation.
    Lorsque le 19 novembre au matin les Russes constatèrent que les positions françaises étaient désertes et qu’ils avaient disparu, leur stupeur puis leur rage ne connut plus de bornes. L’explication entre Koutousov et Miloradovitch fut orageuse. Mais, comme le constata avec dépit le général en chef russe, l’occasion était manquée et il ne restait plus qu’à reprendre la marche derrière l’armée française.
    La retraite continuait et chaque jour les troupes françaises s’affaiblissaient. La discipline se relâchait au point que les officiers n’étaient plus obéis. Ils étaient même parfois insultés. Nombreux étaient les hommes, surtout d’origine étrangère, qui jetaient leurs armes, s’évanouissaient dans la nature et finissaient massacrés par les paysans. Ney reprit momentanément sa place au milieu des autres corps.
    Le 23, Napoléon tint un nouveau conseil de guerre et y reconnut « que cela devient grave ». Il fut décidé à l’unanimité de poursuivre le mouvement jusqu’au-delà de la frontière. Ce fut ainsi que l’on parvint le 25 novembre sur les bords de la Bérézina qu’il fallait traverser. Ce fut pour constater que des unités russes campaient déjà sur l’autre rive. Or bientôt, à la grande stupeur de Ney puis de Napoléon qu’il avait fait prévenir, ils notèrent que l’ennemi faisait mouvement vers le sud. Le franchissement de la Bérézina devenait donc possible sans difficultés majeures. Restait à y lancer des ponts, ce qui, en

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