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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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fonctions de chef d’état-major. Celui-ci ne lui cacha pas la précarité de la situation. Aussi Joubert pria-t-il Moreau de demeurer quelques jours à ses côtés comme conseiller. Le nouveau commandant en chef eut dès le départ un comportement curieux. Il décida d’avoir, pour le seconder, deux chefs d’état-major : Suchet qui remplirait les fonctions de l’officier désigné pour ce rôle et l’adjudant général Préval qui serait son « chef d’état-major de bataille » et se tiendrait à sa disposition pendant les combats, tandis que Suchet demeurerait plus en arrière mais aurait une vue d’ensemble lui permettant d’exercer un contrôle sur la totalité de l’armée. Ces étonnantes dispositions, tout à fait nouvelles, ne manquèrent pas de déconcerter quelque peu tous les généraux.
    Les armées de la coalition étaient toujours deux à trois fois plus nombreuses que celle que commandait Joubert. La sagesse aurait voulu qu’il poursuivît la stratégie temporisatrice de Moreau. À ce moment, les Autrichiens avaient imaginé de faire passer l’armée russe commandée par Souvorov en Allemagne et de faire descendre à sa place celle de l’archiduc Charles. Les Russes se comportaient en effet comme en pays conquis, ce qui, avec eux, voulait dire quelque chose ! Mais avant de réaliser cette permutation qui devait obligatoirement se réaliser en traversant la Suisse, Souvorov pensait qu’il serait bon d’en finir avec l’armée française d’Italie. Il prit donc toutes ses dispositions pour offrir la bataille.
    Joubert était hésitant sur la conduite à tenir, partagé entre le désir de poursuivre la stratégie de Moreau et celui de gagner une grande bataille, puis d’en profiter pour bénéficier du succès du coup d’État qui suivrait à Paris. Il avait, du reste, le 13 août, à Acqui, remporté un net succès contre les Autrichiens de Bellegarde. Il réunit donc un conseil de guerre, le 14 août, afin de demander leur avis aux généraux qui y participèrent.
    Gouvion-Saint-Cyr, qui parla le premier, expliqua, en bon tacticien qu’il était, que livrer cette bataille n’aurait aucun sens en cas de victoire, la nature du terrain n’en permettant pas l’exploitation par la cavalerie. Il se déclara donc contre. Quoique pour des motifs différents, Moreau fut du même avis. Pérignon et Dessolles se rangèrent à ses côtés. Restait Suchet. En tant que chef d’état-major général, il aurait dû soutenir le point de vue de son patron. Or, il se rallia aux autres généraux et déclara qu’il fallait à tout prix éviter d’engager cette bataille et attendre les renforts que Championnet était en route pour amener.
    Joubert se livra alors à une véritable comédie devant ses subordonnés, se lamentant sur les trop grandes responsabilités qui lui incombaient, rappelant les promesses qu’il aurait faites au Directoire, et finissant à la surprise générale par décider d’accepter le lendemain l’affrontement, tout en reconnaissant que, d’un point de vue strictement militaire, les membres du conseil avaient raison.
    Les forces en présence, on l’a déjà vu, n’étaient pas égales. Toutefois, les Français allaient réussir à résister pendant douze heures aux assauts de leurs adversaires. Joubert fut tué dès le début de la bataille. Une légende tenace a longtemps voulu qu’il ait été assassiné par des séides de Bonaparte qui voulaient débarrasser celui-ci d’un rival potentiel. Elle ne repose sur rien. À ce moment, ce n’était pas Suchet mais Préval qui se trouvait à ses côtés. Il prévint immédiatement Suchet au quartier général et ce dernier se hâta de faire alerter Moreau qui commandait le centre, en lui demandant de venir prendre en main l’armée. Mais Moreau, qui, à ce moment, était l’objet d’une formidable pression de la part de l’armée russe, lui fit dire qu’il ne pouvait pas en cet instant abandonner son poste, lui laissant en quelque sorte la responsabilité de l’armée, ce pour quoi Suchet n’avait pas qualité. Il se contenta donc d’avertir Gouvion-Saint-Cyr qui commandait l’aile droite et Pérignon l’aile gauche, chacun étant prié de mener l’action pour son compte. Suchet se borna à assurer autant qu’il le put la coordination entre les trois corps d’armée et l’armée française fut privée de commandant en chef pendant presque toute la bataille. Moreau et Gouvion-Saint-Cyr, tous deux

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