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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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il se consacra à la préparation de son coup d’État qui, s’il n’eut tenu qu’à lui, eut lamentablement échoué. Durant cette période, Championnet et Suchet, naïfs et pleins d’illusions, lui écrivirent pour se mettre à sa disposition lorsqu’il reviendrait prendre la tête de l’armée d’Italie : « Nous brûlons ici de vous revoir, de vous aider… » Bonaparte, qui avait d’autres projets en tête, dut sourire en lisant ces documents.
    Cependant, l’armée d’Italie, bien que reprise en main par le tandem Championnet-Suchet, continuait à se débattre dans la plus affreuse des misères. De plus, la population civile de Ligurie, elle aussi à moitié morte de faim, était au bord de la révolte et l’insécurité régnait partout.
    **
    Le coup d’État du 18 Brumaire fut plutôt bien accueilli à l’armée d’Italie où Bonaparte était encore populaire. Ce ne fut pas le cas partout. Le Premier consul sut très vite dans quel état de misère se trouvait son ancienne armée et prit immédiatement des mesures pour y remédier au moins partiellement. Le nouveau ministre de la Guerre, qui n’était autre que Berthier, reçut des instructions en conséquence. Mais, pendant ce temps, les places encore occupées par les Français en Italie capitulaient les unes après les autres. Heureusement, le commandant en chef de l’armée autrichienne, le maréchal Melas, homme assez âgé et fatigué, ne se hâtait point de s’attaquer à son adversaire qui tenait toujours Gênes et la côte jusqu’à la France.
    Le 29 novembre, Championnet, qui avait démissionné de son poste, le jugeant intenable, et qui maintenait son désir de changement, fut remplacé par Masséna, le vainqueur de Zurich. Celui-ci, qui savait à quoi s’en tenir sur l’état de sa nouvelle armée, déclara à son entourage : « Un beau fichu cadeau qui m’est fait là ! » car il avait son franc-parler. Mais il était toujours à Paris. Il ne voulut pas en partir avant de s’être assuré que les promesses qu’on lui faisait seraient tenues. Il obtint qu’on lui donnât pour le seconder les généraux Soult, Mesnard, Gazan et Reille. Il se dépêcha de les expédier sur place. Anciens soldats du roi ou purs produits de la Révolution, ils connaissaient leur métier et se mirent au travail pour reprendre en main ces demi-brigades qui se désagrégeaient ou même, parfois, se révoltaient. Sur le conseil de Berthier qui tenait l’avis de Bonaparte, Masséna envoya également l’adjudant général Degiovani pour prendre les fonctions de chef d’état-major général à la place de Suchet. Ce dernier, à ce moment, n’était pas en faveur auprès de Bonaparte qui lui reprochait de ne pas l’avoir suivi en Égypte.
    De son côté, Suchet, sans savoir qu’il était relevé, écrivait au ministre pour demander un congé car l’ampleur de sa tâche était telle qu’il se sentait à bout de forces. Il allait jusqu’à proposer que son camarade le général Vignolles le remplaçât au pied levé. Il avait également à ses côtés Préval, le chef d’état-major « de bataille » de Joubert, mais il n’avait que vingt-cinq ans et Suchet le jugeait encore un peu jeune pour lui confier de telles responsabilités.
    En décembre, la nouvelle équipe n’était toujours pas arrivée. Par contre, la situation matérielle s’était plutôt améliorée et de ce seul fait les désertions avaient eu tendance à diminuer. À la fin du mois, Championnet tomba malade et ne se sentit plus en état d’exercer son commandement. Sans le savoir, il avait contracté le typhus qui régnait à l’état endémique. Il remit son commandement à Suchet, lui laissant le soin, s’il le jugeait utile, de le transmettre au plus ancien des généraux de division, Marbot.
    Dès le 3 janvier 1800, Suchet avait signé un ordre de service portant à la connaissance de tous les généraux qu’il remettait à Degiovani les attributions de chef d’état-major et qu’il allait partir se reposer en France pendant cinq décades. Il comptait se rendre à Paris voir Bonaparte et Berthier, et faire le point quant à sa situation personnelle. Le 6, le général Marbot prit ses fonctions à titre provisoire sans en être particulièrement enchanté.
    Championnet, qui était allé se soigner à Antibes, y mourut le 9 janvier, encore jeune : il n’avait que trente-sept ans. C’était une grande perte pour la France. À ce moment, Suchet était

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