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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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énormes. C’est ce que lui firent valoir avec insistance les maréchaux, lorsqu’il leur fit part de sa détermination, le 5 décembre, au bivouac de Smorgony. Et ce qu’ils lui dirent avec tact et diplomatie, ils ne se cachèrent pas pour le crier bien haut dès qu’il eut le dos tourné. Pour le remplacer, Napoléon désigna Murat. A l’inverse de nombre de ses camarades qui s’abandonnaient au désespoir, le roi de Naples conservait toute sa lucidité.
    Celui-ci prit sur lui d’accélérer la retraite pour passer le plus rapidement possible la frontière. Il confia encore à Ney l’arrière-garde, et son travail s’y trouva de plus en plus difficile, car les effectifs continuaient à fondre. Il ne restait qu’un peu plus de deux mille hommes. Un parti de cosaques réussit à s’infiltrer entre le troisième corps et le reste de l’armée, mais Ney, qui par moments faisait le coup de feu comme le dernier des fusillés (c’est le motif d’un tableau d’Yvon), réussit à les bousculer et à passer. A cet épisode, en exagérant beaucoup, Victor Hugo fera référence en écrivant :
    « Ney... s’évadant disputait sa montre à trois cosaques. »
    Le 8 décembre, les Français entrèrent à Vilna. Les magasins avaient été réapprovisionnés depuis juin, mais, par suite du manque de discipline, les distributions tournèrent rapidement au pillage. Une grande partie de la nourriture fut perdue. Davout et Berthier recommandèrent de s’arrêter pour accorder un peu de repos aux hommes, mais Murat, soutenu par Ney, s’y refusa. « La ville est entourée de collines, je ne veux pas me laisser prendre dans ce pot de chambre », déclara le roi de Naples. Il avait raison. À peine la place évacuée, les Russes tentèrent d’y entrer. Ney, qui avait couru avec les officiers de son état-major pour ramasser les soldats, les armer et les forcer à regagner leurs formations, repoussa encore cette tentative. Il ne sortit de Vilna que le 10. Un peu plus loin, sur un chemin montant, verglacé, il fallut laisser les dernières voitures qui contenaient ce qui restait du trésor de l’armée. Plutôt que de l’abandonner à l’ennemi, Ney le livra à ses soldats. Nouvelle scène de pillage ! Les hommes se disputèrent les sacs d’or et, les trouvant trop lourds, finirent par les jeter dans la neige.
    Deux jours plus tard, Ney arrivait enfin à Kovno. Murat l’y attendait et lui demanda de tenir encore deux jours. Officiellement, c’était pour permettre d’évacuer blessés et malades. En réalité, le roi de Naples avait un plan. On allait enfin arrêter cette retraite et reprendre l’offensive, non pas pour retourner à Moscou, mais pour infliger une raclée aux Russes. Ce n’étaient pas des paroles en l’air. Les 7 e et 11 e corps, aux ordres respectifs du général Reynier et du maréchal Augereau, étaient en Prusse, à effectifs complets. De plus, deux parcs d’artillerie opérationnels se trouvaient à Koenigsberg et à Varsovie. C’était relativement peu, mais, face à l’armée russe aussi épuisée que son adversaire, l’ensemble représentait une puissance impressionnante. Après avoir hésité, Berthier reconnut que l’opération était tentable.
    Ney, pour sa part, comprit immédiatement le langage de Murat : reprendre l’offensive ! Ces termes avaient pour lui un sens précis et il promit de tenir dans Kovno les deux jours demandés. Ce fut un combat héroïque. Sentant leur proie leur échapper, les Russes redoublaient d’agressivité et les derniers soldats de Ney de pugnacité. Ce ne fut qu’après avoir laissé derrière lui un tas de ruines, fait sauter les dernières munitions et encloué les dernières pièces, que Ney traversa le Niémen. Il était enfin en Prusse. Il y tomba sur des cosaques qui avaient passé le fleuve sur la glace, mais songeaient surtout à piller. Les faibles forces que conservait le duc d’Elchingen les dispersèrent avec une facilité qu’elles n’avaient pas connue les derniers jours. On poursuivit la route.
    Le 15 décembre, le général Dumas, qui déjeunait chez un médecin à Gumbinnen, vit entrer brusquement dans la salle à manger une espèce de grand escogriffe d’une propreté douteuse, pas rasé, au visage tanné, aux cheveux en broussaille. Il allait donner l’ordre de le jeter dehors quand l’individu l’interpella : « Eh quoi, Dumas, vous ne me reconnaissez pas ? Je suis l’arrière-garde de la Grande Armée ! Je

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